Macron n’est pas Jupiter ni Vulcain : c’est Mercure…
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Emmanuel Macron était interrogé, ce 14 juillet, dans le cadre de la semi-traditionnelle interview d'après-défilé. Je dis « semi » parce qu'avec lui, c'est toujours pareil : les traditions, c'est quand il veut. C'est le maître des horloges, quoi. À ce propos, l'entretien était, pour les journalistes, l'occasion de revenir sur les meilleures punchlines du maître. C'est bien normal. C'est la République.
Par exemple, « traverser la rue pour trouver du travail » : évidemment, il ne regrette pas de l'avoir dit. Il assume. Il assume toujours tout ; sinon, qu'on vienne le chercher ! Après un lamentable passage laïcard sur le fait de « remettre la mairie au milieu du village », dont Gabrielle Cluzel s'est déjà fait l'écho, notre Président a été interrogé sur le sobriquet de « Jupiter » dont certains l'avaient affublé. Il n'a pu contenir un laid rictus d'autosatisfaction : ça y est, on en parle. Et puis, tout de suite, évidemment, une fausse humilité, tellement surfaite, surjouée, pénible.
Jupiter n'est pas Jupiter, nous dit-il : pour filer la métaphore, il serait plutôt, en tout cas c'est ce qu'il pense, « Vulcain, dans la forge. Évidemment, il a eu le temps de préparer sa réponse. Évidemment, pour le khâgneux que fut Macron, le choix de Vulcain ne doit rien au hasard : il connaît sa mythologie sur le bout des doigts. Vulcain était un dieu atrocement laid, que son père, dégoûté, jeta de l'Olympe, ce qui le rendit boîteux. Remarquablement habile de ses mains, il installa sa forge sous l'Etna et, comme il arrive parfois aux hommes laids jusque dans le monde des mortels, séduisit la plus belle de toutes les déesses : Vénus.
Emmanuel Macron possède-t-il ne serait-ce qu'une seule de ces caractéristiques ? Est-il disgracieux, a-t-il été malaimé, aime-t-il le travail concret, est-il discret et besogneux, refuse-t-il la lumière ? Sans même parler de la comparaison entre Brigitte et Vénus... Non, vraiment, c'est se moquer du monde. Toutefois, nos amis païens le savent bien, la comparaison entre humains et dieux est naturelle, puisque les archétypes divins sont la personnification des caractères des hommes, de ce qu'ils ont de meilleur et de pire dans le cœur, et les mythes ne sont pas seulement des fables mais aussi des paraboles polysémiques, d'une profondeur souvent vertigineuse.
Par conséquent, Emmanuel Macron, comme beaucoup d'entre nous, possède peut-être les caractéristiques d'un dieu de l'Olympe. Pas Vulcain, c'est certain, mais pourquoi pas plutôt Mercure ? Représenté sous les traits d'un homme jeune, Mercure a commencé, selon la mythologie, par annoncer à sa mère qu'il voulait être voleur, le plus beau des métiers selon lui. Il est le dieu des carrefours, de l'ambiguïté, de l'en même temps. Il protège les commerçants et les escrocs, qu'ils soient secrétaires généraux de l'Élysée ou gardes du corps à la Contrescarpe. Il ment pour s'en sortir et, grâce à une éloquence séduisante, il parvient toujours à échapper à la sanction. Rapide, ondoyant, insaisissable comme l'élément chimique qui porte son nom, Mercure est le messager de l'Olympe, celui que les dieux, depuis leur inaccessible Olympe de Davos, ont choisi pour faire passer leurs messages et appliquer leurs objectifs.
On pourrait poursuivre le parallèle assez longtemps, car entre Mercure et Macron, il y a beaucoup de points communs. Cela dit, en effet, Mercure, exactement comme le vrai Macron, a quelque chose d'inquiétant pour le commun des mortels. Il rassure moins que Vulcain, l'artisan, l'ouvrier taiseux, celui qui parle à la France. C'était bien tenté, mais un peu trop gros.
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