Macron remobilise Bardella et Mélenchon contre lui

bardella

En sortant enfin de son apesanteur, Emmanuel Macron a redonné du grain à moudre à ses oppositions. Dans son interview à la PQR de vendredi soir, il a en effet renvoyé dos à dos les leaders de la NUPES et du RN : « Le projet de Jean-Luc Mélenchon ou de Marine Le Pen, c'est le désordre et la soumission. » En une phrase pour deux qui méritait tout de même un peu d'exégèse : le désordre était-il pour Mélenchon et la soumission pour Le Pen ? Ou l'inverse ? Ou les deux pour les deux ? On peut multiplier les possibilités et les croisements. Se demander la soumission à qui ? À quoi ? Il y a longtemps que l'on a relevé l'arnaque de l'épithète insoumise de LFI, mais il faut lire la démonstration d'Alain Finkielkraut dans Le Figaro cette semaine : « La France insoumise, c’est le nom que se donne la France soumise à l’islamisme. » Était-ce à cela que faisait allusion le Président ?

Justement, en meeting à Villeurbanne samedi, Mélenchon a interpellé publiquement Emmanuel Macron sur ces deux mots : « Mais le désordre, c'est vous ! La pagaille générale. Regardez, il n'y a plus rien qui marche. Et la soumission, j'aimerais bien savoir à quoi ? […] Pourquoi on n'aurait pas un petit débat, tous les deux ? »

Mais le leader Insoumis a aussi répondu au Président qui affirmait qu'« aucun parti politique ne peut imposer un nom au Président » pour le poste de Premier ministre par une savoureuse leçon d'Histoire constitutionnelle : pas de « droit au caprice » ou « au bon plaisir » du Président dans la Constitution.

Quant à Jordan Bardella, président par interim du RN, c'est depuis un meeting à Cavaillon, dans le Vaucluse, qu'il a tenté de remobiliser les électeurs. Et d'abord « les patriotes », les appelant à « ne pas disperser leurs voix ». Notamment sur la candidature des candidats Reconquête, représentés par Stanislas Rigault et Marion Maréchal. « J’ai beaucoup de respect pour Stanislas Rigault mais Reconquête a fait le choix d’envoyer des candidats parisiens où nous avons depuis longtemps des élus qui sont des représentants légitimes du camp national », a-t-il argumenté.

Il a surtout fixé des objectifs ambitieux au RN pour ces législatives. D'abord, arriver en tête au premier tour : pour lui, « c’est un objectif ambitieux mais réalisable, si on en croit les derniers sondages qui ne nous situent plus qu’à trois points de la majorité présidentielle et de l’union de la gauche radicale ». Ensuite, au niveau du Vaucluse, où Marine Le Pen a réalisé 52 % le 24 avril dernier, l'emporter dans tout le département : « Alors, pourquoi pas le Grand Chelem ? Cinq députés RN, c’est possible. » Surtout, et là l'objectif est plus vague et plus réaliste : parvenir à constituer « un groupe puissant » à l’Assemblée.

Comme Mélenchon, Jordan Bardella, a surfé sur les déclarations de Macron, appelant à utiliser ces élections législatives comme « un référendum » sur « la retraite à 65 ans voulue par Macron, l’impuissance du gouvernement face à l’explosion des prix, l’immigration et l’insécurité hors de contrôle ». Contre Jean-Luc Mélenchon, il a repris les formules chocs de Marine Le Pen, l'accusant de « vouloir transformer l’Assemblée nationale en squat ou en gigantesque ZAD regroupant les avocats du burkini, des islamo-gauchistes ou ceux qui veulent désarmer la police ». Il a aussi ciblé Gérald Darmanin, « incapable d’assurer la sécurité des Français », et l'a appelé à « démissionner » après le chaos du Stade de France. Il n'a pas hésité à comparer ce fiasco au Nouvel An de Cologne en 2016 :

Les accusations de « désordre » et de « soumission » n'étaient, de fait, pas les mieux choisies par Emmanuel Macron pour son entrée en campagne. Et elles risquent de continuer à lui revenir en boomerang. Un petit jeu, pour la dernière semaine de campagne : listez les sept plus gros désordres et les sept soumissions les plus dangereuses du macronisme.

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

51 commentaires

  1. Certains persistent à voir dans les petites phrases macroniennes de savants calculs. Libres à eux. Mais en prenant un tant soit peu de recul on ne trouve qu’une déjà longue liste de réflexions béates confinant à la bêtise. La dernière à propos de l’éventuelle humiliation de la Russie est le modèle du genre. L’Ukaine elle-même n’hésite pas à la tourner en dérision. Difficile d’être plus ridicule, voire même dangereux.

  2. En effet, il ose tout. C’est même à ça qu’on le reconnait. Oser parler de soumission quand on est soi-même à plat-ventre devant le machin europe et les US, faut oser.
    De plus, ce n’est même pas gentil à l’égard du mélanchon qui a appelé à voter pour lui aux présidentielles. Même pas la reconnaissance du ventre.

  3. macron provoque sans arrêt mais sait très bien qu’il aura sa majorité , petite peut être mais présente , il sait aussi que l’opposition en face sera éclatée , aucun front commun ne se fera contre les décisions qu’il aura prises lui , validées par ses godillots avec quelques félons d’en face , il s’est emparé des deux pouvoirs de proposition et de décision exactement comme le fait la commissaire européenne et ça ressemble à une dictature .

  4. Le désordre (la « chienlit »…) et la soumission, c’est lui ! « Petites phrases »…quand tu nous tiens…au lieu de tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de l’ouvrir…

  5. Mélenchon a raison (on ne peut pas avoir toujours tort ), Macron c’est le désordre !
    Là où il se fourvoie, c’est que, Macron, c’est aussi la soumission. La soumission aux dictats islamistes, à la racaille, aux cabinets de (mauvais ) conseils et à BigPharma.
    Nous avons été (et cela dure encore ) soumis à une oppression maladive lors d’une fausse épidémie car les médecins ont été empêchés de soigner. Le jus que l’on a obligé les français a se faire inoculer n’a pas fini de faire parler de lui.

  6. Tous les problèmes vont être résolus, grâce à ce Conseil National de la Refondation dont les membres seront désignés par un tirage au sort (forcément impartial) sans faire appel à ce système démocratique éculé du suffrage universel. C’est simple, il suffisait d’y penser et Macron se prend maintenant pour Jean Moulins (« Entre ici Jean Moulins »); Il suffirait peut être de mettre le Président Macron au Panthéon pour le satisfaire.

  7. Plus soumis à Bruxelles que Macron et parler de désordre quant on en est le meneur, avec un Ministre de l’intérieur pour. Fallait le faire! Ordres reçus de ses maitres, il les appliquent illico.

  8. « Pourquoi on aurait pas un petit débat, tous les deux? » dixit, Mélanchon. En effet, ce serait savoureux et décoiffant, un face à face télévisé entre ces deux hystériques. Cela se terminerait peut-être en séance de bourre-pifs?

  9. Le désordre et la poisse dans notre pays c,est le président .il devrait en être conscient lui le si brillant …

  10. Macron-McKinsey est un expert en manipulation politique. Tant qu’unemajorité croira cet affabulateur, ça continuera

  11. Désordre, soumission… pour faire simple, voire simpliste : c’est celui qui dit qui y est !

  12. Belle (si l’on peut dire !) opportunité de relancer – enfin, et pour la dernière ligne droite – le débat de fond ! ( qui n’est pas le pouvoir d’achat du blé et de l’électricité ! )

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