Macron et l’école du futur : un coup de peinture sur les écuries d’Augias

enfants ordinateurs

Emmanuel Macron l'a annoncé lors d'une visite conjointe avec Pap Ndiaye, la semaine dernière : il veut étendre à tout le système scolaire le concept d'« école du futur », déjà expérimenté ici ou là, à Marseille par exemple. Marseille, c'est comme la Seine-Saint-Denis avec la mer. Or, la Seine-Saint-Denis, le Président l'a dit, c'est la Californie sans la mer. Conclusion imparable, que l'on devine en creux : Marseille, c'est la Californie.

Au menu, donc, de ces élèves phocéens de la start-up city : des apprentissages nouveaux, ludiques, destinés à mettre en valeur des façons originales d'apprendre le calcul, par exemple ; des directeurs d'école qui pourront choisir leur équipe éducative ; un système d'évaluation des professeurs par les élèves... il ne manquerait décidément à ce nouveau « FabLab », à la fois disruptif, horizontal et impitoyable, que l'on croirait donc tout droit sorti de la Silicon Valley, que quelques menus détails pour devenir l'incubateur des génies de demain : que ce système fût un incubateur et qu'il y ait des génies dans le système scolaire.

Hélas ! Malgré toutes ces déclarations ébouriffantes, la France continue, année après année, de dégringoler au classement PISA. Les élèves ukrainiens, on le sait désormais, trouvent que tout est facile chez nous, surtout les maths. Le bac ne signifie plus rien. 25 % des élèves de sixième sont illettrés et les erreurs grossières émaillent les copies de master. Le politologue Guillaume Bigot rappelle cruellement, ce mercredi sur CNews, que cette dégringolade va s'accompagner, dans l'école du futur, d'une course démagogique à l'attention. Les élèves ne se concentrant plus mais notant les profs, ces derniers vont devoir rivaliser d'ingéniosité pour les séduire, au détriment de l'enseignement proprement dit.

https://twitter.com/Guillaume_Bigot/status/1533902264234033153?s=20&t=BRuRYfSVqDXfXSnmInQACw

L'Éducation nationale produit de petits citoyens conscients de leurs droits, qui s'alarment pour le climat mais risquent de devenir les plus incultes d'Europe. Des señoritos satisfaits, dirait Ortega y Gasset. Des señoritas et señoritos satisfait.e.s, corrigerait Sandrine Rousseau. Ce sont les écuries d'Augias. Il faut les nettoyer, en profondeur, de leur nullité intellectuelle, de leur bourrage de crâne, de leur lâcheté devant le communautarisme, pas les repeindre.

Au fait, en parlant de la Californie, savez-vous que la plupart des enfants des patrons de start-up de la côte ouest, à commencer par ceux des GAFAM, n'ont pas d'écrans chez eux, utilisent des méthodes pédagogiques traditionnelles et lisent des classiques ? La technologie, c'est pour les gogos, pour le peuple. Pour éduquer les élites, on n'a pas encore remplacé la discipline et les livres. Amusant, non ?

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

37 commentaires

  1. Un principal de collège me définissait sans rire il y a 20 ans l’école du futur comme la suppression de l’école et des profs, puisqu’il existait internet ! Chacun sait combien notre jeunesse est capable, avec intelligence, finesse, et QI de 130 de s’instruire par elle-même…Blanquer proposait de payer les élèves absentéistes pour aller en classe ! Voilà les innovations que proposent les caciques au pouvoir !

  2. Les enfants issus de l’immigration d’origine africaine trouvant tout trop difficile dans nos écoles, on a résolu la question de façon égalitaire, en baissant le niveau général de l’éducation nationale.
    Rien d’étonnant à ce que les enfants issus de l’immigration européenne, provenant de pays préservés de l’immigration africaine, trouvent tout facile chez nous.
    Les victimes étant, bien entendu, nos enfants.

  3. des directeurs d’école qui pourront choisir leur équipe éducative ; un système d’évaluation des professeurs par les élèves…
    Faut-il en déduire que, in fine, ce sont les élèves qui choisiront leurs professeurs?
    De toutes façons, resteront des programmes indigents construits sur les idéologies du moment…

  4. Excellent .Je ne crois pas aux apprentissages ludiques .
    Les écrans sont nocifs on le sait ….Je crains que l’école du futur ne soit pas vraiment meilleure pour apprendre …

  5. C’est la grande réussite. Abetir tout un peuple afin de le rendre servile.
    Le COVID, la guerre d’Ukraine, la variole etc. Quelles grandes réussites!

  6. On comprend qu’il y ait de moins en moins de prétendants à l’éducation nationale – ce qui était une vocation , un honneur devient une galère qui mène inéxorablement le pays à sa faillite intellectuelle.

    • Début 1960, c’était un honneur que de rejoindre l’Ecole Normale avec pour projet de participer à l’éducation des Jeunes du Pays ; désormais c’est une sinécure avec tous ces nullards destructeurs qui se sont succédés aux commandes de l’Education Nationale. Voilà pourquoi il est urgent de « revenir en arrière » d’un bon demi siècle !

    • J’ ai enseigné au siècle dernier et j’ ai gardé un souvenir excellent de cette époque où le français était ,pour les élèves ,une source jamais tarie de plaisirs intellectuels!
      Je pense que cette déchéance est programmée :un peuple inculte est plus facile à gouverner.
      Nous en avons des preuves tous les jours!

  7. En conférence dans un lycée professionnel,j’ai pu remarquer le décalage profond entre mon école et celle d’aujourd’hui. Irrespect des enseignants qui passent leur temps à faire la police, vocabulaire pauvre et accros au smartphone. Je n’ose imaginer l’école dans 30 ans.

  8. Le nouveau ministre de la rééducation n’a plus qu’à se mettre au travail. Mais il n’aura pas beaucoup d’efforts à faire tant le processus de destruction est avancé.

  9. Guillaume Bigaut se trompe : le Ministère qui a remplacé l’Instruction Publique se nomme désormais Education Nationale . Il ne s’agit plus en effet de transmettre un savoir mais de dispenser une idéologie républicaine qui dispense de tout savoir. Consolons nous : l’E.N. nationale est tombée si bas qu’il n’y a plus de descente possible au classement mondial et se trouve désormais en progression négative.

  10. Encore un petit effort, monsieur Macron et le sachant va devenir apprenant comme on les appelle depuis cette année fatidique (mai 68) qui a vu la dégringolade vertigineuse de « l’éducation » nationale devenue « inclusion totale de la nullité »

  11. Ceci semble sonner la fin de Monsieur l’instituteur! Qui l’a chercher ? Un peu tout le monde, parents irresponsables, enseignants frileux et démagos, politicards incapables,élèves mal élevés qui ont tous droits…

  12. Nous avons enseigné nos enfants a domicile. Ils sont tous surqualifiés comparé aux francais et américains. Ils ont des master, travaillent a Monaco, New York et Shanghai. Nous le referrons avec nos petits enfants s’il le faut.

  13. Macron applique toujours les méthodes du passé qui ont fait leur preuves; avec l’Education Nationale dont il fait baisser le niveau avec délectation, nous pouvons comprendre cette vérité : moins les gens sont instruits, plus il est facile de les diriger; nous pouvons rajouter sans prendre le risque de nous tromper : plus il est facile de leur faire prendre des lanternes pour des vessies. et ce bon peuple qui croit toujours que Macron oeuvre pour son bien.

  14. J’avais ainsi découvert en fin d’année scolaire la méthode pour enfin être un professeur populaire et apprécié des élèves : proposer à une classe de terminale technologique de relier des points numérotés (jeux pris dans des magazines pour enfants) plutôt que de chercher d’ennuyeux exercices de maths. Ce qui n’a en plus nullement empêché des notes convenables à l’épreuve du Bac, dont le niveau était naturellement prévu pour ne stigmatiser personne …

  15. Et  » dégraisser le mamouth »! Au fait, il est o , pense quoi, l’ancien ministre qui a échoué ? c’était il y a 28 ans, non ?

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