Manifestation : Élisabeth Borne, une vision particulière de l’unité nationale

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« De la petite poloche », avait éructé le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti, à l'Assemblée. Toute honte bue, il accusait le RN, le 18 octobre 2022, d’exploiter le drame de la petite Lola. Tout est bon contre les partis de Marine Le Pen ou d’Éric Zemmour. Ce 12 novembre, alors que toutes les formations politiques, sauf La France insoumise (LFI), défilaient à Paris et ailleurs contre l’antisémitisme, Élisabeth Borne n’a pu s’empêcher d’envoyer aux Français un message indigne et incohérent, qui en dit long sur ses priorités.

« Cohésion nationale » ?

Sa première phrase aurait pu être signée de tous les manifestants, Marine Le Pen et Éric Zemmour ou Marion Maréchal compris : « Je marcherai tout à l’heure pour les valeurs de la République et contre l’antisémitisme, car ce combat est vital pour notre cohésion nationale », lance notre Premier ministre. Fort bien. Elle aurait pu ajouter que cette cohésion nationale est vitale pour la France. Qu’il est de son devoir, en tant que chef du gouvernement de tous les Français, de la protéger, de l’entretenir, cette unité, fût-ce l’instant d’une manifestation. Elle aurait pu se situer dans le sillage du président de la République qui a tenté l’unité, pour une fois remisant ses provocations et ses « envies d’emmerder » une partie de ses administrés. Elle aurait pu songer aux grands principes, ou simplement à ces Français juifs visés par des ressortissants d’une immigration sans frein et qui n’ont pas besoin qu’on jette de l’huile sur le feu. Elle aurait pu avoir, sinon un geste, au moins un silence en hommage à ces Français qui sont venus derrière Marine Le Pen dire, justement, que l’union nationale n’est pas pour eux un slogan vide de sens. Ils aiment la France, leur patrie, leur nation : « la cohésion nationale », pour eux, a un sens.

L'occasion ratée

Les accueillir sans leur cracher dessus, c’était, pour Élisabeth Borne, le temps d’une manifestation, l’occasion ou jamais de taire les haines, de jeter la rancune à la rivière, d’oublier les petits calculs électoraux, les cordons sanitaires stratégiques, les anathèmes, les mots d’oiseaux, les vieilles haines recuites, les manœuvres d’appareil et les réflexes pavloviens d’une gauche (la sienne) qui fait encore la morale, les mains rouges du sang des victimes de l’immigration islamiste. C’était le moment, le temps d’une après-midi, de s’élever, de songer au pays meurtri, de calmer le jeu.

« Les postures n’ont pas leur place dans ce moment grave », dit-elle justement, ajoutant que « l’absence de La France insoumise parle d’elle-même ». Mélenchon a été clair, en effet, ce 13 novembre, allant jusqu’à se réjouir d’un échec de la mobilisation.

Les provocations de Mélenchon passent. Élisabeth Borne pourrait s’inquiéter de l’absence, dans les rangs de la manifestation, de ces banlieues qui ont voté Mélenchon en masse lors de la dernière élection présidentielle. Il y a là une blessure profonde dans l’unité nationale : Borne passe comme zéphyr sur cette déchirure française. « L’absence de La France insoumise parle d’elle-même » ? C’est une condamnation à demi-mot, par défaut.

C'est que le Premier ministre réserve ses piques les plus cruelles à un parti, un seul. Un parti qui a immédiatement décidé de manifester avec tous ses députés, ses élus, ses partisans. Un parti dans lequel le mot d’ordre, décidé très tôt par Marine Le Pen, n’a pas souffert la moindre contestation. Coup de chapeau ? Pas vraiment : « La présence du Rassemblement national ne trompe personne », prend le soin d’écrire le Premier ministre, juste avant la manifestation.

Que devait faire le RN ?

Qu’aurait dû faire l’opposition patriotique en France ? Exprimer son refus de manifester ? Gageons que le jugement de Borne, ministre de Macron depuis 2017 et ancienne directrice du cabinet de Ségolène Royal au ministère de l'Écologie et, donc, largement complice du désastre migratoire et de ses conséquences, ne se serait pas contenté de laisser parler d’elle-même l’absence du RN, comme elle l’a fait pour LFI. On entend déjà les cris d’orfraie, les accusations d’antisémitisme éternel et forcené, les mises au ban, les « infâmes », « infects », « atroce », « terrible » et leur cortège d’indignations feintes, la vertu en bandoulière et la main sur le cœur.

Le RN et Reconquête manifestent : au lieu de s’en réjouir, Élisabeth Borne ne craint pas de piétiner l’union nationale à laquelle elle vient d’appeler pour accuser, toute en silences et en sous-entendus, un parti qui représente aujourd’hui les intentions de vote au deuxième tour d'environ un Français sur deux. Les accuser a minima d’insincérité, au pire d’antisémitisme à peine voilé. Tout de même. Sur la foi de quoi ? Avec ce genre d'apôtre, l'unité n'a plus besoin d'ennemi.

Il faut bien le constater : pour celle qui a pour charge de gouverner la France et ses 67 millions d'habitants, la lutte partisane passe avant le souci de l'unité nationale. Cette unité nationale a ainsi, aujourd'hui, deux bourreaux de premier plan : Borne et Mélenchon.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

89 commentaires

  1. La première partie de sa déclaration est strictement ce qu’il y avait à dire; tout ce qui suit (concernant le LFI et le RN) est excédentaire, et n’est pas digne d’une première ministre, car il s’agit alors d’une opinion personnelle qui n’a pas sa place dans sa déclaration.

  2. D’un ton monocorde, sans saveur et sans entrain elle reste le porte parole d’un Jupiter qui en fait lui ne sait rien dire sans son contraire !

  3. A l ‘ image de son gouvernement , Borne est mesquine , primaire , méprisante , haineuse , intolérante , incapable ; ces gens là ne mérite vraiment pas le pouvoir

  4. Elle n’est pas à sa place, incapable de rassembler la nation tout au contraire. Bonne élève de son Maître Macron qui dit tout et son contraire en permanence. Des gens qu’on en a assez de voir, assez de leurs mefaits permanents.

  5. A « posture »…posture et demi, donc ! Si ça n’est pas de la « petite poloche », Madame « le » ministre (pardon), que l’on nous damne ! Quant à la « décence » à laquelle nous ramènerait l’aboyeur Véran, ne pourrait-on lui rappeler l’absence de la sienne, quand il demanda un jour aux représentants élus du peuple (ce qu’il n’était pas) de vider les lieux de l’Assemblée nationale…La mémoire de la Shoah, l’horreur du 7 octobre, mériteraient un peu mieux que cela, non ?

  6. la bonne vieille recette de la macronie, lancer des grandes phrases  » nous devons rassembler » mais pas tout le monde, ce gouvernement et son parti n’ont de cesse de diviser les français sur tous les sujets, même celui là qui est vital pour notre pays, la tête de la France macron et borne,, voir larcher et consorts n’ont pas chercher l’unité, ce qui a retenu bon nombre de nos concitoyens de participer, mais nous aussi sommes avec nos amis juifs dans cette épreuve, et nous ne sélectionnons pas qui doit venir qui ne doit pas venir, l’électoralisme de Borne fait peine à voir.

  7. Pas la peine de chercher loin. Il y a plusieurs mois, un article du Figaro, je crois ( on peut donc retrouver l’article ) expliquait que le Président voulait que sa majorité non-majoritaire ne laisse pas le champ libre à « l’extrême droite » ( en pleine ascension ). Ce qui est fait en conséquence. Tout est simple dans le fond… ( ils ne vont pas chercher noise au passé de certains socialistes _ père de F. Hollande, propos de Dumas, Mitterrand décoré et ses amitiés etc ). Non ! lutter contre ceux qui montent _ et ce n’est pas finit.

  8. Peut on s’étonner que les responsables de la fracture préfèrent s’en prendre à ceux qui depuis des années osent dénoncer leur politique qui nous mène au chaos. Leur stratégie de diabolisation s’essouffle et il est à espérer que les prochaines consultations démocratiques prouveront que le peuple n’est plus dupe.

  9. Eh bien moi, je manifesterai peut être pour l’anti sémitisme le jour où on ne le confondra pas avec l’antisionisme.

    • Les français ne confondent pas. La marche contre l’antisémitisme était pour manifester contre l’avalanche d’attaques ignobles que les juifs subissent depuis le 7 octobre en France, leur assurer de notre respect et de notre soutien. Le sujet n’était pas de prendre parti (dans une guerre extérieure), ni de faire de la politique (partisane) La France n’est pas antisémite, le sujet était de dire dans le calme qu’on ne veut pas de ca en France. Le problème chez nous serait le fondamentalisme islamiste qui est formé de fanatiques musulmans radicalisés à ne pas confondre avec les paisibles populations musulmanes. Il ne devrait pas exister de manifestation pro-Palestine ou pro-Israël chez nous. Ce n’est pas normal de transporter ses conflits/guerres dans d’autres pays, surtout en France où nous sommes le pays d’Europe avec la plus grande concentration de juifs et de musulmans. Et on fait quoi des chrétiens chez nous?

  10. Les Français ne s’y trompent plus. Depuis que les sondages montrent que si les présidentielles avaient lieu demain MLP serait à 33% au premier tour, devant tous les autres, ça tremble à gauche et chez les macronistes. Il ne cessent de ressasser les déclarations, certes ineptes, de JMLP, mais qui remontent à 40 ans, affirmant que, si le père l’a dit la fille le pense aussi. Dans ce cas, monsieur Hollande est d’extrême droite puisque son père l’était… La gauche fait l’impasse sur son gourou, François mitterrand, membre de l’administration de Vichy de 1941 à 1943, qui a si bien servi Pétain que ce dernier l’a décoré de la Francisque au printemps de la même année ; grand ami jusqu’à sa mort de Paul Touvier, organisateur de la rafle du Veld’hiv. Qui a profité de sa position de Président pour tenter de freiner son procès et qui, pendant sa présidence faisait déposer chaque année (en toute discrétion) une gerbe de fleur sur la tombe du Maréchal Pétain à l’île de Ré… Ce même Mitterrand qui, ministre de la justice du gouvernement Guy Mollet pendant la guerre d’Algérie, avait refusé 70 demandes de grâce sur les 78 qui lui ont été présentées, laissant décapiter autant de personnes et qui s’est presenté ensuite comme le champion de l’abolition de la peine de mort. On passera aussi sur la pantalonnade de « l’attentat » des jardins de l’Observatoire… Les députés ayant voté les pleins pouvoirs à Pétain étaient en majorité des socialistes à commencer par le président du Conseil Pierre Laval, fusillé à la libération, et membre de la SFIO (Section Française de l’Internationale Ouvrière)…Dans ce cas, on doit aussi se désoler de la présence de la Gauche à la manifestation contre l’antisémitisme…

    • Bien dit. Mais c’est un coup d’épée dans l’eau car comme tout un chacun peut le constater la Société contemporaine baignée dans le wookisme a depuis longtemps perdu toute notion de « l’histoire », notamment celle des 19ème et 20ème siècle !
      Pour confirmation de cet état de délabrement des esprits, la très intéressante diffusion par M6 ce 12 novembre 2023 en soirée d’un reportage sur l’état de notre Éducation Nationale en plein marasme…

    • Comment Madame Borne peut elle parler de cohésion nationale quand elle insulte 42 % des Français qui ont votés pour le RN ?
      Si nous votons RN il y a une raison simple , nous aimons la France et voulons la garder indépendante et non soumise à on ne sait quelle nation ou pensée rétrograde ! Et nous en avons plus qu’assez de cette gauche haineuse et anti Française :!!!

  11. Il me semblait que les manifestations étaient l’apanage du peuple pour qu’il puisse alerter les dirigeants sur leurs problèmes. Je trouve surprenant que ce soit maintenant les dirigeants qui appellent à la manifestation.
    Est-ce un aveu d’impuissance de leur part ? Ils se couchent devant l’Europe ?
    On est habitués à ce que tout fonctionne à l’envers …

    • Oui, c’est vrai, c’est le monde à l’envers! Ce sont nos dirigeants qui nous chantent « allo, maman ,bobo».
      Le populo nous fait plein de misères!

  12. Avec Borne, la haine exprimée avec diplomatie. Nos médias recherchent l’origine de cette haine véhiculée par des français. Seraient-ils aveugles ? Ce régime macronien n’est que haine retenue tant sa force sous-jacente est puissante. Macron l’a exprimée dès ses premiers mois d’exercices : « Les populistes, ces lépreux ». Il ne s’en est jamais excusé. Mais il fait des ronds de jambes aux algériens !

    • Le régime macronien est jospiniste depuis l ‘origine….quoi attendre de ce premier ministre qui est de cette tendance précisément ?….rien !!

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