Mahjoub Mahjoubi expulsé : l’imam qui cache la forêt ?

Aussi satisfaisante soit-elle, cette expulsion provisoire ne doit pas faire illusion ni nous détourner de l’essentiel.
Mahjoub Mahjoubi

C’est presque trop beau pour être vrai. Moins d’une semaine après l’ouverture d’une instruction pour incitation à la haine raciale et apologie du terrorisme, l’imam Mahjoub Mahjoubi a déjà été expulsé du pays. On est tellement habitué aux procédures interminables qu’une telle efficacité étonne beaucoup.

Il faut dire que l’homme avait un casier bien chargé. Dans le collimateur des autorités depuis déjà de longs mois, le prédicateur s’est définitivement grillé lors d’un prêche tenu début février au sein de la mosquée Ettaouba de Bagnols-sur-Cèze (Gard). Il y avait qualifié le drapeau tricolore de « satanique » et déploré « que les mosquées ne produisent plus de combattants comme au temps du prophète ». Un discours pour le moins hostile qui a valu à l’imam de 52 ans un billet simple vers la Tunisie.

Mais est-on réellement débarrassé du charmant barbu ? Rien n’est moins sûr. Dès son retour dans sa mère patrie, l’imam a fait savoir son intention de revenir en France. « Je vais me battre dans le pays des droits de l'homme. Je ne vais pas me laisser faire, a-t-il déjà annoncé. Je n'ai fait que parler d'un texte qui a 1.500 ans ! » Son avocat a lui aussi dénoncé cette expulsion et assuré faire le nécessaire afin d’obtenir le retour de son client en France. Un référé-liberté doit être déposé ce vendredi et devrait être jugé la semaine prochaine. « S'il est favorable, il pourra rentrer en France immédiatement, sous réserve d'un appel du ministère de l'Intérieur. »

La CEDH à la rescousse de l’imam ?

Parmi les arguments mis en avant par l'avocat, le fait que l’intégriste « laisse derrière lui des enfants en France ». Il se trouve, en effet, que Mahjoub Mahjoubi participe activement au repeuplement de notre pays vieillissant et possède pas moins de onze enfants, dont cinq encore mineurs, tous considérés comme français par la magie du droit du sol. Son cas pose donc encore plus de problèmes que celui de l’imam Hassan Iquioussen dont l’expulsion pour le moins chaotique avait été autorisée en juin 2023 par la Cour européenne des droits de l'homme au motif que ses enfants vivant en France étaient majeurs et n’avaient donc pas besoin de lui pour survivre. Les recours pour casser la décision administrative d’expulsion sont multiples et la France pourrait, in fine, être condamnée par la Justice à rapatrier à ses frais l’imam Mahjoubi, comme on l’a vu dans d’autres affaires. Autant dire qu’on n’en a peut-être pas fini avec lui…

Un de perdu, dix de retrouvés ?

Aussi satisfaisante soit-elle, cette expulsion provisoire ne doit pas faire illusion ni nous détourner de l’essentiel. « Il ne faut pas se tromper de combat, explique Florence Bergeaud-Blackler, anthropologue et spécialiste des mouvements islamistes. Ce sont les idées véhiculées par cet imam, idées très répandues, qu'il faut combattre et non l'individu en tant que tel. » En effet, si Mahjoub Mahjoubi a été repéré, c’est parce qu’il a eu la bonne idée de prêcher en français, tout en étant filmé. Mais combien d’autres imams tiennent des propos similaires, voire pires, chaque vendredi, et passent sous les radars pour la seule raison qu’ils s’expriment en arabe ou sans caméra ? Selon Florence Bergeaud-Blackler, le discours de Mahjoub Mahjoubi est « un discours banal » dans les mosquées françaises. « Derrière Iquioussen ou Mahjoub Mahjoubi, il y a des milliers et des milliers d’autres imams qui sont exactement sur cette même ligne. C’est l’arbre qui cache la forêt. »

En réalité, Mahjoub Mahjoubi a eu le tort de dévoiler publiquement le projet des Frères musulmans : la fin des États-nations et l’accomplissement du califat, de la société islamique mondialisée. Voilà pourquoi d’autres imams, à commencer par ceux de Nîmes et de Bordeaux, lui sont tombés dessus. « Quand ils le tancent, ils ne pensent pas que cet imam dit n’importe quoi, explique encore l’anthropologue. Ce qu’ils lui reprochent, c’est de dire tout haut ce que la confrérie pense tout bas. » À méditer.

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Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

49 commentaires

  1. Par soucis d’économie on aurait pu profiter de l’occasion pour faire un charter et renvoyer un plein avion !!

  2. La question est :  » Pourquoi ce citoyen modèle veut-il revenir en France ? N’est-il pas heureux de retrouver son pays d’origine ? Un pays musulman où il peut pratiquer sa foi sans entrave ? Ah oui, il y a ses enfants. En effet, c’est inhumain d’expulser un homme sans sa famille… Il faut qu’elle le rejoigne d’urgence »

  3. Je veux bien parier qu’il sera de retour en France pour le début du ramadan dimanche prochain , vol Tunis-Bruxelles , puis la voiture ou le train , l’embarras du choix

  4. Il fut un temps où en France on interdisait qu’un pasteur protestant soit de nationalité étrangère et qu’aucun financement du culte soit d’origine étrangère. Il faut bien avouer que pour l’Islam nos dirigeants successifs ont fait un virage à 180°. Imaginer deux minutes que l’Algérie se soumette à un même processus mais inverse. Je ne vous raconte pas le tableau, il est vrai que l’Algérie ne compte pas 20% de protestants… Elle s’en garde bien.

  5. Si cet énergumène veut continuer à élever la florissante progéniture de sa tribu, rien de compliquer, il suffit de lui envoyer par avion tout le reste de la smala. Et au diable, le CONseil d’état et la CEDH.

  6. Cette expulsion est un coup de pub de Darmanin, ce type reviendra en France. Quant à ses 11 enfants, dont l’alimentaire est fourni par la France et « l’éducation ! » par l’Imam, il est permit de douter que ces futurs citoyens seront dignes du sol sur lequel ils sont nés.
    La France est dirigée par des traîtres.

  7. Il veut revenir dans le pays des droits de l’homme dont le drapeau est satanique ! Comprenne qui pourra !
    Il faut bien des individus pour proférer de telles idées, puisque la lecture est une pratique désuète ! Ce sont bien ces individus qui nous font la guerre sur notre propre sol, et leur haine qui déclenche les couteaux !
    Dans ce pays, on critique la messe en latin, mais on laisse faire les prêches en arabe !

  8. Arrêtez de casser du sucre sur le dos du ministre. Il est dos au mur. Il a agit, lui. On va voir si son cheffaillon lui permet de tenir sa position. Il ne lui restera que la démission pour ne pas perdre sa considération. Je ne suis pas certain qu’il ait bien joué.

  9. Parce que vous appelez ça : un charmant barbu.???
    Et maintenant, il faut expulser les autres de la même façon, maintenant qu’on a trouvé le mode d’emploi…!

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