Macron-Lula : quand le mondialiste français rencontre un Brésilien patriote

macron Lula

Depuis ce mardi 26 mars, Emmanuel Macron est en visite officielle au Brésil pour trois jours à l'occasion d'un G20. Son homologue, Luiz Inácio Lula da Silva, l’y attend de pied ferme. Paris et Brasilia renouent un dialogue interrompu lors du mandat du prédécesseur de Lula, le populiste Jair Bolsonaro.

Du temps de ce dernier, la politique brésilienne était simple, puisque alignée sur celle de la Maison-Blanche. Avec son successeur – qui fut naguère son prédécesseur –, c’est autrement plus complexe. En effet, le président Lula entend faire du plus puissant pays d’Amérique latine l’un des fers de lance des BRICS, vaste ensemble fondé par le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine auxquels ont, depuis, adhéré l’Afrique du Sud, l’Égypte, l’Éthiopie, les Émirats arabes unis et l’Iran. On parlera donc désormais de BRICS+ ou de « Sud global ».

Des nations qui refusent la tutelle occidentale, celle des USA et de leurs vassaux : Europe, Commonwealth, Japon, et Corée du Sud, pour ne citer que les principaux. Autant dire que les discussions s’annoncent ardues : le Brésil est un pays de plus en plus souverain, tandis que la France l’est de moins en moins.

Le seul point commun entre les deux hommes ? La préservation de la forêt amazonienne. Premier hiatus : si, pour Emmanuel Macron, il s’agit de se conformer à la doxa écologiste et aux divers traités relatifs au réchauffement climatique, parfois imprudemment signés, il s’agit, pour Luiz Inácio Lula da Silva, de préserver un trésor national et surtout de protéger les peuples dont c’est l’habitat historique et naturel. Ces derniers savent mieux que personne ce qu’est le « Grand Remplacement »…

Mercosur : Lula défend les Brésiliens et Macron pousse les Français à la ruine…

Pour le reste, il y aura évidemment débat sur les fameux accords économiques du Mercosur, entre l’Europe et le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay. Ils ne sont toujours pas signés, grâce à la jacquerie de nos paysans. Là encore, les deux présidents ne sont pas sur la même longueur d’onde : si Lula défend ces accords, c’est parce qu'ils sont bons pour les Brésiliens et les peuples voisins. Macron le fait par pure idéologie libre-échangiste, même s’il sait bien qu’ils sont nuisibles aux intérêts français et européens. Comme si l’un gouvernait pour son pays et l’autre contre.

Mais le gros morceau à venir sera, à l’évidence, le dossier géopolitique. Là encore, Lula entend mener sa propre barque, détacher le Brésil de la tutelle nord-américaine, quitte à s’allier à des pays lointains mais poursuivant le même objectif : un monde multipolaire qui ne soit pas assujetti à ce que certains nomment la « communauté internationale », mais qui n’est jamais rien d’autre que le prête-nom de l’hyper-puissance américaine.

Lula plus gaulliste que Macron ?

Ainsi, Luiz Inácio Lula da Silva se comporte en véritable gaullien, estimant que le Brésil a la puissance nécessaire pour incarner, lui et ses alliés du BRICS+, une alternative diplomatique au nouveau désordre mondial. D’où son refus de condamner la Russie dans sa guerre avec l’Ukraine, estimant qu’en l’occurrence, les torts sont partagés. D’où cet autre refus consistant à s’aligner sur les chancelleries occidentales dans le conflit israélo-palestinien, allant jusqu’à accuser l’État hébreu de perpétrer un « génocide » à Gaza. Un fait demeure : quand le président brésilien parle, c’est le point de vue du Brésil qu’il exprime ; tandis que lorsque Emmanuel Macron donne de la voix, on ne sait jamais s’il s’agit de celle de Paris, de Bruxelles ou de Washington.

À défaut de faire de la politique, nous sommes encore à peu près capables de faire des affaires. La France devrait, ainsi, vendre trois sous-marins et quelques hélicoptères au Brésil : notre savoir-faire en matière d’armement a conservé sa réputation. Mais Emmanuel Macron serait mieux inspiré de se conduire en Président de la France plutôt que comme un simple VRP du catalogue Manufrance. Bref, les Brésiliens ont un président. Nous pas.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

16 commentaires

  1. Notre Séraphin au Brésil. Mon dieu, j’espère qu’il a regardé la météo par TF1 ! 42° à Rio, au bord de l’océan et un « ressenti » à combien, 50 -60, selon la présentatrice? Combien à Brasilia ???? J’espère qu’il a pris des vêtements légers !

  2. Sa Majesté voyage beaucoup… L’Élysée et les autres palais ministériels : un Club Med payé par nos impôts.

    • Il faut bien s’occuper. Son jeu de guerre vidéo est cassé, alors que faire de ces longues journées?…

    • Il arrive sur la fin de son mandat, il en profite… dilapider sur le dos des con-tributeurs il connaît.

  3. « Lula se comporte en véritable Gaullien », trop drôle quand on sait les scandales de corruption qu’il y a eu sous son précédent mandat….et comment tout a été fait pour discréditer Bolsonaro afin qu’il ne se représente pas !

    • exact, ce panégyrique de « Lula » est tout à fait déplacé, n’oublions pas qu’il a été condamné pour corruption et a fait de la prison (pas assez) pour ça. Ce type est l’exemple parfait du socialo corrompu et prêt à tout pour couler ses adversaires politiques.

  4. Voyons, voyons, le Brésil c’est ce pays qui n’est pas en Afrique mais en Amérique du Sud proche de la France séparés de notre pays par le fleuve Oyapock facilement traversé par l’or qui nous est volé depuis des années chez nous en Guyane française où sauf la gendarmerie qui parfois y laisse sa vie, tout nos élus s’en moquent éperdument alors que cet or serait tellement bien venus dans nos finances. Quelle pays qui n’est pas intéressé par l’or.

    • Plutôt que d’en faire l’exploitation pour nos propres intérêts afin d’effacer le gouffre dans lequel nous allons tomber, nos guignols à la manœuvre préfèrent regarder le Brésil nous faire les poches.

  5. Macron reçu en visite officielle au Brésil par Lula, ou quand deux corrompus dansent la Samba !

  6. La réponse au titre est: l’un fait des papouilles à l’autre et lui signe des chèques bien que son pays soit fauché.

  7. Lula « patriote », vous avez dû forcer sur l’alcool!
    Bolsonaro, oui!
    Lula, non!
    Comme aurait dit Bourvil, Lula, c’est plutôt l’eau ferrugineuse!

  8. Hélas, il y a déjà 14 ans que nous n’avons plus de président. À l’Élysée il n’y a qu’un « résident » pas très … catholique !!

  9. Comme tout cela est bien rédigé Nicolas !

    Notre président baigne toujours dans les affaires, la plupart du temps il les détruit pour affaiblir la France, d’autres fois fois il en fait car être le VRP de l’armement flatte son égo surdimentionné, parfois il y patauge et tente de s’en sortir par une pirouette.

    Mais le cirque macroniste va bientôt devoir vendre son chapiteau car il est en faillite et les spectateurs ont quitté le spectacle.

    Alors, depuis chez Lula (qui aime son pays), qu’elles annonces tonitruantes dont il a le secret va-t-il nous faire(llui qui n’aime pas le sien) ?

  10. Historiette passée totalement sous nos radars et soulignant,si le besoin s’en faisait encore sentir, l’art consommé de Macron pour se faire des copains: En délicatesse avancée, donc, avec Bolsonaro, notre présidentissime se précipite sur son bigophone pour féliciter le vainqueur de celui-ci dès les résultats connus… en le tutoyant. L’interprète rectifie le tir en donnant du « Você » (vous) au nouveau maître, mais le mal est fait. Vu les circonstances et la culture brésilienne, c’est un peu comme si Chirac avait mis la main aux fesses de la reine d’Angleterre, d’autant que les deux chefs d’Etat n’ont guère eu l’opportunité de se cotoyer et donc de sympathiser.
    Avec la chaleur qu’il fait au Brésil, espérons que Manu ne va pas demander à Inacio de réparer la clim’.

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