Manifestation du 9 janvier : ce qui était visible, ce qu’il fallait voir à tout prix
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Cela fait combien de manifestations couvertes depuis l’acte I des gilets jaunes ? Vingt ? Trente ? Cinquante ? Gilets jaunes, pompiers, médecins, paysans, policiers, avocats, ouvriers, familles, catholiques, musulmans… Tous dans la rue depuis plus d’un an. Depuis qu’Emmanuel Macron a décidé de réformer ce pays avec une brutalité politique qui tranchait avec son discours vaguement mystique de candidat. Homme de la finance et de la mondialisation, il avait léché son départ en campagne, vantant la France de l’immigration tout en participant aux fêtes johanniques et en visitant le Puy du Fou. Peu importait, alors, qu’il fût élu pour appliquer le plan de Bruxelles et parachever l’œuvre commencée par la loi Travail.
Le Président de l’en même temps aura duré aussi peu longtemps que le Président du rassemblement que voulait incarner François Hollande.
Dans ces manifestions de gilets jaunes, on a vu la colère populaire. Qu’elle soit poujadiste, conservatrice, périphérique, qu’elle soit la continuité des bonnets rouges ou celle des usines fermées. On a vu, finalement, ceux que nos intellectuels décrivent à longueur d’essai, ceux qu’ont dépeints Christophe Guilluy, Jérôme Fourquet, Gabriel Robin ou encore Natacha Polony. Les perdants de la mondialisation. Ceux qui ne s’y retrouvent plus dans un système qui leur demande chaque jour davantage d’impôts mais qui leur retire leurs services publics. Un système qui les exclut de la mondialisation mais qui leur impose une immigration non maîtrisée, avec son lot de malheur et d’insécurité que les quelques belles histoires d’intégration réussie ne parviennent plus à masquer.
La manifestation de ce 9 janvier a été la quintessence de ce mouvement dans ce qu’il a de meilleur et de pire. En tête de cortège, 3.000 casseurs qui ont attiré les images des journalistes. 3.000 casseurs, donc, habillés de noir et au milieu desquels on apercevait, là un drapeau de la Palestine, là une affiche de Che Guevara, ici un drapeau anarchiste, côtoyant un logo antifa. Le rouge et le noir ont remplacé le jaune. Pour apercevoir la véritable manifestation, il fallait passer les barrages policiers et les grappes de journalistes en quête de violence. Et vous les auriez vus, ces vieux syndicalistes chantant « L’Internationale ». Bien souvent masquée par la sono déchaînée d’un char préférant la rave ou le rap. Des syndiqués qui ne comprennent plus vraiment l’évolution de la société. Leur génération était celle de la déconstruction et de l’illusion libertaire.
Ils manifestent loin des journalistes, car ces derniers préfèrent suivre ceux qui cassent, pillent et défoulent leurs pulsions sur du mobilier urbain. Ces enfants de bourgeois qui n’ont pas hésité à saccager le stand de République souveraine, le micro-parti de l’ex-Insoumis Djordje Kuzmanovic. Ces militants qui se revendiquent antifascistes, mais violentent et agressent ceux qui ne partageraient pas leur vision du monde. Ces enfants de bourgeois qui sont les meilleurs alliés de l’exécutif.
Las, plus personne ne croit aux lendemains qui chantent. Le message usé tourne dans le vide, comme émis par un vieux phonographe rouillé.
Cette manifestation n’aura servi à rien. Plus rien ne troublera un scénario répété et écrit d’avance : les Black Blocs affrontent la police devant les caméras. Philippe Martinez fera une matinale le lendemain matin. Le gouvernement ne bougera pas et réprimera chaque jour davantage. Le parti de l’ordre applaudira. La liberté n’y survivra pas.
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