Marine Le Pen, émouvante dans la tourmente

marine le pen

La presse en est ravie. Les chiens sont lâchés. Au Rassemblement national, il règne sans doute, ces jours-ci, une drôle d'ambiance. Alors, oui, il y a bien les sondages, qui donnent Marine Le Pen au second tour face à Emmanuel Macron. Il y a bien cette véritable ferveur dans les milieux populaires, quand la candidate du RN se déplace sur les marchés, auprès des citoyens. Il y a l'abnégation de ses militants, humbles et tenaces. Habitués aux quolibets, aux insultes, aux calomnies, ils continuent à « boîter », à « tracter », à organiser la campagne.

Il n'empêche. Invitée sur CNews, cette semaine, Marine Le Pen a confié que l'absence de soutien de Marion Maréchal était quelque chose de « violent » et « brutal ». Elle a montré un visage inattendu, une certaine émotion, un sourire un peu triste, qui semblaient - mais peut-être est-ce naïf de le croire - sans aucun calcul. Sa sortie d'aujourd'hui, sur la « taqiya » de certains transfuges non encore déclarés, qu'elle invite à « partir maintenant », n'a pas changé en profondeur l'image qu'elle renvoie depuis peu.

Digne, émouvante même, jusque dans la tourmente, Marine Le Pen force le respect. Certes, les causes des départs (il est trop tôt pour parler d'hémorragie) de plusieurs cadres du RN sont compréhensibles. La frange historique, catholique, conservatrice, a été impitoyablement éradiquée, parfois avec beaucoup d'injustice, durant les dernières années. Ceux qui ont conquis les premiers postes du parti font partie d'une petite coterie, qui a progressivement isolé la dirigeante d'une bonne partie de son encadrement intermédiaire. Le RN a renoncé à tout ce qui pouvait être trop clivant dans son discours, tentant même, çà et là, d'attirer l'électorat de La France insoumise. Maintenant que le réel s'impose à près de 40 % du corps électoral, maintenant que l'angélisme bêta des éléments de langage progressistes vole en éclats (« chance pour la France », « les heures sombres », « vivre ensemble », etc.), Marine Le Pen a peut-être considéré qu'elle n'avait plus besoin de forcer.

Le premier tour de l'élection présidentielle aura lieu dans presque 70 jours. Valérie Pécresse, inaudible, incompréhensible, démagogue jusqu'à la nausée, est - espérons-le - disqualifiée. Emmanuel Macron, insupportable à une grande partie de ses compatriotes, caracole apparemment en tête. Merci à la propagande covidiste, à l'allongement de l'espérance de vie chez les cadres et à cette « nouvelle présence réelle » de la télé dans les foyers, selon le mot cruellement exact de Patrick Buisson. Le destin d'Éric Zemmour reste en suspens. Celui de Marine Le Pen, apparemment, aussi.

Rendue sympathique par les émissions people de Karine Lemarchand et de France Inter, Marine Le Pen l'est également devenue avec ces tristes histoires de ralliements, qui donnent une impression de supplice chinois, interminable et angoissant pour le RN. Il y a quelque chose de presque pathétique à imaginer la solitude obsidionale de sa cour, dans un parti à la dérive. Sa force méritait d'être saluée. Cela étant dit, que le meilleur ou la meilleure gagne !

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

92 commentaires

  1. Force le respect? Pas le mien. Les mensonges, les manipulations, l’actors studio, ça ne force pas mon respect. M Le Pen a poussé Marion dehors, puis a révélé son possible ralliement à Zemmour. Ensuite elle va pleurer comme si tout cela était une suprise.

    Le fou**ge de gu**le m’inspire assez peu de compassion. Ajouter les mensonges répétés sur Z. qui « roule pour Pécresse » selon MLP par exmple. Cela ne m’inspire pas non plus de compassion. Que les médias suivent pour faire sa campagne non plus.

  2. L’opération Zemmour a été lancée par le camp mondialiste « Bolloré-CAC 40-Davos » pour faire éclater le « camp populiste » (qui pointait à 33% en 2021) à la manière de la « gauche d’aujourd’hui. Zemmour, fer de lance de l’opération, n’ayant pas réussi, malgré une campagne médiatique en forme de tsunami, à dépasser MLP dans les sondages, tente aujourd’hui son va-tout: l’affaiblir en débauchant ses soutiens et adhérents afin de permettre à Pécresse d’être au second er aux populistes d’éclater .

    • Ce que vous dites est fort possible mais Marine a tout fait pour éloigner d’elle les gens qui avaient fait le FN et qui en avaient les idées fondatrices : lutte contre l’immigration et la délinquance, sauvegarde des valeurs de la famille traditionnelle et des valeurs chrétiennes de notre civilisation. Son souci de dédiabolisation du parti, louable et efficace au départ, a submergé tout le reste. Zemmour a au moins le mérite de véhiculer nos idées et nos espoirs.

  3. La compassion envers une personne ayant fait preuve d’une cruauté totale (et manque de respect filial minimum) envers son père qu’elle a su chasser d’un mouvement QU’IL AVAIT CREE !!! cette compassion ne me parait pas recevable.

    Par ailleurs nombre de ses proches collaborateurs la quittent simplement parce qu’ils ont compris combien elle est dialectiquement sous qualifiée par rapport à E. Macron.

    Pas d’états d’âme inutiles SVP.

  4. On ne peut contenter tout le monde. Beaucoup de Français n’auraient jamais voté FN Rn si JM Le Pen et sa ligne s’étaient maintenus. Cruel mais vrai.

    • Je votais déjà pour le FN, mais je dois dire, que des fois, je pestais contre ses propos et je l’ai même détesté pour ce qu’il avait dit de sa petite fille.

  5. Ne pas se laisser abattre , MLPen est capable d’affronter tout ça .Ce qui est fort dommage c’est qu’elle et Zemmour ne puisse trouver un terrain d’entente qui est nécessaire pour virer les traitres de tout bord qui ne pensent qu’a achever la destruction de ce pays déjà bien entamé par Macron et sa clique de fossoyeurs .

    • Affaire d’egos. Pourquoi a-t-elle écarté Marion ? Ne serait-ce pas parce qu’adorée par les militants, Marion lui faisait trop d’ombre ? Alors qu’elle ne s’étonne pas aujourd’hui, et qu’on ne vienne pas nous dire que ceux qui la quittent le font par intérêt. Ce qui serait possible dans un autre parti, ne l’est pas dans ce camp. S’ils la quittent, c’est pour rester fidèles à des idées.

  6. Le non soutien de Marion Maréchal était évident depuis le début, cette dernière ne peut soutenir MLP et le RN sans renier ses propres convictions que l’on connaît, et qui la rendent plus proche de Zemmour que de sa tante.
    Le fait de paraître surpris et déçu n’est que de la communication de la part de MLP;
    Comme Macron et tous les politiciens professionnels, le plus important pour elle, est de paraître, non d’être …

    • En effet, paraître et non être. Mais je veux bien, pour une fois, croire en sa sincérité. Mais il ne faut pas qu’elle s’étonne après avoir écarté Marion et ceux de son courant.

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