Macron peut être content : le Conseil constitutionnel a dit oui

Comment, maintenant, « la rue » va-t-elle réagir ?
Conseil_constitutionnel,_Palais_Royal,_Paris_1

C’est fait, les grands prêtres ont rendu leur jugement. La loi portant réforme des retraites est donc pour l'essentiel conforme à la Constitution. L'âge de la retraite est repoussé de 62 à 64 ans. Emmanuel Macron peut être content : au terme de ce qu’il a appelé un « chemin démocratique » - un chemin bien chaotique qui laissera beaucoup d’accidentés sur le bas-côté, Élisabeth Borne en tout premier lieu -, le Conseil constitutionnel a donc jugé qu’une réforme structurante comme l’est celle des retraites peut emprunter un « véhicule » législatif de location, en l’occurrence une loi de financement rectificative de la Sécurité sociale. Une première. Une décision qui pourrait faire jurisprudence alors que de nombreux constitutionnalistes estimaient cet attelage pour le moins baroque.

Mais après tout – ou plutôt, avant tout -, le Conseil constitutionnel n’est pas une cour suprême et sa composition est éminemment politique. Rappelons tout de même que sur les neuf « sages », deux ont été nommés par Emmanuel Macron, deux par l’ancien président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand, macroniste historique, trois par Gérard Larcher, président du Sénat, et enfin un nommé par François Hollande et un par Claude Bartolone, président socialiste de l’Assemblée nationale de 2012 à 2017. Que sur ces neuf conseillers, cinq sont d’abord des politiques (anciens ministres et/ou parlementaires) et que deux ont été directeurs de cabinet de ministres. Certes, il y a une sorte de devoir d’infidélité vis-à-vis de celui qui vous a nommé pour neuf ans sans possibilité de renouvellement du mandat, mais l’on ne peut pas faire abstraction de cette dimension très politique.

Ainsi, Emmanuel Macron, Élisabeth Borne, Olivier Dussopt, la Macronie et consorts ont emporté la bataille du droit. Mais le droit est-il forcément juste et légitime ? Question philosophique mais aussi essentiellement politique. Et maintenant ? « Tenir le cap, c’est ma devise. C’est quand on fixe un cap avec une ambition qu’on peut tous bouger » a lancé, bravache, presque provocateur, Emmanuel Macron en visite sur le chantier de Notre-Dame de Paris, ce vendredi. Certes. Mais lorsqu’on fait du cabotage en ne regardant que la boussole, sans voir les récifs qui jalonnent la route, on risque le naufrage. Car, maintenant, comment va réagir « la rue », comme il est convenu de qualifier, avec un peu de mépris de classe, l'opinion générale ? « Une rue » qui est sans doute le haut de l'iceberg du profond mécontentement ressenti dans le pays. Nul ne le sait. Le capitaine Macron voit-il cet iceberg ? On peut en douter. En tout cas, incontestablement, le pays sort un peu plus fracturé de cette séquence. Un seul responsable : Emmanuel Macron.

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

104 commentaires

  1. Bonjour Je suis désespéré pour tous les électeurs de Macron qui n’a pas tenu sa promesse et qui avaient anticipé la retraite à 65 ans

  2. Qu’on comprenne bien, avec cette validation MACRON et BORNE sont prisonniers des CRS et Gendarmes. En effet ils ne peuvent plus sortir dans quelque territoire français que ce soit sans être protégés par des centaines ou milliers de CRS et Gendarmes. Si j’ai tord que ces deux personnages me le prouvent. Je suppose qu’il ont à l’Elysée et Matignon le nécessaire de survie pour 4 ans. Un peu de courage Mr MACRON et Mme BORNE sortez de votre blockhaus et allez parler aux Français….des 64 ans et de l’immigration ! sans CRS ni Gendarmes je crains que vous ne puissiez sortir et si vous le faites craignez le pire car les Français sont furieux

  3. Il a aussi dit NON au RIP !
    Un RIP bien difficile avec l’exigence de 10% du corps électoral en appui (Merci à SARKO et aux traitres qui l’ont rendu impossible : plus des 3/5 du congrès en 2008) !
    Il y a bien longtemps que nous ne sommes plus en démocratie, le pouvoir est usurpé par une prétendue élite, le peuple devant se plier à ses décisions !!!
    De part les apparences, nous sommes en DEMOCRATURE !

  4. Bien mal nommé cet organisme pas du tout bénévole ces « sages » environs 17 000 € /mois, ce qu’ils sortent de leur cogitation c’est de voir si le projet est en conformité avec notre constitution, voir même si par exemple elle ne l’est pas, c’est pas pour autant que le gouvernement serait obligé de la retirer. Par contre quant on déboulonne une statut contre l’avis de 95% des gens concerné ou on dit qu’une loi refusé avec 75% de la population, donc antidémocratique, alors est ce vraiment constitutionnel, logiquement oui mais, moralement non.

    ù

    • Pourquoi ne pas inclure le Conseil Constitutionnel dans les régimes spéciaux supprimés et payer les « sages » au SMIG. Ce ne serait que justice pour ceux qui ont validé la loi.

      • C’est bien là que la réforme a péché le plus. Rien pour modifier les systèmes de retraites de nos soi-disant élites. C’est là dessus que la rue aurait dû partir bille en tête, plus que sur ces 64 ans, qui, somme toute, est dans l’ordre des choses avec l’augmentation de l’espérance de vie.

  5. On ne peut rien contre Macron, c’est la Véme qui veut ça, mais ses soutiens doivent être la cible prioritaire; Que Macron soit hué à chacune de ses sortie n’aboutit à rien, mais que ses soutiens et collaborateurs le soient devrait être plus efficace si on veut arrêter la casse de la France.

  6. Ordinairement on se préoccupe peu de cette institution, toutefois quand les regards se posent sur elle on découvre, ou redecouvre, sa composition. Composition qui au lieu d’être formée de constitutionnalistes de haut niveau, ressemble à un de ces postes fourre tout qui assurent une continuité de hauts revenus aux ex ceci ou cela, quand ce n’est pas aux bons copains de magouilles passées. A revoir dans une prochaine constitution.

  7. Mes biens chers frères (et soeurs) (comme disait Eddy) en cette période de Pâques, ayons une pensée compatissante pour les pauvres députés Macronistes, qui dans leurs circonscriptions, vont de voir affronter la colère des électeurs. Avec un tel Président, il leur faut une solide vocation de martyrs…

  8. Et on râle !! Mais qui voté pour Mr MACRON ???? Certainement pas moi !! Donc les « peureux » du changement ,assurez vos décisions !!

  9. Je dis et je maintiens que les responsables de tout ce gâchis sont ceux qui ont appelé à voter Macron en 2022 en jouant sur des peurs irrationnelles. Et je mets les syndicats en tête de liste, qui comme d’habitude vont trahir le peuple.

    • C’est assez rigolo, les syndicats ont donné la consigne de voter Macron et maintenant qu’il les a traités comme des…, ils se plaignent et pleurent au scandale. Quelle inconséquencitude comme dirait Sarkozy.

  10. Le conseil constitutionnel un ramassis d’anciens ministres qui n’ont jamais rien fait pour les citoyens. Pour eux c’est une revanche surtout Juppé qui a toujours une dent contre les travailleurs qui ont fait chuter sa réforme retraite. Et surtout le fait que leurs partis LR/PS soient tomber si bas aux élections. La vengeance des traites.
    Ma colère est très forte contre les journalistes de CNEWS qui ont soutenu cette réforme pour travailler plus longtemps. Surtout certaines femmes journalistes qui ont dit qu’il n’y avait pas assez de cotisants pour payer les retraites. La faute à qui mesdames ? à tous les gouvernements qui ont fermé des grandes entreprises. Le chômage est l’œuvre de tous les présidents depuis Mitterrand. Et deuxièmement ça ne vous gène pas que l’Etat donne des milliards aux immigrants qui ne travaillent pas, qui sont logés et qui touchent des retraites. Certains journalistes de droite et gauche ont fait du mal à tous les salariés. Oui Macron a corrompu toutes celles et ceux qui se prennent pour des riches. Mais il y aura un retour de manivelle en 2027.

  11. C est quand même incroyable que dans ce pays on régresse les acquis sociaux, que l on pénalise les gens honnêtes en les punissant alors que l on fait profiter largement à tous ceux qui débarquent d avantages, pour lesquells ils n ont versés aucune cautisation ,que l on pretende que les retraités ne pourront plus être assurés alors que dans le même temps nous avons un dictateur capricieux qui a rajouté 1000 milliards de dettes supplémentaires depuis son arrivée au pouvoir et que personne ne demande de compte pour expliquer ce trou financier qui ruine notre pays

    • Ce qui est incroyable, dans ce pays, c’est que l’on chérisse les causes dont on déplore les effets. Ce qui est incroyable, c’est qu’autant de gens aient pu voter Macron et qu’aussi nombreux ont été ceux qui se sont abstenus de s’opposer à sa réélection.

  12. Deux réflexions. Comment se fait il que parmi ces neuf sages deux au moins aient fait l’objet de condamnation par la justice. Et enfin dans les propos du « Président » à Notre Dame, dans sa phrase  » C’est quand on fixe un cap avec une ambition qu’on peut tous bouger » est ce vraiment tous ou tout. Car il est sur qu’avec son comportement Jupitérien, tous les Français vont bouger, mais est ce vraiment ce qui est souhaitable.

  13. Personnellement je suis un anti Macroniste, et étant donc son ennemi car le RN et ses sympathisants sont ses ennemis. Donc je me gausse de tous ces syndicalistes , des dites élites médiatico politicardes qui ont appelé à voter pour ce narcissique, et d’une partie du peuple également. Il devait éviter le chaos, il l’a amené. Eh bien, que le peuple danse maintenant, l’on verra pendant combien de temps avant de réaliser ou de se coucher.

  14. La république est trop compliquée dans ces institutions. Et certaines comme le conseil constitutionnel ne sont pas choisies par le peuple ce qui est contraire à la démocratie. Avec des membres choisis par Macron c’était cousu de fil blanc pour sa décision ; ça ne pouvait être qu’en sa faveur et les français roulés
    dans la farine c’est une injustice flagrante. Tout ceci insiste à la révolte et la rue va réagir violemment.

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