Marseille : Les quartiers nord sur les cartes touristiques, quelle idée ?

quartiers nord marseille

C’est la nouveauté de l’été 2024 à Marseille : les quartiers nord figurent désormais sur les plans de la ville distribués aux touristes. L’objectif de cette carte étendue est « de rappeler aux visiteurs que tout Marseille se visite », comme l’indique à BV l’office du tourisme. Une affirmation étonnante, lorsque l’on sait que même les Marseillais évitent de se rendre dans les quartiers nord à cause de leur dangerosité.

En effet, pour beaucoup de locaux, le rapport bénéfice/risque ne joue pas en faveur de ces secteurs. Jean-Luc, un habitant du VIe arrondissement, confie : « Dans les quartiers nord, quand on n’est pas obligé d’y aller, on n’y va pas. Il y a sans doute des jolies choses à voir mais c’est une zone hostile. » Comment lui donner tort, alors que ces quartiers sont connus pour être des zones de non-droit, des plaques tournantes de la drogue et des lieux de règlements de comptes ?

Des quartiers dangereux…

Comment l’office du tourisme peut-il imaginer que les touristes y seront les bienvenus, alors que les Phocéens qui ne sont pas du quartier sentent qu’ils dérangent quand ils s’y aventurent ? De leur côté, les touristes rencontrés par BV ne semblent pas non plus emballés par la proposition. Une Toulousaine confesse : « Il est hors de question que nous mettions les pieds là-bas. On ne va pas aller chercher les ennuis. » Elle ajoute : « Imaginez, nous allons visiter quelque chose et nous prenons un mauvais chemin. Que se passera-t-il si nous nous retrouvons là où il ne faut pas ? » Elle fait référence aux cités sensibles gangrenées par le narcotrafic, nombreuses au nord de la cité phocéenne.

Autre chose étonnante : les suggestions de visites faites par l’organisme. Si ce n’est l’Estaque (XVIe), l’un des quartiers les plus pittoresques de la ville où nombre de peintres comme Paul Cézanne, Georges Braque, Raoul Dufy et autres Jean Renoir se sont établis et qui vaut réellement le détour, certains lieux référencés sur le plan laissent à désirer. Dans le XVe, l’office du tourisme préconise un passage par le marché aux puces. Pour que les touristes achètent des vêtements de contrefaçon, des montres volées ou des animaux importés sans autorisation ? Dans le XVIe, la piscine de la Castellane, implantée en contrebas de la cité du même nom où s’est déroulée l’opération Place nette XXL en mars dernier, est, contre toute attente, aussi mise en avant.

… à l’intérêt touristique très relatif

Notons, également, qu’en plus d’être dangereux et parfois avec un intérêt relatif, les lieux valorisés par l’office du tourisme sont tout bonnement inaccessibles. Le réseau de transport en commun est très peu développé, au nord de la ville. Pour se rendre du Vieux-Port au marché aux puces, deux ou trois bus seront nécessaires, suivant l'heure. Même chose, ou presque, pour aller à la Bastide Saint-Joseph (XIVe), autre lieu indiqué sur le plan. Là, les touristes devront commencer par un trajet en bus, puis quelques stations de métro, pour finir en bus, à nouveau, le tout en une heure environ, pour arriver devant un édifice qui ne se visite pas... Il n’y a pas à dire, ça fait envie !

Des propositions plus saugrenues les unes que les autres qui pourraient laisser penser que l'intégration des quartiers nord au plan touristique de la ville relève plus de l’opération de communication que d’un réel désir d’élargir l’offre touristique marseillaise. Ce n’est sans doute pas plus mal.

Vos commentaires

25 commentaires

  1. J’ai le souvenir d’un trajet en bus de la gare St Charles à Plan de Campagne à 20 km de là, effectué par mon fils quotidiennement alors en classe préparatoire à Marseille. Ce jour-là, un bouchon monstrueux sur l’autoroute décide le chauffeur de contourner l’obstacle en passant dans les quartiers nord. Au fur et mesure de son avancement dans la cité, mon fils se renfonce dans son siège en espérant disparaître. Pourtant habitué à une cité où vivait sa grand-mère, jamais encore il n’avait été confronté à ce qu’il voyait là sous ses yeux ébahis : Dheepan avant l’heure

  2. D’une part, Rio de Janeiro fait bien visiter ses favelas aux « gogo touristes » en mal d’exotisme, et ça marche. Donc Marseille ne fait que se mettre à la page d’une évolution touristique qui de surcroit écarte de la population à risque dans les pinèdes qui risquent de bruler. Ainsi que des calanques bondées qui ne peuvent plus accueillir plus de monde.
    Et n’oublions pas le « petit commerce » des banlieue qui va pouvoir s’étendre avec ces afflux de clients potentiels, qui viennent à domicile…

  3. L’office du tourisme devrait être attaqué pour mise en danger de la vie d’autrui. Si quelques touristes étrangers ne connaissant pas la triste réputation du coin se laissent prendre à la visite, seront-ils en droit de porter plainte pour complicité après s’être faits dépouiller, violer voire plus…. ?
    Comme de l’habitude gaucho-wokiste : l’art de mettre la poussière sous le tapis et de chanter bêtement la diversité heureuse….
    Cet organisme

  4. lol c’est vraiment mal connaître Marseille !!! PERSONNE ne rentre dans ces quartiers, personne. Si on n’y habite pas, on doit se garer loin, et appeler un pote pour qu’il vienne nous chercher. C’est comme ça que ça se passe dans la vraie vie.
    Après faut pas déconner non plus, en dehors des cités pourries des quartiers nord, la zone reste parfaitement normale, juste très pauvre, c’est tout. Ce n’est pas un zoo, non plus.

  5. Moi née à Marseille et aimant la ville, je ne vais jamais dans ces quartiers où il n’y a rien à voir à moins d’aimer le dépaysement pour le prix d’un ticket de bus
    Et je ne conseillerais jamais des touristes à les visiter
    Quel est l’intérêt de proposer ces lieux aux touristes?
    Pour augmenter le pourcentage des agressions ?

  6. Et l’office de tourisme pense que ces touristes reviendront ? Qu’ils inciteront d’autres « touristes » à venir ? Je pense plutôt qu’ils diront aux candidats à l’immigration qu’à Marseille, pas de problème, tout le monde peut venir. Il me semble même que la télévision algérienne avait fait un reportage sur « Marseille, le ville la plus algérienne de France » ou un truc dans le genre. En tout cas, pas de doute, Marseille est une ville bien « enrichie ».

  7. Par pudeur et par crainte de se faire égratigner par la bienpenance,l’article ne le précise pas,mais on peut imaginer que ces quartiers que l’Office de Tourisme marseillais recommande d’aller visiter,regorgent de spcimens issus de la diversité qui constituent la richesse locale,selon la formule consacrée.Les touristes sont donc invités à s’imprégner de ce type de patrimoine humain,qui vient étoffer l’offre touristique globale.

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