Mais qui est donc le rappeur Kanye West, soutien de Trump ?

Si la musique n’adoucit pas fatalement les mœurs, au moins fait-elle parfois court-circuiter les cervelets, tel qu’en témoigne la carrière du rappeur Kanye West. Certes, ce genre musical a toujours été propice à toutes les provocations ; mais là, nous avons indubitablement affaire à un champion du monde toutes catégories.

Sa dernière foucade en date ? Ses messages postés sur X, les 6 et 7 février derniers, dans lesquels il assure « être nazi » et « adorer Hitler », tout en félicitant le milliardaire Elon Musk de son prétendu « salut nazi » en ces termes : « Heil Elon ». Et histoire de conclure, après avoir exigé qu’on l’appelle « Yeezy », puis « ye », notre artiste demande maintenant : « Appelez-moi Yadolf Yitler ! » Et comme si cela faisait trop peu, il s’offre, deux jours plus tard, un spot télévisé à l’occasion du Super Bowl, l’incontournable événement sportif américain rassemblant près de 115 millions de téléspectateurs. Là, il se fait filmer dans un fauteuil de dentiste, histoire d’exhiber sa toute nouvelle denture, tout en appelant le public à aller visiter son site de prêt-à-porter, Yeezy.com, sur lequel le produit phare n’est autre qu’un tee-shirt à croix gammée, disponible pour la modique somme de vingt dollars.

Même Elon Musk a supprimé son compte X…

Indéniablement, Kanye West semble être en proie à une surchauffe neuronale manifeste. Inutile de préciser que, depuis, le site Yeezy.com n’est plus en service. Quant à son compte X, le tout aussi pétulant Elon Musk, même si libertarien de stricte observance, s’est senti obligé de le désactiver dans la foulée. Certes, ce n’est pas la première fois que le rappeur énervé fait dans le « dérapage », façon carambolage. La preuve par cet entretien accordé au site américain Infowars, parvenant même à choquer Alex Jones, son présentateur, campant pourtant quelque part à la droite de Gengis Khan, lorsqu’il affirme : « Je vois des choses positives concernant Hitler. […] Ce mec a inventé les autoroutes, a inventé le microphone que j’utilise comme musicien. » Le coup des autoroutes, on nous l’avait déjà fait ; mais celui du micro pour rappeur, ça manquait. Et quand Alex Jones, au bord de la syncope, lui rappelle que « les nazis étaient des voyous et avaient fait de très mauvaises choses », voilà Kanye West qui répond, façon OSS 117 : Rio ne répond plus : « Mais ils ont fait de bonnes choses aussi. […] Nous devons arrêter d’insulter les nazis en permanence. […] J’adore les nazis ! »

Sans surprise, ses sponsors - Adidas, Gap et Balenciaga -, qui avaient déjà rompu leurs partenariats avec le patron de la marque Yeezy, n’ont pas prévu de remettre le couvert.

Un homme toujours influent, mais de plus en plus seul…

Financièrement, Kanye West a néanmoins de quoi voir venir, ayant vendu plus de trente millions de disques en presque autant d’années de carrière. Mieux : il a été distingué par les magazines Time et Forbes comme l’une des « cent personnalités les plus influentes au monde », tout en demeurant, au passage, l’un des artistes les plus honorés aux Grammy Awards, l’équivalent américain de nos Victoires de la musique.

Officiellement, le principal intéressé s’est longtemps présenté comme « atteint de troubles bipolaires », symptôme qui se porte bien, dans le petit milieu hollywoodien. Depuis, il assure être « victime d’autisme » ; ce qui est déjà moins chic, mais tout de même un peu plus qu’un cancer du genou ou une attaque d’hémorroïdes en piqué. Officieusement, on peut aussi se demander si l’abus de substances diverses n’aurait pas dérangé un cerveau qui l’était probablement déjà un peu avant.

Contre « Black Lives Matter »…

Mais, comme si se fâcher avec la communauté juive américaine ne suffisait pas, il fait de même avec une partie de la communauté noire en arborant un tee-shirt orné du slogan « White Lives Matter », réponse au « Black Lives Matter », lancé après la mort controversée de George Floyd, quand arrêté par les forces de l’ordre. Pour notre rappeur, le décès de cet homme n’a d’ailleurs rien à voir avec les violences policières, puisque dû à une intoxication au fentanyl, la terrible drogue qu’on sait.

Quant au tee-shirt qui fâche, il explique à l’animateur français Mouloud Achour : « Tout le monde portait des tee-shirts Black Lives Matter, comme si c’était une faveur de nous dire que nos vies avaient de la valeur, comme si on ne le savait pas déjà. Je me suis donc dit que j’allais moi aussi rendre la pareille en disant "votre vie aussi a de la valeur" ! »

Décidément, Kanye West demeure imprévisible. Après avoir songé à se présenter à l’élection présidentielle, il est l’une des premières personnalités du show-biz américain à soutenir Donald Trump. Farouche opposant à l’avortement et rétif au divorce, cela ne l’a jamais empêché de multiplier les aventures tapageuses, malgré un mariage avec Kim Kardashian, vedette de la télé-réalité, sur fond de sextapes, histoire de rajouter un peu de scandale à des démêlés conjugaux qui n’en avaient pas forcément besoin.

Il n’a même plus de quoi acheter des vêtements à sa nouvelle épouse…

Depuis, divorcé, il promène Bianca Censori, sa nouvelle épouse, dans les rues alors qu’elle n’est vêtue que de sa seule vertu ; ce qui, en l’occurrence, ne doit pas lui tenir bien chaud. Présentée de la sorte, nue sous une robe transparente, lors de la dernière cérémonie des Grammy Awards, la polémique est telle que la dame demanderait à son tour le divorce ; ce qui peut se comprendre.

Et comme si cela ne suffisait pas, sa dernière provocation en date aura consisté à demander à Donald Trump de libérer son « frère », le rappeur Puff Diddy, récemment incarcéré pour avoir organisé un réseau de prostitution n’ayant rien à envier à celui du défunt Jeffrey Epstein.

D’où la question qu’il est légitime de se poser : qui est vraiment Kanye West ? Comment est-il monté si haut pour descendre si bas ? Il n’est pas sûr que le principal intéressé le sache lui-même.

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