Makeba, Ki-Zerbo… Clermont-Ferrand renomme et politise ses centres sociaux
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Lorsqu’ils sont à la tête d’une commune, il y a des élus qui mettent tout en œuvre pour améliorer la vie de leurs administrés et il y a ceux qui veulent faire parler d’eux, marquer leur temps, laisser une empreinte ou, pire, éveiller les consciences. Olivier Bianchi, le maire socialiste de Clermont-Ferrand, fait visiblement partie de la seconde catégorie.
Il a récemment lancé une « démarche participative de dénomination des centres sociaux » soutenant « une volonté politique d’accès à la connaissance et à la culture ». Tout un programme ! Sous couvert de vouloir instruire les Clermontois, l’édile fait la promotion d’une certaine culture, d’une certaine vision politique.
Un changement inutile…
Le changement des noms des centres sociaux de la ville n’était ni une promesse de campagne ni une demande de la population. Il y a même fort à parier que les habitants du chef-lieu du Puy-de-Dôme se moquent éperdument du nom de ces lieux d’accueil municipaux. Les habitants peut-être, mais pas le maire. Lui a souhaité mettre en lumière des personnalités. Dans une région auvergnate très fière de ses racines, choisir des figures locales du passé comme Fernand Raynaud, Georges Pompidou, Blaise Pascal, André Michelin ou des célébrités actuelles à l’image de Renaud Lavillenie, Aurélien Rougerie, Claire Chazal et Audrey Tautou n’aurait pas fait scandale. La municipalité en a décidé autrement.
Elle a choisi (avec la complicité de quelques votants) « de renommer les centres sociaux, les structures municipales de proximité, par des noms de personnalités connues pour leurs engagements forts et leur dévouement aux services des autres ». C’est ainsi que Wangari Maathai, première femme africaine à avoir reçu le prix Nobel de la paix en 2004 « à la suite de son engagement contre la déforestation du Kenya », grande préoccupation auvergnate, a été honorée. Même chose pour Miriam Makeba, « chanteuse d’ethno-jazz et militante politique sud-africaine », Joseph Ki-Zerbo, « auteur du livre Histoire de l'Afrique noire » et « homme politique burkinabé » ainsi que pour « l’écrivain, poète, dramaturge, anticolonialiste et homme politique français Aimé Césaire ».
…et très orienté
Enfin, Marie Marvingt, seule personnalité du cru (et blanche) du palmarès, est mise à l’honneur car cette « pionnière de l’aviation, inventrice, sportive, alpiniste, infirmière et journaliste française […] est une femme d’exception à une époque où la liberté des records n’était réservée qu’aux hommes ». À noter également, puisqu’il faut changer pour changer, que l’espace Nelson-Mandela devient la Maison Nelson-Mandela, du nom du « dirigeant historique de la lutte contre la ségrégation raciale, avocat et premier président noir d’Afrique du Sud ».
Une sélection qui met en avant tous les sujets de prédilection de la gauche bien-pensante : l’écologie, la lutte contre le racisme, le rejet de la colonisation et le féminisme. C’est presque un sans-faute. Avec Angela Davis, Che Guevara, Mohamed Ali et George Floyd, cela aurait été encore mieux, mais la ville compte trop peu de centres sociaux pour faire la part belle à toutes ces belles âmes.
Avant cette riche idée, ces structures municipales s’appelaient Fontaine-du-Bac, Saint-Jacques, Champratel, Château des Vergnes et Croix-de-Neyrat. Cela n’avait rien de rare, rien d’éducatif et rien d’idéologique, mais cela avait au moins le mérite d’être pratique pour les Clermontois, ces noms étant ceux des quartiers dans lesquels les centres sont implantés. Preuve, s’il en fallait une, qu’Olivier Bianchi ne fait vraiment pas partie de la première catégorie.
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22 commentaires
Quand vont-ils rebaptiser » Pol Pot » un centre culturel ou social ?
En réel écolo mal gracieux , il fait tout comme Hidalgo à Paris ,soit la destruction de la ville par des travaux tout à la fois dont la traduction , est la disparition des commerçants au profit des grandes surfaces et commerce par internet , sans oublier sa lutte contre les automobiles qu’il utilise pourtant alors qu’aller seulement à pieds où qu’il doive aller lui ferait toute sorte de bien , écolos ou faillite = pléonasme !
A Clermont-Ferrand comme ailleurs, la population dans son ensemble ne réagit pas…Donc accepte! Je n’en dirai pas plus, car la censure veille!
Lorsqu’on sait que des travaux détruisent la ville depuis plus de 13 ans, au profit de qui ? et que les clermontois râlent, mais sans plus, que lorsqu’on doit traverser Clermont pour aller chez un médecin (c’est mon cas) le trajet dure 3 fois le temps de « l’ancien temps », on ne vois pas d’autre explication que celle d’…… les gens !