Mais pourquoi diable les Français retirent-ils leur confiance aux médias ?

@France Télévisions/Wikimedia commons
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Tous les ans, La Croix fait courageusement ce constat : les Français ont bien du mal à croire ce que leur racontent leurs médias. « La défiance générale à l’endroit du système médiatique pris dans son ensemble ne cesse d’augmenter », constate le quotidien ce 14 janvier dans un article de cadrage au titre clair : « Baromètre des médias 2025 : désinformation, fatigue, confiance… Notre sondage en huit chiffres clés ». Le principal chiffre, celui qu’il faut retenir, c’est 62 %. A l’affirmation selon laquelle « Il faut se méfier de ce que disent les médias sur les grands sujets d’actualité », plus de six Français sur dix répondent donc par l’affirmative, soit une hausse de cinq points sur un an ! Cause toujours : moins d’un Français sur trois fait encore confiance (32 %) aux médias. La dégringolade est massive. Entre janvier 2022 et janvier 2025, la défiance a encore bondi de… huit points ! Il est loin le temps où la famille réunie devant le téléviseur prenait tout ce que disait la star cravatée du 13 h ou du 20 h pour parole d’Evangile. Ils se méfient de tous les médias, les Français. Plus d’un sur deux (53 %) considère qu’il est confronté sur les réseaux sociaux à des informations qui déforment la réalité ou sont carrément fausses… plusieurs fois par semaine. Peut-être le départ annoncé de X de l’inénarrable Sandrine Rousseau améliorera-t-il ce bilan ? En attendant, ils sont 45 % du même avis pour ce qui concerne la télévision, 35 % à douter de la presse et 27 % de la radio. Des chiffres qui trahissent un gros, gros malaise vis-à-vis de ceux qui donnent volontiers des leçons de vérité.

Décalage massif

Car de quels médias parlent les Français ? Internet mis à part (on y trouve tout), il s’agit évidemment, par définition, des médias de masse. Lorsque 45 % des Français doutent les informations diffusées par la télévision, on peut déduire qu’ils songent davantage à TF1 (18,7 % de l’audience télévisée en France selon Médiamétrie en 2024) ou de France 2 (15,8 %) que de CNEWS (2,9 %) ou de NRJ 12 (0,9 %). Idem pour la presse et pour la radio, largement dominée par France Inter.

Or le baromètre tombe chaque année après la bûche de Noël avec des résultats dramatiques sans que personne, dans les grands médias, ne s’interroge. Il est pourtant permis d’évoquer quelques hypothèses.

D’abord, celle d’un décalage massif avec les Français. Lors du dernier scrutin présidentiel, ils ont voté au second tour à plus de 40 % en faveur de Marine Le Pen : ces électeurs, près d'un sur deux, se retrouvent-ils dans les choix éditoriaux, le traitement des informations et les points de vue exprimés à l’antenne des grands médias ? Les rédactions reflètent-elles les opinions de ces Français ? Les respectent-elles ? Poser la question, c’est y répondre.

Autre décalage, historique celui-ci. Les fake news de l’immigration heureuse et de l’Europe salvatrice ont été imposées par tous les grands médias durant des décennies. Le constat du désastre est aujourd’hui général et largement partagé. Nos compatriotes en déduiront logiquement qu’on ne leur a pas présenté jusqu’ici la réalité. Ce qui, accessoirement, pose un problème majeur dans une démocratie…

Dans le détail, les accords avec l’Algérie, l’inexécution des OQTF, certains aspects de la lutte contre le Covid, les tripatouillages européens (en 2024, selon Le Figaro, les juges du Luxembourg déploraient l’absence de transparence de Bruxelles sur les contrats d’achats de vaccins anti-Covid), toutes ces faillites informationnelles et bien d’autres ont pu dégriser les plus confiants.

La confiance se mérite

Au Royaume-Uni, l’affaire des viols par des gangs pakistanais ne milite pas en faveur d’une grande confiance dans les médias mainstream, pas plus que, aux USA, l’affaire Hunter Biden, le fils de Joe Biden, blanchi par son père. Pas davantage que l’affaire des viols de Cologne dissimulée plusieurs semaines. Pas plus que le traitement des deux campagnes de Trump aux Etats-Unis. On pourrait multiplier les exemples d’une omerta féroce de la part d’une large majorité des médias mainstream, largement influencés par l’idéologie mondialiste. De manière un peu trop visible.

Enfin, cette police de la pensée entre pairs journalistes sous forme de vérification des faits, parfois financée par des organismes aussi neutres que l’Open Society Fundation de George Soros et souvent démentis, a de quoi jeter le doute sur tous et abattre les derniers pans de confiance de la part du public.

La confiance ne se décrète pas, elle se mérite : les médias de masse ne la méritent plus. Au lieu d’en tenir compte, les institutions, l’UE en tête, serrent la vis de l’info, contrôlent, interdisent et creusent activement la tombe de ces grands acteurs. Tant mieux pour BV !

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Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

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