Marseille : la libération d’un caïd présumé du grand banditisme fait polémique

Dans les rangs de la police, la décision est inaudible.
@Robert Valette/Wikimedia Commons
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Il s’appelle Pascal Gomez-Galeote. Il a été remis en liberté le 3 octobre dernier par décision de la Cour de cassation. Une libération qui met en lumière les défaillances de la Justice française et qui agace dans les rangs de la police.

Pascal Gomez-Galeote est une figure majeure du grand banditisme marseillais. En février 2018, son demi-frère, Antonio Martinez, alors chef de la « bande de Marignane », est assassiné sur le parking du parc d'attractions OK Corral de Cuges-les-Pins. S’ensuivent des guerres de pouvoir internes et la scission du gang en deux groupes. Pascal Gomez-Galeote, dit « Doli », prend la tête de la branche la plus puissante et poursuit son œuvre : narcotrafic, corruption, règlements de comptes…

Une décision insoutenable

Il est activement recherché par la police, qui mettra finalement la main sur lui en janvier 2019, dans la station de ski de Pra Loup, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Cette arrestation met fin à un an de cavale et le conduit à la prison d’Avignon-Le Pontet, dans le Vaucluse. Il est placé en détention provisoire dans l’attente de son procès. Cinq ans et dix mois plus tard, son procès n’a pas eu lieu mais il est libéré.

Le 1er octobre dernier, la cour de cassation a jugé que la détention « n’était plus nécessaire à la manifestation de la vérité ». Ce, alors même qu’en avril dernier, la cour d’appel d’Aix-en-Provence avait refusé la levée d'écrou. Pour rappel, Pascal Gomez-Galeote est mis en examen dans plusieurs affaires, dont des complicités d’assassinat et des tentatives de meurtre, et il avait rendez-vous, ce lundi 14 octobre, au tribunal correctionnel de Marseille pour association de malfaiteurs et corruption active dans le cadre l’affaire Haurus. Pour rappel, Haurus est le pseudonyme utilisé sur le darknet par Christophe Boutry, un ancien membre de la DGSI soupçonné d’avoir fourni des renseignements à des groupes criminels.

Un message délétère

À la surprise générale, Pascal Gomez-Galeote s’est bien présenté à la barre, ce lundi. Il était là en homme libre, au grand désarroi de nombreux policiers et magistrats. Interrogé par BV, Bruno Bartocetti, délégué de la zone sud du syndicat Unité, le confirme : « C’est très difficile pour le moral des enquêteurs. C’est insoutenable parce qu’il est très difficile d'appréhender ce genre d’individu. C’est un très lourd travail qui est bafoué. Ça peut être perçu comme une provocation ». Il ajoute : « Ce n’est pas audible dans nos rangs, ça ne peut pas l’être dans l’opinion publique. Je n’ai pas envie de dire que la Justice ne fait pas son travail, mais elle n’a pas les moyens de fonctionner » .Le policier rappelle également que « ça renforce le sentiment d’impunité » des narcotrafiquants et des bandits en général.

Le policier fait part de « [sa] stupeur et de [sa] colère ». Il ne peut également s’empêcher de penser à certains de ses collègues en détention provisoire alors que ce caïd qui ne « présente aucune garantie morale pour la Justice » est libre. Il est désabusé. Bruno Bartocetti réagit avec une grande émotion, signe que, même si Pascal Gomez-Galeote s’est bien rendu à son procès, cette libération a fait des dégâts. Elle a envoyé un message déplorable aux policiers, aux magistrats, aux victimes du narcotrafic et aux narcotrafiquants eux-mêmes. La Justice française va mal, cette affaire en est une énième preuve.

Vos commentaires

26 commentaires

  1. Cinq ans pour ne pas prendre de décisions. Ce n’est plus de la lenteur, c’est de la paralysie.
    Ça fait peur ! je connais beaucoup de gens qui font un détour pour ne pas passer devant un tribunal. Mieux vaut être prudent !

  2. Pays de droits: On respecte le droit, même et surtout le plus injuste
    Pays de justice: Là où la justice (ce qui est juste) règne.

    Ce n’est absolument pas le même monde!

    • Ça fait plusieurs fois que dans les commentaires que je dis qu’il ne faut pas faire confiance en la justice de ce pays gangrenée par le gauchisme et le wokisme. Ces gens ne vivent pas au même endroit que nous et leur attitude et décisions sont semblables à de la complicité. Vivement le jour où nous pourrons enfin leur demander de rendre compte de leurs actes malfaisants.

    • Il y déjà très longtemps que je n ai vraiment plus aucune confiance dans cette justice
      Il faut des magistrats élus comme aux usa et plus fonctionnaires et ceux qui ne feront pas ou mal leur travail devront en chercher ailleurs car ils seront virés par le suffrage populaire

  3. La France est sous le joug d’une mafia politicarde et les juges ne sont indépendants que sur le papier du fait qu’ils sont très politisés. On libere un grand voyou et on maintient en prison des policiers pour des actes accompplis dans le cadre de leur travail. La France avance à reculon le face à face est inévitable.

  4. C’est assez logique, on ne peut pas garder quelqu’un 5 ans en prison sans qu’il y ait eu un jugement, peut-être était-ce naturel en URSS mais nous sommes en France.

    • Cet individu, n’est pas « quelqu’un », c’est un grand bandit dangereux quand on regarde son pédigré. En ce qui concerne la trop grande lenteur de la « justice », c’est un évidence.

  5. Une seule chose à espérer pour tenter de comprendre le cataclysme macronien en matière de sécurité et de justice, tenir compte de sa suspicion d’être un indic bien informé pour les forces de l’ordre …

  6. Nous savons que l’institution judiciaire n’est pas laxiste puisque le socialiste Migaud , qui garde les sceaux, l’a affirmé, mais cette libération appelle une autre question : la ”justice” serait elle incompétente ou complice?

  7. Le vrai grand banditisme est peut-être à Paris dans ce monde mer d’eux de la Politique de tous poils.

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