Manuel Valls a envoyé une nouvelle carte postale à Emmanuel Macron

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Comment proposer ses services à Emmanuel Macron sans paraître suffisant ? Manuel Valls pense avoir trouvé la solution en prétendant, sur RTL, ne pas faire d'appel du pied au président de la République. Mais ses propos, malgré ses précautions oratoires, confirment sa réputation d'arriviste.

Souvenez-vous, ce n'est pas si lointain... Après son échec aux primaires de la gauche, après avoir vainement attendu que Jupiter lui fît signe, il est parti à la conquête de Barcelone. Résultat : une simple place de conseiller municipal. Voilà qui ne suffit pas à assouvir son appétit ! Juste de quoi aiguiser ses dents longues. Mais avec la décision de tenir le second tour des municipales le 28 juin, ce pourrait être une occasion, pour Macron, qui veut « se réinventer », de procéder à un profond remaniement. Une place deviendrait vacante, si Édouard Philippe était élu et choisissait le mandat de maire du Havre. Coucou ! je suis là, s'écrie Valls.

Interrogé par RTL, il rappelle donc qu'il existe et dessine les grandes lignes d'un gouvernement idéal. « Il faudra un gouvernement particulièrement solide face aux défis qui s'annoncent », explique-t-il. « Il faut rassembler » car « le pays est très fracturé » : l'enjeu social et économique « nécessite beaucoup d'unité nationale ». Si ce n'est pas un appel du pied, ça en a tout l'air ! Et de rendre hommage au travail du Premier ministre, dont il assure qu'il « fait bien son job ». Un éloge funèbre en prévision de son prochain départ ?

Ne croyez pas que Manuel Valls ait largué les amarres avec la France : il ne l'a jamais oubliée. Quand on lui demande quelle serait sa réponse si Emmanuel Macron le sollicitait, il proclame son amour de notre pays : « J'aime la France, j'aime les Français. » Avec autant d'ardeur qu'il aimait Barcelone et les Barcelonnais. Quel cœur d'artichaut ! Un véritable don Juan du patriotisme ! Il est vrai que c'est un Européen convaincu, pour qui Barcelone ou Paris, c'est du pareil au même, pourvu qu'on lui offre un siège digne de lui.

Notre Président sera-t-il sensible aux avances de Manuel Valls ? Après tout, ils ne manquent pas de points communs. Il y a peu, ils participaient au même gouvernement et chantaient la gloire de François Hollande avant de contribuer à sa chute. Mais si Macron veut bâtir un nouveau « projet français », à supposer qu'on croie à cet engagement, il ne serait pas habile de faire appel à un politicien de l'ancien monde qui, malgré ses qualités personnelles, suinte l'ambition et l'opportunisme. Manuel Valls risque fort d'être éconduit.

Quant à savoir si Macron trouvera chaussure à son pied pour remplacer Édouard Philippe, c'est une autre affaire ! Les prétendants seront nombreux parmi ses courtisans, mais la servilité ne remplace pas le talent.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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