Marion Maréchal crée Identité-Libertés : les coulisses d’une grande ambition
Précision ce 9 octobre : Un dirigeant de Reconquête dément fermement ces propos de Marion Maréchal : « Plus de la moitié des cadres locaux de Reconquête m’ont suivie spontanément ». « Bientôt, Mme Maréchal dira que 150 % des cadres de Reconquête ont quitté le parti et, pourquoi pas, que le RN hésite à la choisir comme candidate en 2027 !, ironise ce dirigeant. Plus c'est gros...»
L'article : Pour mener le combat politique, Marion Maréchal avait besoin d'un outil efficace. Les négociations et les préparatifs ont pris plusieurs mois. « Soit je créais un parti ex nihilo, explique-t-elle à BV, soit je travaillais avec Laurence Trochu [présidente du Mouvement conservateur, NDLR] : cette structure existait, il était plus malin de la transformer. C’était un gain de temps et d’énergie ». Lundi soir, l’ex-tête de liste de Reconquête aux européennes a rassemblé les dirigeants du petit Mouvement conservateur dans un endroit discret du XVe arrondissement de Paris. Le scénario prévu s'est déroulé sans accroc. Laurence Trochu a démissionné de la présidence et Marion Maréchal a été élue à l’unanimité des votants pour la remplacer. Dans la foulée, il a été décidé que le nom du Mouvement conservateur disparaissait pour donner naissance à un autre mouvement, Identité-Libertés. Ce 7 octobre au soir, Le Figaro publiait, avec un peu d’avance sur l’horaire convenu, un entretien de Marion Maréchal qui annonçait la nouvelle.
Alea jacta est ! Marion Maréchal replonge dans la fournaise électorale, cette fois avec un parti à sa main, mais héritier d’une histoire.
Capital humain
Le discret Mouvement conservateur est né de Sens commun, la branche politique de la Manif pour tous. Très marqué par l’engagement catholique, il a vocation à dépasser cet ancrage. La nièce de Marine Le Pen trouve dans la corbeille « un capital humain à redéployer », selon elle : des cadres, des militants, parfois venus de la branche conservatrice des partisans de François Fillon en 2017, des structures locales et régionales, renforcées de transfuges de Reconquête, et des pôles de réflexion thématiques (économie, médias, etc.). « On va compter nos billes rapidement, assure un cadre régional ex-Reconquête contacté par BV. Tous les cadres qui ont quitté Reconquête se sont rejoints sur un fil WhatsApp : tout le monde attendait. » Les inscriptions au nouveau parti sont désormais ouvertes.
Les semaines qui viennent seront cruciales pour mesurer l’attractivité d'Identité-Libertés. « Plus de la moitié des cadres locaux de Reconquête m’ont suivie spontanément », nous assure Marion Maréchal. Le nouveau parti espère séduire aussi des élus et cadres LR pour renforcer la structure qui compte six élus « marionistes » : trois députés européens - Guillaume Peltier, Nicolas Bay et Laurence Trochu - et trois députés à l'Assemblée nationale - Thibaut Monnier, Anne Sicard et Eddy Casterman.
Reconquête « dans une impasse politique »
Le parti, pourtant né d'une scission avec Reconquête, veut rompre avec une droite patriote historiquement plus encline à la fragmentation qu’à l’unité. « Je ne suis pas là pour créer un énième mouvement politique, confie Marion Maréchal. Nous serons une des pièces nécessaires pour faire gagner le camp national, une pièce qui a manqué lors des législatives. » Elle se veut pragmatique. Le RN écrase le paysage politique à droite : elle en prend acte et veut animer une stratégie d’alliances tournées vers la conquête du pouvoir. C’est l'origine de sa rupture avec Reconquête, insiste-elle. « En refusant l’union au risque de faire gagner la gauche, la direction de Reconquête s’est enfermée dans une impasse politique. »
Concrètement, Marion Maréchal a déjà discuté de la suite avec ses alliés Jordan Bardella, Marie Le Pen et Éric Ciotti, mais les négociations autour des candidats ne sont pas à l'ordre du jour. Un cadre évoque des listes d’union pour les futures élections municipales de 2026.
Une grande tournée en régions
Les municipales sont en effet le premier et principal objectif électoral, sauf si une seconde dissolution de l’Assemblée nationale intervient avant. Ainsi, dès les prochaines semaines, le parti désignera des responsables régionaux. Une attention toute particulière sera portée aux métropoles où les marionistes comptent déjà des profils enracinés ou élus. Pour mobiliser les bonnes volontés et emporter les cadres hésitants restés chez Reconquête ou chez LR, l’ancienne députée de Vaucluse va entamer très vite une grande tournée en régions. Le parti organisera aussi à Paris, en 2025, un événement mobilisant le groupe des Conservateurs et Réformistes européens auquel appartient Marion Maréchal à Strasbourg : s’y côtoient 54 députés issus de 16 pays, membres de groupes comme l’Italien Fratelli d’Italia (Meloni), l’Espagnol Vox ou le Polonais Droit et Justice. La machine est lancée. Notre cadre régional ex-Reconquête est plein d'enthousiasme : « Il n’est pas impossible que le RN se dégonfle et qu’on devienne un gros parti », lance-t-il.
Patriote et libéral sur le plan économique, Identité-Libertés devra, pour émerger, se différencier des partis d'Éric Ciotti, Nicolas Dupont-Aignan et Éric Zemmour. Un défi.
Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 12/10/2024 à 17:29.
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste
Pour ne rien rater
Les plus lus du jour
ZFE : quand les écolos font la guerre aux pauvres
Lire la vidéo
133 commentaires
elle a encore choisi des perdants, voir ce cadre qui ne voit que l’éventualité de prendre des adhérents au RN, ça c’est s’imposer d’après lui. Comme elle, elle a le sens du timing, pendant que le RN ex FN est au tribunal elle lance son parti, comme en 2017 ou elle avait annoncé qu’elle ne se représenterait pas aux législatives 15 jours avant le 1er tour de la présidentielle, si ça ce n’est pas de la magouille ça y ressemble étrangement.
Elle aurait dû garder la terminologie « conservateur » dans le nom du parti, voire de l’appeler purement et simplement Parti Libéral-conservateur, cela aurait moins effrayé l’électorat de droite modéré comme elle le dit.
La S.A. le Pen est le repoussoir absolue au vote de nombreux électeurs de la droite républicaine .
Je suis de droite depuis mes 18 ans, mais pour rien au monde je ne voterais pour ces le Pen ….!
Lisez une biographie de J.M.le Pen .
« le fil rouge sur le bouton rouge , le fil vert sur le bouton ? « Bref , ça devient n’importe quoi chez les « insoumis » du RN
Bravo Marion, votre approche, qui semble désorienter bon nombre de non-penseurs pourrait être la bonne.
Ben du coup, PRO EUROPE, PRO EURO, PRO OTAN et PRO UKRAINE… on voit le changement qu’ils nous prévoient: l’immobilisme et la tutelle européenne.
Avec ça, on va avancer n’est ce pas?
Faire comme Mme MELONI? Baisser l’immigration clandestine et distribuant des papiers aux clandestins?
Parce que l’immigration, c’est une volonté européenne.
Ne pas contrôler sa monnaie, c’est perdre son souverainisme
Ne pas contrôler sa politique étrangère, c’est perdre son souverainisme
Ne pas contrôler son armée, c’est perdre son souvenrainisme
etc..
Ils se sentent bien dans le rôle de gestionnaires, sacrées ambitions!
« Patriote et libéral sur le plan économique… » autrement dit, une dose de souverainisme dans beaucoup d’européisme. Donc, de fait, pas de souverainisme. Ceux qui prétendent gouverner la France en la maintenant dans la soumission aux injonctions de Bruxelles, ne sont pas autre chose que des candidats à des postes d’administrateurs pour le compte d’instances supranationales non élues qui n’ont que faire de la volonté des peuples.
« en refusant l union , reconquète…. » mais ce n est pas reconquète qui a refusé l union mais le RN » de toute manière le RN a abandonné tout ce qui faisait son intéret et sa singularité (peine de mort, sortie de l euro , sortie de la CEDH,abandon du tarif européen de l électricité , abandon de la suppression de la double nationalité etc etc ) d ailleurs il semble d accord avec barnier pour geler la revalorisation des retraites sans bien évidement toucher a quoique ce soit du cout de l immigration…
l intéret de voter pour le RN me semble chaque jour qui passe moindre….
Marion Maréchal peut y arriver , elle a eu raison de quitter Zemmour qui n’est pas un Politicien , il s’est juste fait « embarquer » par S.Khafo , ça lui passera . Avec Le Pen , Ciotti , Maréchal , ça peut se faire à condition que Ciotti et Maréchal respectent la « hiérarchie » !
Qui a trahi trahira !
Se distinguer du RN ne sera pas difficile tant le programme social du RN frise celui du PS, pour Ciotti il y aura plus de convergences
On ne m’ôtera pas de l’idée que cette nouvelle fragmentation de la droite est le résultat d’une incompatibilité fondamentale entre les ambitions deux fortes personnalités féminines ! Lamentable.
Je déteste ce genre de procédé .diviser pour régner .pas bien jolî tout cela .
je pense que le clivage traditionnel entre la gauche et la droite est dépassé; personnellement , je suis un homme de droite car mes convictions personnelles reposent sur des valeurs morales traditionnelles et chrétiennes mais nous devons, pour redresser la France qui est à la dérive, nous rassembler précisément sur ce qui réunit les patriotes fiers et amoureux de la France ! Ces valeurs communes qui rassemblent c’est l’amour de la France, son identité, son histoire, sa sécurité, son indépendance, la suprématie de son droit sur le droit européen et ces valeurs communes qui ont fait la France n’appartiennent ni à la droite, ni à la gauche mais à la France; nous devons donc nous rassembler sur l’essentiel notre identité et notre amour de la France
Prôner l’identité et la liberté sans vouloir clairement sortir de l’union européenne est une incohérence qui rend absurde ce programme impossible à appliquer.