Macron et le pouvoir de vie et de mort

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Il existe un grand danger à moquer l’homme de pouvoir conscient ou soupçonneux de sa propre imposture, car pour faire taire le mépris et naître le respect, le faible puissant usera de son pouvoir de vie et de mort. Ainsi, le Président Hollande allait déclencher un nombre record d’actions militaires, faisant de lui le Président le plus guerrier de la Ve République.

Rappelons aussi, par exemple, ses pathétiques interventions au sommet de l’OTAN de 2014. Alors qu’il veut montrer son importance sur des sujets graves, Hollande est longuement questionné sur des révélations d’histoires d’alcôve et d’arrière-cour et, suite à un sondage catastrophique, il se justifie même de ne pas démissionner. Impatient de faire taire un public rigolard, il finit par lâcher : "Nous sommes ici au Conseil de l'OTAN, là où se décident la paix et la guerre !" Sur l’Ukraine, il profère alors des menaces contre la Russie : "Si nous ne parvenons pas à un accord durable de paix, eh bien, nous connaissons parfaitement le scénario, il a un nom, il s’appelle la guerre." Souvenons-nous également qu’en mai 2015, il déclare avoir livré illégalement des armes aux rebelles syriens dès son arrivée au pouvoir, aggravant ainsi la guerre civile, ou encore qu’en 2016, il revendique plusieurs assassinats réalisés dans le plus grand secret. À quoi peuvent bien servir ces actes et ces révélations, sinon à tenter d’être respecté en rappelant qu’il a le pouvoir de provoquer la mort ?

Les incessantes moqueries sur l’inconsistance du Président Macron donnent des résultats du même type depuis le soir du 7 mai au Louvre, dans cette mise en scène extrêmement inquiétante car mélangeant volonté de puissance, solitude du leader et danseuses à moitié nues. Il y eut ensuite, entre autres, ses menaces de guerre ouverte contre la Syrie, ses défilés dans un véhicule militaire, sa visite au G5 Sahel, son arrivée hélitreuillée dans un sous-marin nucléaire ou même sa rencontre avec Porochenko, le tout sur fond d’accusations répétées contre la Russie destinées, selon le bon vieux schéma populiste, à désigner l’étranger méchant. C’est ainsi que celui qui renonça à devenir père afin de pouvoir épouser une femme de l’âge de sa mère tâche de se débarrasser de cette image d’adolescent immature pour gagner celle d’un homme – un vrai. Et dans cette suite de mises en scène, le clou est sans doute sa fausse confrontation avec Trump, le "Monsieur Muscle" de la planète. Dans ce cadre, les menaces (réelles) de conflit basées sur des accusations (fantaisistes) de préparation d’attaque chimique par le gouvernement syrien ne sont destinées qu’à servir la communication de l’un et de l’autre.

Mais pour être pris au sérieux, Macron n’exhibe pas uniquement son pouvoir de mort et c’est assurément dans le domaine de la bioéthique qu’il risque d’être le plus actif. Le débat sur la PMA s’est ouvert juste après les élections législatives. Viendra bientôt le temps de la GPA mais aussi celui de l’eugénisme et de l’euthanasie. Ce peut être là son moyen le plus convaincant de se faire respecter : se construire une stature de leader puissant en usant de son pouvoir de décider non seulement de la mort, mais aussi de la vie.

Michel Segal
Michel Segal
Professeur de mathématiques

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