Marche blanche pour Nicolas, le jeune rugbyman : « Une histoire qui se répète »
4 minutes de lecture
Ce mercredi 6 novembre, une marche blanche se tenait à Romans-sur-Isère (Drôme), en mémoire de Nicolas, un jeune rugbyman de 22 ans, abattu d’une balle dans la tête tandis qu’il faisait la queue pour entrer dans une boîte de nuit, le 31 octobre. À peine un an après le meurtre du jeune Thomas, c'est donc un autre Romanais qui tombe, comme si la ville de Romans-sur-Isère et son club de rugby semblaient atteints par un coup du sort. BV était présent sur place.
Déjà une demi-heure avant le début de la marche prévue à 15 heures, des centaines de personnes sont présentes au point de départ. Thibaut Monnier, député apparenté RN de la Drôme, et Vincent Trébuchet, député UDR de l'Ardèche, sont présents.
À Romans-sur-Isère, la marche blanche pour #Nicolas démarre ⬇️ pic.twitter.com/607CStmvqu
— Boulevard Voltaire (@BVoltaire) November 6, 2024
À 15 heures, le cortège s’ébranle sur un pont, presque religieusement, mené par une banderole tenue par des personnes vêtues d’un tee-shirt blanc. Derrière, des dizaines de jeunes, au féminin comme au masculin, sont vêtus d’un maillot à ligne blanc et bleu ciel. Dans ce cortège qui s’étend à perte de vue, ils sont des milliers. En fin de cortège, une banderole laisse voir : « Tristesse, colère, on est Nico ». Elle sera présentée à l’entrée du stade à côté de gerbes de fleurs, ornant des maillots de rugby et une photo du jeune homme aux couleurs du club.
Nicolas était un jeune homme sans histoire, comme le répètent ceux qui le connaissaient. Nico, Kolbe, Colac, Balou, mais aussi La Princesse, La Petole, Mon Nain, Mon Dieu, tels sont ses surnoms indiqués sur la banderole. Il était tout cela à la fois pour ceux qui le connaissaient et qui l’aimaient. Le cortège rejoint le stade de rugby du jeune homme, où des ballons bleus remplis d’hélium sont remis aux marcheurs. Les proches de Nicolas, et en première ligne ses coéquipiers, forment un cercle sur la pelouse. Le maire de la ville, Marie-Hélène Thoraval, ne dit rien, grave, elle rejoint la banderole et tient par l’épaule le président du club également entraîneur de Nicolas.
Ils réconfortent les parents de #Nicolas ⬇️ pic.twitter.com/J9o563ylL3
— Boulevard Voltaire (@BVoltaire) November 6, 2024
Un à un, la cinquantaine de joueurs, salue les parents du jeune homme. L’émotion est palpable. Ils se regroupent ensuite et s’exclament : « 1,2,3 Nico ! » puis c’est l’applaudissement. C’est la fin des hommages publics : ils sortent de la foule, suivis ensuite par les parents et les proches, applaudis chaudement.
Dans un carré privé derrière les barrières, les joueurs, la famille et les amis se retrouvent. Les personnes viennent se recueillir auprès d’une sorte d’autel avec des fleurs et des bougies portant des mots d’adieu devant un portrait du jeune homme tout sourire et tourné vers l’avenir. Un avenir qu’un jeune suspect de 23 ans, arrêté lundi à Cavaillon, a décidé de lui voler.
Bougies et mots d’adieu… #Nicolas ⬇️ pic.twitter.com/zgqIovwXd1
— Boulevard Voltaire (@BVoltaire) November 6, 2024
Des personnes font la queue pour saluer les parents et leur présenter leurs condoléances. Le père nous confie être trop ému pour s’exprimer au micro de BV. Les coéquipiers de Nicolas non plus ne souhaitent pas se livrer.
La sidération pour les marcheurs
Un ancien habitant qui a quitté Romans il y a deux semaines nous répond : il rembobine les précédentes attaques et meurtres à Romans, depuis 2019. « C’est prémédité puisqu’ils avaient des armes sur eux ». Venu de la gauche de la gauche, il poursuit : « J’ai des amis qui vivent au Maghreb et qui nous disent : cela ne peut pas se passer chez nous. Chez vous en Europe, vos juges laissent tout passer. »
Ahmed, un Valentinois d’origine algérienne, plaide pour une justice ferme et une éducation stricte : « Il faudrait un stage militaire de trois mois pour former la jeunesse. Les gens se rendraient compte qu’en France, il y a des règles, un couloir duquel on ne peut dévier. »
Deux femmes qui ont grandi avec les parents de Nicolas sont venues crier à l’injustice et se disent impuissantes. « C’étaient des anges », assurent-elles, en parlant aussi de Thomas. Elles regrettent que « des personnes de haut lieu » ne soient pas venues. « Maintenant, tout le monde se promène avec des couteaux, des fusils, des crans d’arrêt, s’indignent-t-elles. Même ici. » Elles appellent à continuer à jouer au rugby, une religion à Romans. Il faut continuer à vivre, en sortant en discothèque par exemple : c’est ce que pense aussi une Mylène, une Avignonnaise, rencontrée en marge de la marche. C’est la quatrième fois qu'elle participe à une marche blanche en peu de temps. Elle a la terrible impression que cela devient normal. « On est dans une histoire qui se répète et cela n’a pas l’air de faire bouger qui que ce soit »...