Marlène Schiappa : parce que je suis femme, parce que je suis mère, parce que je le vaux bien…

Vendredi dernier, Marlène Schiappa, ministre délégué chargé de la Citoyenneté, était attendue à l’Assemblée. Très attendue, puisqu’elle y est arrivée en retard et s’est fait sermonner par la présidente de séance, Laëtitia Saint-Paul.

« Madame Schiappa, dans ma formation on m’a appris qu’être à l’heure, c’était déjà être en retard ; je pense que nous accepterions toutes vos excuses », a lancé la députée LREM depuis son perchoir. En français vernaculaire, on appelle cela se faire remonter les bretelles.

Il en faut plus pour démonter Marlène Schiappa, qui s’est ainsi justifiée : « Il s’avère que j’ai terminé, hier soir, à 2 heures du matin, les discussions au Sénat et que, ce matin, j’avais simplement un enfant qui était malade et dont je devais m’occuper de la garde pendant la journée pour pouvoir me rendre ici avec vous. Ce sont des choses qui arrivent. Les ministres sont des êtres humains. » Etc. Et bla-bla-bla…

La France, émue, est éperdue de reconnaissance pour cette mère si dévouée à la cause. D’ailleurs, questionné sur l’incident, le ministre a remis ça dimanche, au micro du « Grand Jury » de RTL-LCI-Le Figaro« Je préfère arriver six minutes en retard où que ce soit, où que ce soit [on notera le syndrome de répétition, appelé syndrome Castex, NDLR] même avec la reine d’Angleterre, et avoir pris la température de ma fille et lui avoir fait un bisou pour me préoccuper de ce qu’elle allait faire de sa journée en tant qu’enfant qui est malade, plutôt que d’arriver à l’heure et de me dire toute la journée que je n’ai pas pris le temps d’aller faire un bisou à ma fille et de m’occuper d’elle, de la soigner, de lui donner ses médicaments. »

Femme moderne et mère exemplaire, Marlène Schiappa en a profité pour adresser « un mot de solidarité à toutes les femmes, toutes les mères, tous les papas aussi […] qui, des fois, n’ont pas d’autre choix que d’arriver en retard parce qu’ils ont un enfant malade, parce qu’il y a une grève à l’école, parce qu’ils n’ont pas de nounou aujourd’hui et à qui on fait des remontrances au travail [...] Je voudrais leur adresser un message de solidarité et leur dire que ça ne doit pas être tabou d’avoir des enfants. La solidarité et l’empathie ça ne s’arrête pas à la porte de la vie politique. »

Respect ! dit la France émue. Marlène est comme Nafissatou et Carmen, mères débordées qui arrachent leurs enfants au sommeil aux premières heures du jour avant de sauter dans le métro pour aller vider les corbeilles et nettoyer les WC des cabinets ministériels…

Pardon, Marlène, mais tu me fais bien rigoler. S’il est vrai que tu as quitté le Sénat à 2 heures du matin, j’imagine qu’il y avait à la maison une nounou pour garder tes filles qui ne sont plus en couches-culottes mais sont déjà de grandes adolescentes. Et puis, quoi, comme tes copines Hidalgo et Royal, tu penses qu’être femme est une excuse à tout ?

Cela permet, en tout cas, quelques petits arrangements avec la vérité…

 

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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