Marine Le Pen inéligible : la presse de gauche cache mal sa joie

Le couperet est tombé. Par la magie de « l’État de droit », la chef de file de l’opposition au gouvernement français vient d’être rendue inéligible à la prochaine élection présidentielle. Ses éventuelles démarches en appel n’y feront rien : la sanction est déjà effective. Il se trouve, en plus, que Marine Le Pen était donnée, dans les derniers sondages, à 37 % d’intentions de vote, apparaissant en position d’être enfin élue. Sacré coup du sort.
Dans la plupart des pays développés, cette mise hors jeu du principal candidat d’opposition ferait scandale et susciterait l’indignation de tous les démocrates. Pas en France. Chez nous, cela passe sans problème. À lire certains médias, la décision historique rendue lundi 31 mars 2025 serait parfaitement légitime. Ce serait plutôt ceux qui s’en offusquent qui menaceraient la démocratie.
Touche pas à mon juge
Dans son édito de mardi matin, La Provence indique, ainsi, que les défenseurs de Marine Le Pen jouent « la carte de l’agitation et de la révolte populaire » et qu’ils auront même « des comptes à rendre ». Le directeur de la rédaction du journal, Olivier Biscaye, n’a pas de mots assez durs contre « les perturbateurs habituels de la stabilité », ces « pyromanes » qui osent critiquer des juges et ainsi alimenter « la machine populiste qui fonctionnait déjà à plein régime depuis quelques semaines ».
Cette théorie d’une magistrature parfaitement neutre, au-dessus de tout soupçon et qui se serait contentée de rendre « une décision de justice somme toute inscrite dans le droit », est largement reprise dans la presse de gauche. C’est aussi le cas de Ouest-France, qui explique que « les magistrats ne font qu’appliquer les lois élaborées par les représentants du peuple, durcies à la demande des citoyens ».
Et puis, de quoi se plaint Marine Le Pen ? « Les idées et le programme du RN continueront à être proposés aux électeurs lors des prochaines élections », nous explique-t-on, puisque le parti est « parfaitement libre de désigner un autre candidat ». Comme si les candidats étaient interchangeables... Par ailleurs, ceux qui banalisent l’élimination de Marine Le Pen et affirment, aujourd’hui, que son poulain peut très bien la remplacer seront les mêmes qui reprocheront, demain, à ce dernier de ne pas avoir l’expérience nécessaire pour devenir président de la République.
ÉDITORIAL. Marine Le Pen condamnée : un jugement n’est pas un déni de démocratiewww.ouest-france.fr/politique/ma...
— Cyril Petit (@cyrilpetit.bsky.social) 2025-04-01T06:37:25.829Z
Dans un texte étalant sa joie mauvaise, Laurent Joffrin, ex-patron de Libération, raille une Marine Le Pen qui ferait les frais d’une sévérité judiciaire qu’elle avait jadis appelée de ses vœux. Sauf que le « laxisme judiciaire » tant décrié par le RN n’a jamais bénéficié aux élus. Ou, en tout cas, pas à ceux de droite. Demandez à Éric Zemmour, Nicolas Sarkozy, François Fillon, Claude Guéant ou encore Patrick Balkany. L’acharnement que ceux-là ont subi montre bien que, dans certains cas, la Justice sait mettre de côté le laxisme qui la caractérise généralement.
Le service public fidèle à lui-même
Sur France 5, Patrick Cohen a livré son analyse bien prévisible, reprenant à son compte l’ensemble de l’argumentation du tribunal correctionnel de Paris. Le journaliste de gauche a moqué la « sortie théâtrale de Marine Le Pen », son impréparation, le « déni manifesté du RN face à la gravité des faits », et a rendu grâce aux juges qui, selon lui, « n’ont fait qu’appliquer la loi ». Quant au caractère exécutoire de cette peine d’inéligibilité, il serait tout aussi justifié : « La principale prétendante à la magistrature suprême subit un jugement qui n’a rien d’exceptionnel ! », jure Patrick Cohen. Et l’éditorialiste d’ajouter que « 58 % des peines d’emprisonnement ferme prononcées en première instance ont été mises en œuvre immédiatement », en 2023…
️ "Les juges affirment que Marine Le Pen ne pouvait ignorer qu’elle était en infraction, mais qu’elle en a toujours contesté la réalité, multipliant les recours dilatoires, niant jusqu’aux évidences y compris pour certains prévenus, jusqu’à leurs propres écrits de l’époque.… pic.twitter.com/Ar5ulM1hjB
— Laurent SEGNIS (@LaurentSegnis) April 1, 2025

La une de L'Humanité du 1er avril.
Un détail d’importance échappe cependant au chroniqueur de C à vous. L'exécution provisoire est en effet courante, mais uniquement lorsqu’il s’agit de délinquants et criminels dangereux. Dans ces cas-là, la Justice estime qu’il convient de placer l'accusé immédiatement en prison, sans attendre son jugement en appel, afin de protéger la société. Mais lorsqu'il s'agit de peine d'inéligibilité, comme c’est le cas de Marine Le Pen, l'exécution provisoire relève, au contraire, de l’exception : seuls 3 % des cas ont donné lieu à une application immédiate de la peine, ces dernières années. On est loin des 58 % donnés par Patrick Cohen pour justifier le verdict visant la figure de proue du RN…
Aphatie sans surprise
Dans ce contexte, ouvertement hostile au camp patriote, Jean-Michel Aphatie se méfie au plus haut point des sympathisants du RN et de leur réaction face à l’élimination de leur candidate de cœur. Un électorat un peu bovin sur les bords que les proches de Marine Le Pen pourraient facilement exciter et pousser à la révolte. « Ils vont expliquer que la Justice fait de la politique et que ce qui est cherché par ce jugement, c’est de barrer la route au RN. Cela peut prendre, des gens peuvent y être sensibles, a ainsi alerté le sexagénaire, dans la presse. Beaucoup de gens qui ont envie de voter pour Marine Le Pen pourraient juger cela injuste, considérer que c’est une atteinte à la démocratie. On peut leur répondre que c’est la loi, mais ils resteront hermétiques. » À croire que ces beaufs de Français ne comprennent vraiment rien au droit !
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59 commentaires
A entendre les différents hommes politiques commenter le jugement implacable envers Marine Le Pen j’ai été atterrée de constater l’incroyable malhonnêteté intellectuelle de la gauche à commencer par P. Thévenot et O. Faure un modèle d’hypocrisie et de joie mauvaise à peine voilée. Maintenant il y a aussi un point qui n’a pas été évoqué : les sommes faramineuses réclamées par la justice comme s’il s’agissait en plus de l’élimination de candidats il fallait aussi assécher les finances du RN pour être certain que ce parti ne se relève jamais !