Macron prêt à discuter du partage de notre dissuasion nucléaire : jusqu’où ?

C'est une obsession de Macron : priver la France et les Français du peu de souveraineté qui leur reste.
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« Pas ça, pas maintenant, pas lui ! », aurait-on envie de dire, stupéfait, en découvrant qu'avant même le clash Trump-Zelensky, Macron, en déplacement au Portugal, vendredi, répondait favorablement au nouveau chancelier allemand en déclarant être prêt à ouvrir la « discussion très profondément stratégique » sur une dissuasion française élargie à l'Europe. « La France a pleine autonomie en la matière […] c’est-à-dire que nous ne dépendons pas d’un autre pour produire nos capacités nucléaires, pour en disposer et pour les opérer par les airs et par la mer, ce qui est aussi une spécificité [française] », a-t-il souligné, ajoutant : « Cette capacité finalement souveraine, je suis prêt à en discuter si elle permet de bâtir une plus grande force européenne. » Et la discussion commence dès ce dimanche à Londres...

Dilapider notre souveraineté nucléaire : une obsession macroniste

Cette nouvelle initiative d'Emmanuel Macron, qui multiplie les coups de com' à l'international pour tenter de réexister, ne surprendra que ceux qui ont la mémoire courte. Si le bonhomme a dit tout et son contraire sur bien des sujets, il est malheureusement d'une constance inquiétante sur celui-là… Georges Michel, dans son éditorial d'avril dernier intitulé «Macron et l’arme nucléaire : le grand dilapidateur », dénonçait déjà la manœuvre, alors destinée à booster la liste macroniste aux européennes. Mais, dès 2020, déjà, Macron avait évoqué la « dimension européenne » des intérêts vitaux français lors de son discours sur la dissuasion à l’École militaire. Il avait même proposé à ses partenaires de « participer » à des exercices des forces de dissuasion. La proposition n'avait eu que peu d'écho chez des partenaires préférant le parapluie otanien. C'était avant l'Ukraine et avant Trump. Macron a donc saisi la nouvelle donne pour relancer son projet… Rouvrir ce débat, toujours pour des raisons opportunistes et dans des contextes troublés comme celui que nous vivons, n'est pas digne. Pourquoi est-ce particulièrement inopportun aujoud'hui, alors qu'on assiste à une véritable « recomposition du monde », pour reprendre les mots d'Arnaud Florac ?

Pas ça !

Mais de quoi s'agit-il donc ? Sur quoi « le débat » naguère, « la discussion » aujourd'hui, vont-ils porter ? Sur la dimension européenne des « intérêts vitaux » de la France ? Jusqu'à quel pays, quelle frontière ? Pologne ? Lettonie ? Roumanie ? Les discussions porteront-elles aussi sur le partage de la décision ? C'est Valérie Hayer, ex-candidate du camp présidentiel aux européennes et actuelle présidente du groupe Renew (centristes) au Parlement européen, qui a été chargée de vendre le truc, sur France Inter : « Les ennemis de l’Europe doivent savoir que nos partenaires, ceux qui partagent nos valeurs, bénéficient du parapluie nucléaire français. » Nos partenaires ? Lesquels ? La discussion portera-t-elle aussi sur le prix demandé à nos partenaires bénéficiaires du « parapluie » ? Et on touche peut-être là du doigt la raison profonde - mais effrayante - de cette obsession macroniste : renflouer une dette abyssale en vendant notre dissuasion ? L'idée, qui pourrait paraître saugrenue ou même complotiste, est pourtant corroborée par une intervention du jeune Macron, en 2010, au sein de la Commission Attali, rapportée par Marc Endeweld dans son livre L'Emprise. La France sous influence : « Ce n'est pas très compliqué de trouver 4 milliards d'économies. La dissuasion nucléaire, ça sert à rien, les Allemands n'en ont pas. » Le jeune roquet fut vertement recadré par Attali. Quinze ans après et 1.000 milliards de dettes en plus, on comprend que l'idée peut perdurer chez notre obscur conseiller de 2010 devenu Président, et que nos amis allemands, chancelier après chancelier, le travaillent au corps. La question « Jusqu'où ? », on le voit, est vertigineuse. Et elle n'est pas simplement géographique...

Pas maintenant !

Si, dans une pure logique macroniste et européiste, le moment de crise actuel peut s'apparenter à une divine surprise pour faire avancer le projet, il est au contraire, à l'aune de la raison et du temps long, très inopportun. En effet, nous venons d'assister en direct au lâchage d'un allié, lâchage qui remet au premier plan la question de la solitude d'une nation, de la souveraineté, de la nécessité de ne devoir dépendre que de soi. Est-ce donc vraiment le bon moment pour remettre en partie à nos « alliés » européens l'un des seuls pans de souveraineté qui nous reste ? Pour nous lier par des accords qui pourraient devenir périlleux pour nous au gré des changements d'alliance et des « lâchages » comme celui auquel nous venons d'assister ?

Pas lui !

Ce qui effraie surtout, dans cette initiative, c'est qu'elle émane d'un président de la République usé, profondément affaibli électoralement, très impopulaire, qui ne dispose plus de majorité parlementaire. Où pense-t-il puiser la légitimité, pour lancer une telle discussion ? Si Macron n'était pas très crédible, en 2020, aux yeux de ses partenaires et de son peuple, il ne l'est guère davantage aujourd'hui, comme le fait remarquer Héloïse Fayet, chercheuse à l'IFRI interrogée par Le Figaro : « La confiance en Emmanuel Macron n’est pas élevée et, de toute façon, il ne sera plus Président après 2027. » Depuis le Salon de l'agriculture, Marine Le Pen est venue remettre les pendules à l'heure et prononcer les mots que les Français attendent de leur président de la République : « La dissuasion nucléaire française doit rester française. On ne doit pas la partager. »

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Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

238 commentaires

  1. J’envie le courage et le sens démocratique des coréens qui, par deux fois, ont éjecté des présidents qui trahissaient leur pays, par des manifestations et des colères populaires soutenues, pendant des mois, jour après jour, aussi longtemps qu’il a fallu .

  2. « C’est une obsession de Macron : priver la France et les Français… » de tous les atouts de la France !
    Pour lui, il faut détruire tout ce qui fait la France.
    C’est un mondialiste forcené. A ce niveau, ça relève de la psychiatrie.

  3. L’immaturité d’Emmanuel Macron est à son comble dans cette idée de mettre notre force nucléaire au service de l’Europe.
    D’abord il va de soi que ceux qui financeront l’extension de la couverture nucléaire auront un droit de regard sur la décision.
    Ensuite, il est prévu de créer des sites d’armes nucléaires françaises dans certains pays européens.
    Deux conséquences immédiates :
    – comment concilier l’usage des armes nucléaires françaises et les américaines dans les pays de l’OTAN ?
    – multiplication des sites tactiquement en danger face à une agression extérieur
    C’est un manque de réflexion patent.
    Enfin, comment le « sommet » de Londres peut-il prévoir l’installation de troupes de l’OTAN à l’intérieur de l’Ukraine sans avoir l’accord des USA et ainsi provoquer encore la Russie ?
    Les Européens, coupés de leurs peuples, voudraient la guerre qu’ils ne feraient pas autre autrement…

  4. « Pas ça , pas maintenant , pas lui ! » , tout est dit ! Aucune inquiétude sur ce sujet car avec moins de 15 % d’opinions favorables , il ne pourra pas mettre sur le « Marché » notre Dissuasion Nucléaire , c’est exclus ! MLP ne s’est pas faite « prier » pour le rappeler et c’est très bien ainsi :

  5. Ça ne m’étonne pas. Je le crois même capable de partager cette dissuasion nucléaire avec l’Algerie. Il prétend même vouloir protéger les Français. La aussi, on n’en doute pas un instant : on le constate même tous les jours avec nos 120 agressions au couteau, viols et egorgements de jeunes Français innocents, etc.

  6. Ce Président n’a aucune conviction sauf ………….. qu’il se croit avoir un destin européen. Le peuple français ne veut plus de lui. Les technocrates européens le supportent encore. Tout cela est très logique : croyant pouvoir partager notre dette avec les allemands, il leur offre notre souveraineté militaire. La boucle est bouclée.

  7. Comment cet homme, méprisé par son peuple, décide seul des orientations majeures de notre pays. Il est temps de réformer la constitution pour oter au président ces excés de pouvoirs et les confier au peuple français par voie référendaire. Dans l’attente sa destitution s’impose.

  8. Bien on va installer (moyennant espèces sonnantes et trébuchantes) des têtes nucléaires et des lanceurs (avions, sous marins etc) dans les pays demandeurs, une question qui appuiera sur le bouton rouge? Les américains ont ces dispositifs dans des pays européens, mais seul le président américain peur appuyer sur ce bouton pour enclencher le feu nucléaire. Bon au point où en sont nos dirigeants ils sont prêts à se suicider et nous avec pour sauver leur poste . Bizarre comme raisonnement.

  9. Il n’a pas le droit de partager la force de dissuasion française bâtie avec l’argent des Français contre les oppositions des gauchistes, sans en passer par un vote du parlement deux chambres réunies ! S’il le fait, il viole la constitution et sera considéré comme un vrai dictateur ! Destituons dès maintenant ce dangereux qui joue avec notre survie et notre armée !

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