Manif « contre l »islamophobie » : larmes de crocodile et appel à la sédition

À l’appel de La France insoumise, un rassemblement « contre l’islamophobie » s’est tenu dimanche, place de la République. Une réponse de la gauche qui s’est levée comme un seul homme, comme nous l'avons décrit, après le meurtre dont a été victime Aboubakar Cissé, fidèle musulman tué dans une mosquée de La Grand-Combe (Gard), le vendredi 25 avril.
Jean-Luc Mélenchon s’est distingué par un numéro de compassion à tirer des larmes, les siennes. Le leader LFI est interpellé par une musulmane présente au rassemblement : « Monsieur Mélenchon, on ne se sent plus en sécurité, nous, les musulmans. On sort la boule au ventre. » Avec une mine déconfite, l’homme prend alors la femme dans ses bras dans une étreinte, comme Staline, le petit père des peuples, aurait pris le monde des travailleurs dans ses bras : il embrasse toute la communauté musulmane. Devants les caméras, Jean-Luc Mélenchon dénonce ensuite « une ambiance, un climat islamophobe », « entretenu, cultivé », « des mois durant », « et chacun, jusqu'aux plus officiels, s'est senti autorisé à faire des déclarations dont sans doute ils ne mesuraient pas toute la portée et toute la violence pour ceux qui avaient à la subir », sonnant la charge contre le ministre de l’Intérieur. « Lorsqu'on entretient une telle ambiance, on ne doit pas s'attendre à autre chose que les esprits les plus dérangés y trouvent une justification pour leurs actes. » Fermez le ban, les responsables, ne sont plus les criminels mais cette « islamophobie », « incitation à toutes les violences, jusqu’au meurtre ».
FLASH - Jean-Luc Mélenchon, submergé par l’émotion, serre dans ses bras une femme en larmes. Entre sanglots, elle confie : "Tous les musulmans ont peur". (@CLPRESSFR) pic.twitter.com/wEK8CQiSOw
— AlertesInfos (@AlertesInfos) April 27, 2025
Des appels « à l’insurrection »
Non loin de là, on retrouve Ritchy Thibault, le collaborateur parlementaire d’Ersilia Soudais, députée LFI de Seine-et-Marne. Il lance ses diatribes au micro de son mégaphone : « Oui, l’islamophobie tue en France comme l’antisémitisme a tué en son temps. » Il pourfend « les torchons d’extrême droite » : « C’est CNews, c’est Monsieur Bolloré, c’est Frontières », « ils ont du sang sur les mains, l’extrême droite tue ! » On a bien compris que, pour LFI, le contrôle des médias était une priorité. Le parti milite pour la création d’une commission d’enquête parlementaire « portant sur l’islamophobie » où serait surveillé « le rôle des médias », « dans la construction de stéréotypes négatifs à l’égard de l’islam ». L’homme poursuit ses harangues en appelant quasiment à la sédition : « Ce qu’il faut dire aujourd’hui, c’est qu’on ne peut pas compter sur les institutions : la police, la Justice véhiculent l’islamophobie et le racisme, explique l’homme à qui l’accès à l’Assemblée nationale a été interdit. Je le dis, je l’assume, il faut qu’on se défende par nos propres moyens. Il faut constituer partout dans le pays des brigades d’auto-défense populaire. » Des appels « à l’insurrection », selon le ministre de l’Intérieur, qui a annoncé avoir saisi la Justice. Bruno Retailleau avait déjà porté plainte pour injure publique contre cet assistant parlementaire lorsque, en octobre 2024, Ritchy Thibault avait comparé les policiers aux « enfants de Pétain ».
Dans un coin de la manifestation, le député PS de l'Essonne Jérôme Guedj est rejeté aux cris de « sioniste, dégage ». « Derrière les "sale sioniste" que j’ai entendus, j’entendais évidemment autre chose », a réagi le parlementaire, sous-entendant que ses origines juives étaient visées.
Des lois républicaines charia-compatibles
Ailleurs dans le rassemblement, les revendications des participants fleurissent dans les prises de parole : « 1re, 2e, 3e intifada », entend-on, « Aboubakar est victime de tout le poids du racisme d’État » ou encore « on va faire abroger les lois islamophobes, à commencer par l’interdiction du port du voile à l’école ». « Faire abroger les lois islamophobes, c'est rendre les lois républicaines charia-compatibles », a réagi l’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler. « Les Frères [musulmans, NDLR] organisent une chasse à l'islamophobe avant même de connaître le mobile, la nature, la qualification pénale du crime », remarque-t-elle.
Il faut dire que l’extrême gauche ne s’encombre pas de ce genre de détails. Pour caresser ses intérêts électoraux, il n’y a plus de limite. Son indignation à géométrie variable ne trompe donc plus personne et se retrouve dans ce titre de L’Humanité en novembre 2024 : « Thomas, Lola, Philippine : comment l’extrême droite mise sur les faits divers avec le soutien des médias Bolloré ».
Même Abdallah Zekri, recteur de la mosquée Sud-Nîmes et vice-président du Conseil français du culte musulman (CFCM), ne s’y trompe pas. Il déclarait, le jour de la manifestation parisienne et d’une marche blanche organisée à La Grand-Combe : « Ce n’est pas le moment », critiquant les « élus qui tentent de récupérer politiquement » le meurtre. « Je comprends bien que les élections municipales arrivent, mais la décence s’impose. » Tout ceci est en effet limpide comme de l’eau de roche.

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