Macron perdu en brumaire dans les brumes de l’Histoire

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Décidément, l’instrumentalisation à contresens de l’Histoire est une spécialité macronienne.
En ces moments du souvenir des immenses sacrifices des combattants de la Grande Guerre, l’« itinérance mémorielle », appellation digne des Femmes savantes, tourne plutôt à l’enfilage quotidien de bourdes et maladresses.

Voici la dernière en date, à l’heure où j’écris ces lignes.

"Une de mes préoccupations contemporaines (sic !), ce sont les mémoires blessées, le retour du refoulé dans les mémoires d'Europe de l'Est", a dit monsieur Macron à la mairie de Péronne. "C'est préoccupant parce que ça vient percuter le projet européen très profondément." "Je ne suis pas catastrophiste, mais des risques de guerres civiles européennes peuvent réémerger. Des tensions réémergent, le fait national réémerge..."

Plusieurs remarques s’imposent à l’examen de ces propos brumeux (c’est de saison, notez bien que nous sommes en brumaire).

Que connaît monsieur Macron du "refoulé dans les mémoires de l’Est" ? De quel refoulé parle-t-il, de quel Est a-t-il peur sans le désigner ?

Quel est ce "projet européen" dont il parle ? Sans doute le sien propre, une fusion des États de l’Europe sous le leadership de qui, devinez… de la France ? Allons donc, de l’Allemagne, plutôt, dont l’euro, si fort, n’est qu’un autre mark et dont beaucoup contemplent, béats, la solidité économique.

Le plus révélateur, c’est l’agitation de l’épouvantail déjà éculé de la guerre intra-européenne, commodément appelée "guerre civile européenne". Dans la pensée de monsieur Macron, ou son rêve, il existerait donc un État dénommé Europe avec des mœurs communes, une économie convergente et avançant d’un même pas vers la prospérité, ainsi qu’une langue unique, l’européen…

Comme tant d’autres, je me prends à regretter que le Président français ait une vision historico-politique si floue, si partielle et partiale, si éloignée de la moindre considération réelle pour ceux que l’on n’appelle toujours pas des Européens, mais qu’on appelle encore, et pour longtemps j’espère, des Français.

Oh, mais c’est une idée, ça, Messieurs les communicants présidentiels, remplacer le terme "Français" par le terme "Européens" dans tous les discours, cela fera plus clair encore.

En attendant ce nouveau numéro de com’ tendancieuse, il me semble que se profilent, depuis déjà quelque temps, des menaces de guerre civile bien française que le Président-qui-voit-tout-en-Europe ne voit pas.

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