Marion, revenez-nous vite !

On s’y attendait un peu, depuis que Le Canard enchaîné avait laissé entendre, le 5 avril, qu’elle envisageait de ne pas briguer un second mandat et de quitter la présidence du groupe FN en PACA. Marion Maréchal-Le Pen a officiellement confirmé sa décision dans la presse régionale, ce mercredi matin, la justifiant par "des raisons personnelles et politiques".

Marion – c’est ainsi que vous appellent vos amis –, vos ennemis politiques s’en sont réjouis, espérant que votre retrait affaiblirait votre parti. Mais beaucoup de Français regrettent votre départ. Votre grand-père a estimé que "cela va créer une grande déception", ce en quoi il n’a pas tort. Mais il est moins inspiré quand il évoque une "désertion".

Car vous avez toujours fait preuve d’un courage hors pair au cours de votre mandat parlementaire. Dès le premier jour, où de nombreux députés refusaient de vous serrer la main et que vous les regardiez, étonnée de leur sectarisme. Puis, dans chacune de vos interventions à l’Assemblée, quand vous affrontiez les quolibets ou les ricanements de la majorité de gauche, tandis que vous forciez l’admiration des plus sincères des députés de droite. Ou encore face aux journalistes, médusés par votre éloquence.

Permettez-moi, Marion, d’approuver totalement votre décision, car elle est conforme à vos convictions.

"J’ai beaucoup manqué à ma petite fille dans ses premières années si précieuses", écrivez-vous, ajoutant : "Elle m’a aussi terriblement manqué. Il est essentiel que je puisse lui consacrer plus de temps." Comment ne pas vous comprendre, vous qui avez toujours soutenu la famille, défilant aux premiers rangs de la Manif pour tous ? Non pas pour récupérer des voix, comme tant de députés UMP - qui ont vite tourné casaque -, mais par fidélité à ce que vous pensiez profondément.

Vous écrivez que votre décision est également justifiée par des raisons politiques. Les médias soulignent vos désaccords avec Florian Philippot, oubliant que vous les avez toujours minimisés et que vous vous êtes loyalement ralliée à la ligne définie par les instances de votre parti.

La véritable raison, c’est que vous avez compris que "l’époque des politiciens déconnectés du réel avec des décennies de mandat électif derrière eux est révolue" et que vous ne voulez pas, un jour, leur ressembler. C’est pourquoi vous souhaitez entreprendre "une expérience dans la vie civile".

Vous voulez rendre sa noblesse à la politique et, pour cela, "prouver aux Français qu’il existe aussi des élus libres et désintéressés refusant de s’accrocher coûte que coûte à leur statut et à leurs indemnités". Quand on voit comment des élus de droite et de gauche sont prêts à toutes les compromissions pour conserver leur siège, votre geste a valeur d’exemple.

Votre lettre, publiée par la presse, n’est pas une lettre de démission : c’est une lettre d’espoir. Vous annoncez que "[vous ne renoncez pas] définitivement au combat politique", soulignant votre attachement à la France et aux Français : "J’ai l’amour de mon pays chevillé au cœur et je ne pourrai jamais rester indifférente aux souffrances de mes compatriotes." En maintes occasions, vous l’avez montré. Vous le montrerez encore dans l’avenir.

Marion, merci pour tout ce que vous avez déjà fait. Vous avez plus de maturité et de lucidité que ces politiciens professionnels qui se vantent de leur expérience et se renient par intérêt.

Revenez-nous vite !

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 10/09/2024 à 10:11.
Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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