Macron : le saint déni !

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Cette rencontre aurait pu se passer à la basilique de Saint-Denis. Le lieu de sépulture des rois de France n’était sans doute pas le plus adapté pour recevoir Jupiter. C’est donc dans l’enceinte de la Maison d'éducation de la Légion d’Honneur que le président de la République a reçu Éric Ciotti (LR), Jordan Bardella (RN), Olivier Faure (PS), Fabien Roussel (PCF), Marine Tondelier (EELV) et Manuel Bompard (LFI). Les échanges commencés à 17 h se sont poursuivis jusqu’à 3 h du matin. Et le moins que l’on puisse écrire, c’est que le chef de l’État n’a pas rallié les oppositions à ses vues. Du côté de la majorité, on loue l’initiative et les résultats. Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, se montrait ainsi très enthousiaste sur France Info, ce jeudi matin : « Quelque chose s’est passé hier qui pourrait bien marquer l’histoire politique, voire démocratique, de notre pays. Douze heures de discussions entre des forces politiques qui d'habitude ne se parlent pas et ne s'écoutent pas. C'est aussi cela, faire nation. » Dans la salle qui voit habituellement se dérouler les conseils de classes distribuant sanctions ou félicitations aux élèves méritants et aux cancres, Emmanuel Macron a donc dialogué avec les uns et les autres, dans l’espoir avoué de « se rassembler sans se renier ». Pari gagné ? Si les experts, à commencer par l’éditorialiste politique Matthieu Croissendau, saluent un succès « sur la forme », la question reste entière sur la concrétisation de tels échanges.

La gauche déçue, la droite attend...

À l’issue de cette réunion, la NUPES, venue avec pléthore de propositions portant notamment sur le social, est ressortie dubitative. « On est venu, on a vu et on a été déçu », a déclaré Marine Tondelier, leader d'EELV, aux côtés du Premier secrétaire du PS Olivier Faure et du coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard. Le patron des socialistes, qui craignait avant d’entrer en réunion d’avoir à  « tenir la chandelle pendant un date entre Éric Ciotti et Emmanuel Macron », est sorti dans le même état d’esprit : « N’espérez rien des mesures qui pourraient être prises », a averti le Premier secrétaire du Parti socialiste, dans une courte vidéo postée ce jeudi matin. « L'initiative "d'ampleur" fait pschitt »tweete, pour sa part, le député Alexis Corbière (LFI). D’autant que si Emmanuel Macron a préparé cette réunion en appelant Éric Ciotti et Jordan Bardella, il n’a pas pris la peine de contacter les chefs de la NUPES. Les patrons de LR et du RN partageaient, en effet, un dossier brûlant dans cette rencontre : l’immigration. Éric Ciotti a axé sa demande sur l’abandon de l’accélération de l’immigration de travail concernant les métiers en tension - dispositif prévu dans la loi à venir pilotée par Gérald Darmanin et Olivier Dussopt. Le patron de la rue de Vaugirard a également exigé la tenue d’un référendum sur le sujet. « Et ce sont les deux seuls à avoir été appelés », souffle un cadre du RN, qui y voit un signe encourageant. Toutefois, Jordan Bardella tout comme Éric Ciotti sont sortis « sceptiques » de cette réunion au sommet. « Sans se faire d’illusion sur l’issue de cette nouvelle initiative présidentielle, [...], Jordan Bardella a défendu les mesures que le Rassemblement national propose pour améliorer le quotidien de nos compatriotes », a publié le RN, dans un communiqué de presse.

Alors, y aura-t-il un référendum sur l’immigration en juin 2024, « le même jour que les élections européennes », comme le demande Bardella ? Cela paraît peu probable. Car comme le rappelle Olivier Véran, un référendum à question unique pourrait se transformer en « vote sanction » contre le gouvernement. Une manière de dire que l’impopularité du chef de l’État est prise en compte au sein de l’exécutif.

Une « funeste connerie »

On se rappelle Richard Ferrand, ancien président de l’Assemblée nationale, appelant de ses vœux un troisième quinquennat d’Emmanuel Macron dans les colonnes du Figaro et la tornade médiatique qui en a découlé. De fait, mettant de l’eau dans le moulin de ceux qui n’imaginent pas Emmanuel Macron s’arrêter là, le président a qualifié la limitation de deux mandats successifs de « funeste connerie », d’après une source insoumise que BFM TV a affirmé être en mesure de confirmer.

En bref, si Emmanuel Macron semble n’avoir fermé aucune porte, la multiplication des initiatives présidentielles et autres gadgets tels que la convention citoyenne et le grand débat a largement échaudé les oppositions étonnamment attentistes et prudentes. Pas de fumée blanche à l’issue de ce conclave qui, tranchant avec celui se déroulant au Vatican, n’avait de toute façon pas vocation à élire un nouveau pontife.

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

52 commentaires

  1. Vini, Vidi, mais pas vici, voilà comment résumer le déplacement de « l’opposition faite à Macron » !!

  2. Qu’il y ait eu des « opposants » pour aller à son simulacre de concertation, ca en dit déja long sur la nature et le manque de virulence des opposants en France. Tout d’un coup, Sa Majesté s’apercoit qu’il y a grand émoi dans le royaume de France et convoque ses états généraux pour prendre le pouls du Tiers Etat dans une séance qui finit à 3h du matin pour faire croire qu’on a décidé fièvreusement du sort du pays … On ferait mieux de travailler à des heures normales (et de voter à des heures normales à l’Assemblée Nationale) pour décider des choses sensées à tête reposée ! La France mérite mieux que cette mise en scène brouillonne à l’usage des imbéciles.

  3. Après les « GJ », la « gestion sanitaire » de la covid, la « loi retraite », les « émeutes » et absolument TOUT LE RESTE, les « élus du peuple » continuent à se soumettre au « plaisir du roi » ! …

    Qui peut encore croire à ce « Président-des -cercueils » et « en même temps » à la capacité de ces coucous politicards pour protéger la FRANCE et les français ? … La FRANCE est vraiment mal « barrée » … dans tous les sens du terme ! …

  4. Que ce soit du côté de la presse, du gouvernement ou de celui des oppositions, tout le monde, avant que la réunion ne commence, avait déjà préparé la déclaration qui serait faite à la sortie. Évidemment, il ne sortira absolument rien de cette rencontre dont aucun participant n’attendait le moindre résultat. A vrai dire, personne n’a envie ni ne peut trouver intérêt à collaborer avec un Macron autant haï ici que discrédité sur la scène internationale.

  5. « …Douze heures de discussions entre des forces politiques qui d’habitude ne se parlent pas et ne s’écoutent pas. C’est aussi cela, faire nation » : c’était donc ça le grand projet de M. Macron de prendre à la rentrée une décision qui fera nation ? C’est au sein même du siège de la représentation nationale, à l’Assemblée Nationale, que la nation devrait se faire : les députés s’écoutant et échangeant sans brouhaha et invective, la première ministre et les ministres écoutant et échangeant avec les députés intervenants sans les invectiver.

  6. La seule « funeste connerie » est celle de l’avoir réélu ! Pour le reste, il ne pourra pas dire qu’il n’était pas au courant …

  7. Un troisième quinquennat ? Qu’il termine déjà le deuxième ! Quant au « social », avec 3000 milliards de dette publique, des budgets systématiquement en déficit depuis des décennies, une situation économique cauchemardesque et l’état de notre pays où tout part en vrille, il faudrait peut-être commencer à revoir tout ça à la baisse et revoir les priorités, n’en déplaise à la gauche.

  8. Ben, selon le proverbe du chat échaudé, on pouvait s’y attendre. A part quelques uns qui font monter les enchères avant de le rejoindre, par exemple les « républicains », en ce qui concerne les autres, les ralliements, risquent d’être maigres

  9. Qu’allait faire le RN dans cette mascarade. Ils se sont pas encore rendu compte que ce macron n’est qu’un vulgaire clown dont la seule ambition est de détruire la France puisqu’il a été mis là pour ça. Il n’y a rien à attendre de cet individu sinon le pire.

    • C’était, c’est vrai, une belle mascarade mais, pour autant ne fallait-il pas au RN aller dire à M. Macron ce qu’il avait à lui dire ? Et obtenir, peut-être une réponse intelligente ? Vous souvenez-vous de la dernière campagne des présidentielles pendant laquelle M. Macron n’a pas voulu dévoiler son programme et n’a pas voulu débattre avec quiconque avant les résultats du premier tour, préférant publier de longs articles dans la presse mainstream. Parodie de démocratie : compte tenu de l’orientation politique de ces journaux, seuls leurs électeurs habituels et déjà positionnés qui les ont lus, c’est-à-dire les électeurs de LR et de Renaissance essentiellement. Cette mascarade vous aurait-elle échappée ?

  10.  » …qui pourrait marquer l’histoire politique, voire démocratique… ». Ils n’ont vraiment honte de rien !

  11. Les représentants de l’opposition sont étonnamment calmes, comme anesthésiés. L’énième opération d’enfumage macronien semble bien fonctionner. Où sont les protestations et crtiques de cet exercice ridicule?

  12. Les oppositions sont prises à leur propre piège de s’être rendu à cette sauterie.
    macron ne répondant pas à leur attente et semblant vouloir gagner du temps, ils n’ont plus qu’une solution: LA DESTITUTION !

  13. Non, pas de fumée blanche, ça ne risque pas.
    Par contre rien que de la fumée, puisque ça fait 6 ans qu’il nous enfume et qu’on en redemande.

    Encore un bon gros coup de comm’, coutumier du fait. Il nous prépare juste à ce qui nous attend pour 2024.

  14. Le bonimenteur était en manque Je ris , mais je ris…mais si les convoqués n’y avaient pas été que n’aurait-on pas entendu des médias . Et en plus il téléphone a Ciotti et Bardella et pas à la NUPÈS. Quelle outrecuidance !

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