Marseille : la revente de pièces détachées volées, l’autre trafic phocéen

Lorsqu'elles ne sont pas revendues localement par des garagistes véreux, les pièces volées partent en Afrique.
voiture désossée Marseille
captureX FranceTV

Marseille, son Vieux-Port, ses calanques, ses voitures désossées… Parmi les nombreux trafics qui ont cours, au sein de la deuxième ville de France, celui des pièces détachées volées. Les Marseillais le savent : lorsqu’ils ne disposent pas de garages fermés, les risques de vols sur véhicules sont importants. En 2023, les services de police et de gendarmerie ont enregistré 2.824 larcins de ce type (soit 3,23 pour 1.000 habitants), à Marseille. À titre de comparaison, à Paris, il n’en a été recensé que 1,12 pour 1.000 habitants, à Toulouse 1,41 pour 1.000 habitants et à Nice 0,9 pour 1.000 habitants.

Parmi les véhicules les plus touchés, les Clio et les Mégane de la marque Renault, les Peugeot 3008 et les Volkswagen Tiguan. Ces voitures étant des succès commerciaux, le potentiel de revente est plus important. Le vol de pièces de voitures n’est, en effet, pas du pur vandalisme, il est commis à des fins commerciales. Si les coques de rétroviseurs, les caméras de recul, les pare-chocs, les jantes ou autres ordinateurs de bord sont dérobés, c’est pour être revendus.

Un trafic qui tourne à plein régime

Par qui ? Dans la majeure partie des cas, par des garagistes marseillais véreux. Beaucoup sont même à l’origine du trafic. Ils passent des commandes à des petites mains qui ont pour mission d’aller chercher telle ou telle pièce pour répondre à la demande de leur clientèle. Rudy Manna, porte-parole du syndicat Alliance Police, le confirme à BV : « C’est structuré et répandu. Les voleurs savent comment et quoi voler. » Il précise : « Ce sont souvent des vols en rafale qui ont lieu dans des endroits où il n’y a pas de caméra, dans des parkings souterrains, dans des résidences ou dans la rue. »

Lorsqu’elles ne sont pas revendues localement, les pièces prennent la direction du port. Elles sont chargées dans des conteneurs et partent au Maghreb ou en Afrique subsaharienne. Pour le policier, « Marseille, c’est le cœur de la meule », l’épicentre d’un important trafic qui dépasse largement les frontières de la France.

L’immensité de ce trafic peut se mesurer à l’Estaque, au lieu-dit La Galine. Au mois d'août dernier, Jean-Yves Sayag, conseiller métropolitain délégué à la Propreté, l'Hygiène et aux Décharges sauvages, s’est rendu sur place. Il y a trouvé un cimetière de carcasses de voitures. Toutes « vidées et coupées en quatre » puis « jetées en bas de la colline ». Il s’agit des restes de véhicules volés dans les rues de la cité phocéenne et désossés pour alimenter le trafic en pièces diverses.

Un trafic sans encombre

Depuis, l’accès à la colline a été fermé. Les voitures ne viennent plus s’y entasser. L’endroit est désormais “réservé” aux motos, plus faciles à dissimuler et à faire passer entre les rochers qui bloquent le passage. Les voitures, elles, sont jetées ailleurs, dans diverses zones, parfois dans les calanques. Le business est trop lucratif pour que la fermeture d’une décharge sauvage suffise à y mettre un terme. « Tout le monde sait qu’à Marseille, il y a des économies parallèles et que ça, c’en est une », explique Rudy Manna.

Pour autant, le problème n’est pas pris à bras-le-corps. Comme le dit le policier, « ce n’est pas une priorité ». D’une part parce que les policiers marseillais ne peuvent pas être partout, d'autre part parce que la Justice est débordée et, enfin, parce que les victimes sont remboursées par leurs assurances, ce qui annule, d’une certaine manière, le préjudice et rend le sujet moins sensible. Rudy Manna conclut : « Médiatiquement, ce n’est pas payant. » Ça l'est, en revanche, pour les trafiquants.

Vos commentaires

4 commentaires

  1. Alors que les entreprises ferment, que la dette publique augmente, qu’on critique les français de ne pas vouloir travailler, on peur constater que tous les trafics sont en plein essor. Et si le problème n’était en fait que l’état qui est incapable de donner de l’initiative et sanctionne le travail, mais surtout est incapable d’assurer la sécurité. Il y a urgence à nettoyer les écuries d’Augias.

  2. Moi, quand on m’a volé mes enjoliveurs, on ne m’a rien remboursé du tout car le préjudice était inférieur à la franchise !

  3. Déchéance de nationalité française pour les binationaux délinquants.
    Dans les cités sensibles a forte immigration, des clandestins s’improvisent garagiste , et réparent les voitures en utilisant les pièces de voitures volées

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