« Marie », un prénom en voie de disparition

Si 20 % des filles nées en 1900 s'appelaient Marie, elles ne comptent plus que pour 0,3 % des naissances, aujourd'hui.
Capture d'écran
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C’est une voix qui compte, dans le débat public. Au cours d’un récent entretien pour la chaîne YouTube Transmission, l’analyste politique de renom Jérôme Fourquet a livré de nouveaux chiffres chocs sur les tendances profondes de notre société. Il y a pointé l'essor du narcotrafic - 4.000 points de deal recensés à travers le pays - et de l’individualisme à tout crin, mais aussi l’inexorable déchristianisation de la France.

Largement abordé par le sondeur dans ses ouvrages, ce phénomène peut se mesurer à l’aune de divers paramètres. Il se dévoile, par exemple, à travers la chute du taux de fréquentation de l’office dominical : 35 % des catholiques allaient à la messe tous les dimanches, en 1960, contre 3 ou 4 %, aujourd’hui. Il s'observe également dans la popularité croissante de la crémation qui, jusqu'à récemment, était contraire à la tradition catholique : 0,9 % des obsèques donnaient lieu à une incinération, en 1980, contre 43 %, aujourd'hui. Une mutation profonde des pratiques en quelques décennies à peine.

L’américanisation des prénoms

Mais au-delà des changements de pratiques, Jérôme Fourquet prend aussi en compte le rôle joué par les influences culturelles extérieures dans la déchristianisation de la France. Le déclin de ce qu'il nomme la « vieille matrice catholique » se fait notamment jour à travers l’analyse des prénoms donnés aux enfants. « On peut mesurer la profondeur de l’incrustation de ce que j’appelle la "couche yankee", c’est-à-dire l’influence américaine dans la société française par les prénoms, explique le politologue. En 1993, vous avez 12 % des garçons qui naissent en France qui reçoivent un prénom anglo-saxon. C’est ce que j’appelais la "France des Kevin". Kevin a été le prénom masculin numéro un de 1989 à 1996. »

En parallèle, les prénoms issus du calendrier des saints ont largement perdu du terrain. C’est le cas de certains prénoms féminins typiquement catholiques. « On regarde la part de marché du prénom "Marie" sur les naissances féminines en France de 1900 à nos jours. Dans certains départements, c’est une fille sur deux qui recevait ce prénom !, analyse Jérôme Fourquet. On passe de 20 % des petites filles qui recevaient ce prénom, en 1900, […] à 0,3 % des petites filles qui naissent en France aujourd’hui. »

https://twitter.com/marc_vanguard/status/1907105097710178361

Si l’américanisation de la société française reste forte - comme en témoigne la popularité sans faille de la chaîne de restaurants McDonald's -, elle ne suffit plus à expliquer la perte de vitesse des prénoms d’origine chrétienne. Comme l’indique Jérôme Fourquet, le pic de popularité des Kevin, Jordan et autres Dylan a été atteint en 1993. L’abandon, la même année, d’une ancienne loi édictée par Napoléon a rendu possibles toutes les fantaisies et les parents s’en sont dès lors donné à cœur joie. Il suffit de jeter un coup d’œil au classement des prénoms les plus populaires, établi par l’INSEE pour l’année 2023 : aucune Marie, Élisabeth, Esther ou Judith dans le Top 50, ni même aucune Jennifer ou Brenda, mais des Inaya, des Nour, des Inès, des Alya en veux-tu en voilà.

L’autre colonisation culturelle

Aujourd'hui, seuls 7 à 8 % des prénoms dans les naissances sont anglo-saxons, nous apprend encore Jérôme Fourquet. Ils ont été dans le vent dans les années 90 et ont ensuite été peu à peu déclassés. La mode est désormais à un grand métissage, lié aux flux migratoires qu’a subis notre pays, ces dernières décennies.

Quelle est la part des prénoms d’origine musulmane que les parents donnent, aujourd’hui, à leurs enfants en France ? Les médias et les chercheurs ne se bousculent pas au portillon pour répondre à la question. Auraient-ils peur de ce qu’ils découvriraient ?

En décembre 2021, l’AFP avait publié un long article de « fact-checking » destiné à contredire Éric Zemmour sur le sujet. « Non, l'INSEE n'a pas recensé "22 % de nouveau-nés portant un prénom musulman" en France », s’indignait l'agence française. Cette dernière tenta d’apporter une réponse à la question mais dut reconnaître que « la tâche est délicate ». Sans autre recours, prise à son propre piège, elle finit par consulter Sylvain Manternach, qui venait de publier avec Jérôme Fourquet un livre sur ce thème, et reconnut que la proportion des prénoms arabo-musulmans donnés aux bébés en France est passée de « quasiment rien du tout, dans les années 60, à 18,8 %, en 2016 ». Autant dire que, neuf ans plus tard, on a probablement largement dépassé les 20 %.

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Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

21 commentaires

  1. Ils ne veulent pas de statistiques ethniques…un calcul rapide… nous pouvons imaginer que si aujourd’hui les nouveaux nés des 2 sexes sont passe a plus de 20% de prénoms Arabo-musulmans, il y a donc plus de 20% de migrants Arabo-musulman naturalises ou presque. Nous pouvons aussi imaginer 20 autres % de migrants divers et varies. Il ne resterait donc en gros que 60% de Francais de souche environ sur 4 ou 5 générations. Moi-même issu d’un couple mixte Franco-slave (la guerre), j’ai aujourd’hui du mal a me situer.

  2. « la proportion des prénoms arabo-musulmans donnés aux bébés en France est passée de « quasiment rien du tout, dans les années 60, à 18,8 %, en 2016 ». Autant dire que, neuf ans plus tard, on a probablement largement dépassé les 20 %. »

    Ok = mais si les prénoms américains n’ont plus la côte non plus, (« seuls 7 à 8 % des prénoms dans les naissances sont anglo-saxons, »), les 70% restants sont des prénoms venant d’où?

  3. Pour l’équité filles-garçons, je m’attendais au moins à un paragraphe sur le nombre de garçons en 1900 qui avaient pour premier prénom Marie… bien souvent inutilisé au profit du deuxième ou troisième prénom.

  4. Il est clair que si les français de souche trouvent normal de perdre leurs racines, les populations immigrées, notamment musulmanes, cherchent à les imposer. Quand les autochtones auront enfin réalisé qu’il est primordial de revenir à nos racines, il sera sans doute trop tard.

  5. C’est pourtant le beau prénom féminin qui sonne doux quand on le prononce. C’est le nom de la mère du Christ. C’est le prénom d’une très grande dame qui a révolutionné par ses recherches la vie énergétique, Marie Curie. C’est un prénom de beaucoup de femmes illustres. C’est un prénom biblique. Certains americaniser le prénom de leurs enfants ça fait bien mais avec un pur accent du midi ça fait ridicule par exemple. Alors ouvrons les yeux et surtout les oreilles et restons français.

  6. Marie est effectivement un très beau prénom. Mais les tendances changent, pas forcément en bien. Voici quelques années, j’ai entendu un jeune papa dire à son fils « Lee Roy, viens ici ». J’ai éprouvé de la peine pour le petit. On m’a appris que Lee Roy était un personnage de série.
    Désormais, on peut choisir l’orthographe de son prénom. Casse-tête dans les administrations.

    • Je connais une femme politique (Cécile Duflot, secrétaire nationale des Verts) qui a prénommée sa fille Térébentine !
      Pendant la révolution française, les prénoms étaient particuliers = Pensée, Bouton d’or, Trèfle, Pêche, Rhubarbe, Prune, Floréal, Germinal, Potiron .

      Et prénoms composés tels que = Jacques Pomme de terre, Jean Asperge, Louise Primevère, Blanche Ruche, Jean Muguet, Gertrude Charrue, Mûre Françoise, Moulin François, Choux fleur Fidèle, Haricot Marie, Poule Dominique ou encore Jacques Lapin……

      Les modes passent avec le temps.

  7. Ma grand-mère maternelle, née en 1881, et qui s’appelait …. Marie, avait constaté après la Grande-Guerre de 14-18 que son époux, d’origine Bretonne, et qui avait Marie dans ses prénoms, était revenu intact de la guerre dont il avait un héros, De même pour tous les hommes de notre entourage qui s’appelaient aussi Marie, protégés par la Sainte-Vierge. Et elle a exigé que tous ses petits-fils s’appellent aussi Marie. Dans ma cousinade de six garçons, nous sommes tous … Marie et tous Officiers de Réserve.! Cela a été plus difficile a faire admettre par mon grand-père paternel Britannique, qui était Baronnet ! Eric Marie Hartley VII Fletcher,

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