Manuel Valls sait-il encore où il habite ?
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Manuel Valls ? Si on écrit un papier sur lui, on ne sait plus vraiment dans quelle rubrique il faut le classer. People ? Lorsqu’il révèle qu’il s’est séparé de son épouse, la violoniste Anne Gravoin, et qu’il est désormais « en couple », comme on dit sur Facebook, avec Olivia Grégoire, la sémillante députée LREM de Paris. Politique ? Quand il propose d’interdire le salafisme et la rétention des fichés S les plus dangereux. Une aubaine pour les sarcastiques qui ont beau jeu de faire remarquer qu’il avait tout loisir de mettre cela en œuvre lorsqu’il était Premier ministre. Humour ? Si l’on considère que la dernière idée d’aller se parachuter à Barcelone en 2019 pour les prochaines élections municipales relève des farces et attrapes. Notons que sous ces trois rubriques - People, Politique et Humour -, tout est interchangeable.
Relation de cause à effet - allez savoir ! -, depuis qu’il porte la barbe, on a un peu le sentiment que le fier hidalgo ne sait plus vraiment où il habite. Rescapé du naufrage socialiste, il a sauvé in extremis son siège à l’Assemblée nationale où il semble traîner son ennui au milieu d’une bande de freluquets de la République en marche. Il se prenait pour Clemenceau et, s’il ne réagit pas, les chenapans iront bientôt lui tirer la barbe pour voir s’il bouge encore. Olivia Grégoire devrait les rassurer sur ce point.
D’où aussi, peut-être, cette idée d’aller briguer la mairie de Barcelone, sa ville natale. En voilà une idée qui fleure bon son cosmopolitisme. Un jour à Paris, le lendemain à Barcelone. Mon salon est un hall d’aéroport. Et puis Barcelone, ça vous a une autre gueule qu’Évry et sa pénurie de « blancos » sur le marché. Une idée qui ravirait le regretté Coluche, qui constatait qu’en France, "on a des hommes politiques que le monde entier nous envie". Il ajoutait, souvenez-vous : "Ils pourraient venir les chercher, d’ailleurs, mais ils ne viennent pas !" Le concept a donc un peu évolué : comme on ne vient pas chercher nos hommes politiques, c’est eux qui viennent. Si tu ne vas pas à Lagardère, Lagardère… Ça doit être ça, la différence entre la politique de l’offre et celle de la demande.
Il semblerait, pourtant, qu’on ne nous envie pas tant que ça nos hommes politiques. La Dépêche titrait, hier, "Manuel Valls, maire de Barcelone ? Les Barcelonais entre enthousiasme et scepticisme". Micro-trottoir catalan rapporté par le journal de la dynastie Baylet : "Ça n’a aucun sens d’imaginer que quelqu’un qui n’a jamais vécu à Barcelone puisse diriger cette ville ! Je ne vois pas mes voisins voter pour quelqu’un qui ne connaît pas leurs problèmes et qu’ils n’ont jamais vu." C’est pas faux. Des propos qu’il faut cependant relativiser depuis qu’en France, on a élu un Président qui n’a même pas été conseiller municipal…
Le 8 avril 2014, dans son discours de politique générale à l’Assemblée nationale, Manuel Valls nous avait fait sa déclaration d’amour à la France et à la République. "Je me dis qu’il y a peu de pays au monde qui permettent à des citoyens nés à l’étranger et ayant appris les valeurs de la République d’accéder aux plus hautes fonctions de l’État…" Aujourd’hui, d’une certaine façon, nouvelle déclaration d’amour, mais à Barcelone, où il envisage de se présenter sous les couleurs d’un parti de centre droit pour s’opposer aux indépendantistes : "Je me suis impliqué dans ce débat parce que je suis né à Barcelone et je suis fils de Catalans, mais aussi parce que je suis européen, et que les conséquences pour l’Europe sont très importantes. J’aimerais bien continuer à participer à ce débat."
Décidément, la vie sentimentale de Manuel Valls est faite de rebondissements.
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