Une magnifique histoire : grâce à l’ADN du poilu, une famille retrouve le grand-père porté disparu et peut lui rendre les honneurs qui lui sont dus
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L’histoire est très belle : mercredi 21 février, un ancien poilu, le sergent Claude Fournier, du 134e régiment d’infanterie, mort pour la France à l’âge de 35 ans, le 4 août 1916, sera inhumé dans la nécropole de Douaumont aux côtés de ses frères d’armes. Comme dans les affaires criminelles, c’est l’ADN qui a parlé. En l’occurrence, celui de son petit-fils, Robert Allard, et de sa famille. Le lien entre le valeureux soldat qui, à deux reprises, a fait acte de bravoure et son petit-fils n’aurait jamais pu se faire si l’on n’avait pas retrouvé, à deux cents mètres de trois cadavres enchevêtrés, la plaque d’identité de Claude Fournier. Il ne restait plus, alors, qu’à faire parler les ADN des trois cadavres, de reconstituer l’arbre généalogique du poilu décédé et de comparer les trois ADN avec ceux des descendants de Claude Fournier, dont celui de Robert Allard.
L’histoire est belle et on ne peut que se réjouir pour la famille d’avoir pu retrouver le grand-père porté disparu au front. Ils vont pouvoir l’enterrer dignement et lui rendre tous les honneurs qui lui sont dus. Car le sergent Claude Fournier les mérite, comme des centaines de milliers d’autres morts pour notre pays et pour notre liberté.
Néanmoins, ce recours à l’ADN à vocation historico-généalogique ne manque pas d’interroger. En effet, l’ADN ne reste qu’un moyen et ne constitue pas une fin en soi. Il ne permet que d’éclairer sur un fait, une partie de la vie de l’individu : sa filiation. De nombreuses zones d’ombres demeurent autour. En l’occurrence, quel était le vrai quotidien du sergent Claude Fournier ? On peut, certes, s’imaginer sa vie dans la tranchée par les nombreux récits qui ont pu être faits ici et là. Mais sa vie à lui, le sergent du prestigieux 134e RI, portant sur son drapeau les batailles de Lützen, Bautzen, Magdebourg, Champagne et bien d’autres, quelle était-elle ? Quelles étaient ses aspirations ? Ses angoisses ? Quels étaient ses petits bonheurs du quotidien dans cet enfer de bruit, de boue, de cadavres, de rats, de fer et d’horreur ? Quels étaient ses projets ? Quel regard portait-il sur ses camarades de combat ? Sur sa hiérarchie directe, son chef de section, son commandant d’unité ? Estimait-il Joffre ? Que pensait-il de Mangin et de Pétain, qui ont cité le 134e RI à l’ordre de l’armée, hélas trop tard, en 1918 ?
L’ADN permet de faire parler une partie de l’histoire mais pas toute l’histoire d’un individu. Il ne reste qu’un auxiliaire : celui du médecin légiste, du criminologue, de l’historien. Il n’a pas réponse à tout et pas vocation à éclaircir toutes les zones d’ombre.
Robert Allard est chanceux d’avoir pu retrouver son grand-père maternel. Ils sont encore des dizaines de milliers, au sein des familles françaises, qui ne savent pas où sont enterrés leurs aïeuls. Rien qu’à Verdun, 80.000 soldats sur les 300.000 morts sont portés disparus. Il reste à les retrouver et les identifier. Mission impossible ?
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