Marseille : Un énième fait divers, une énième victime collatérale

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« Au mauvais endroit, au mauvais moment. » Voici une phrase qui résonne régulièrement dans les rues de Marseille, ces derniers temps. Une phrase à la fois tragique et fataliste. Tragique parce qu’elle est souvent prononcée à la suite d’un drame, comme cela a été le cas le dimanche 10 septembre dernier, lorsque Socayna, 24 ans, a été touchée et tuée par une balle perdue alors qu’elle travaillait dans la chambre de son appartement. Fataliste car, d’une certaine manière, elle laisse entendre que rien n’aurait pu éviter un drame comme celui-ci, que c’est un hasard malheureux, voire le destin.

Il faut dire que la deuxième ville de France est tellement habituée à ce type de faits divers qu’ils deviennent presque banals. À force, l’émotion a laissé place à la désolation puis à la résignation. Les Marseillais savent que fréquenter les quartiers sensibles de la cité phocéenne, c’est prendre le risque d’être atteint par une balle perdue. Avant Socayna, il y a eu une mère de famille nombreuse de 43 ans, en mai dernier, un homme de 63 ans, un mois plus tôt, un chauffeur VTC de 27 ans, en janvier, et bien d’autres encore. Mais peut-on décemment compter les morts et les blessés et ne rien faire ? Se contenter de dire qu’ils étaient au mauvais endroit, au mauvais moment alors que l’origine du mal est clairement identifiée ?

Ces personnes sont les victimes du trafic de drogue et de la guerre des gangs que se livrent les narcotrafiquants de la cité phocéenne. Ce sont les martyrs des caïds qui règnent sur certains quartiers et qui imposent leur loi à grands coups de rafales de kalachnikov. Des citoyens qui devraient être protégés par la France si elle était plus État de droit qu’État avec zones de non-droit. Malheureusement, depuis des dizaines d’années, une certaine « paix sociale » a été achetée avec les mafieux, comme l’explique le sénateur (non inscrit) et ancien maire du 7e secteur de Marseille (XIIIe et XIVe arrondissements), Stéphane Ravier, sur son compte X. Résultat : les points de deal se multiplient, de nouveaux quartiers tombent chaque jour aux mains des trafiquants et la ville, dans son ensemble, devient de moins en moins sûre.

Depuis le début de l’année, 44 homicides sur fond de trafic de stupéfiants ont été recensés à Marseille. Les habitants de la cité phocéenne payent les pots cassés d’une politique et d’une justice laxistes, parfois au prix de leur vie. Une situation qui ne fera qu’empirer si le ton ne se durcit pas. Pour Stéphane Ravier, il y a une nécessité absolue à « mener une guerre méthodique. De la nourrice au consommateur, en passant par les guetteurs, les dealers et les tueurs à gage » pour « mettre un coup d’arrêt à ce fléau ».

Peine de réclusion criminelle à perpétuité ?

Pour ce faire, l’élu local a déposé une proposition de loi prévoyant notamment « une peine de réclusion criminelle à perpétuité s’appliquant à la deuxième récidive », la suppression des « allocations aux parents de mineurs récidivistes » et la suppression de « toute possibilité de remise de peine ». Reste à savoir s’il sera entendu et suivi ou si Marseille, comme d’autres villes de France, continuera sa descente aux enfers.

Vos commentaires

26 commentaires

  1. Marseille Medellín même combat, sur un continent différent mais sans frontière pour le commerce lucratif de la drogue.
    Marseille, la capitale du Nord de l’Afrique du Nord, est la plaque tournante du commerce illicite.
    Tout s’y règle au pistolet, voire au fusil d’assaut, si non à l’explosif.

  2. Mais avec quel calibre de munition (donc armes) ces gangs de trafiquants arrivent ils à traverser, comme une perceuse (trou net) la maçonnerie d’un mur d’immeuble ? C’est pas du 9 mm…

    • C’est du 7.62 dans les kalachnikov : portée 1.500 m, précise jusqu’à 400 m. Et il faut un certain entraînement pour éviter la montée du canon lors d’un tir en rafale. Ce n’est pas un jeu vidéo ! Ni un film, dans lequel on peut prendre une balle de 9mm tirée à 5 mètres dans le buffet, se relever immédiatement et courir un 200 mètres…

  3. Le ministre de l’intérieur, encore lui, est convaincu de pouvoir lutter efficacement contre ces trafics en s’attaquant aux consommateurs. Évidemment la tâche est bien plus facile. Sauf que c’est l’offre qui crée la demande, pas l’inverse. Et s’attaquer aux clients ne fera rien de plus que de générer d’autres techniques de distributions. Tant que ce problème ne sera pas traité avec force et détermination rien ne sera possible.

  4. Pour les trafiquants la condamnation c’est le bagne à vie sans espoir d’en sortir comme cela on aura le temps de s’occuper des consommateurs mais on vois d’ici la taille des bâtiments qu’il faudra.

  5. Avec les parlementaires et les gouvernants que nous avons, sans oublier les juges rouges, la proposition de Stéphane Ravier n’est pas prête d’être adoptée.

  6. Tant qu’on nous assommera avec un discours qui affirme que la prison est « l’école du crime » (c’est sûr que laisser les assassins en liberté évite la récidive !), qu’il faut désarmer la police (c’est sûr qu’une police désarmée sera bien plus efficace devant des narcotrafiquants équipés d’armes de guerre !) et que les criminels doivent être excusés au nom des inégalités sociales (c’est sûr que tous les pauvres sont des criminels !), on n’en sortira pas …

  7. Avec des députés plus préoccupés par la protection des moustiques que celles de leurs concitoyens et électeurs, on a du souci à se faire. Tous les jours, la nupes et diverses personnalités nous matraquent avec les violences policières et le « racisme qui tue ». On attend bien sûr leur réaction. On risque d’attendre longtemps … Quand un voyou se fait tuer par la police, on voit des dizaines de milliers d’émeutiers descendre dans les rues pour piller et incendier la France pendant une semaine. Quand un gamin de 10 ans se fait massacrer en pleine rue à l’AKM par des dealers , la marche blanche organisée en sa mémoire peine à réunir 40 personnes. De quel côté penchent les Français ? Je me pose la question. Si les Français ne veulent pas ressembler à des moutons qu’on conduit à l’abattoir, il va falloir qu’ils se bougent vigoureusement, comme ils ont su le faire par le passé.

  8. Nous payons cher l’accueil de ces barbares qui ont transformé ce pays en coupe gorge ou plus aucun citoyen n’est à l’abri .Le résultat d’une immigration de sauvages et du laxisme des élus depuis plus de 40 ans . Partout dans ce pays règne la violence , l’insécurité , les dégradations ne se comptent plus , les actes de barbarie sont quotidiens . L’état ne maitrise plus rien , ce sont les voyous qui commandent dans ces zones .Et le plus grave c’est qu’il en arrive encore avec la complicité de ces élus .

  9. Celles qui sont au mauvais endroit au mauvais moments ce ne sont pas les victimes, surtout quand elles sont à leur domicile, mais ces tueurs dont la place est en prison.

  10. C’est dramatique pour cette personne et surtout pour sa famille. Par contre pour les autres, ce sont des règlements de comptes entre voyous, je ne vais pas verser une larme sur leur cas, bon débarras! Ce qui est grave, c’est que l’état ne fait pas respecter la loi dans de nombreux quartiers et ça ne va pas s’arranger tout seul, au contraire.

  11. Fait divers, dommage collatéral, au mauvais endroit au mauvais moment … ce n’est plus la République en marche, c’est la Rhétorique en marche. On a adapté le discours pour faire avaler au bon peuple (qui a voté Macron pour éviter le chaos) l’inacceptable. Pour cette malheureuse, comment parler de mauvais endroit et de mauvais moment ? Cette femme était chez elle, elle a été tuée gratuitement, anonymement au travers d’une cloison. Le tueur ? Parti, envolé ! Marseille c’est l’avenir de la France, c’est l’avenir des Français. En 2021, M. Macron lançait « Marseille en grand », un plan de remise à niveau de la ville, avec les milliards à l’appui. Logement, éducation, sécurité, éducation, santé, … tout devait y passer. Après sa visite de trois jours en juin dernier, peut-on parler de réussite ou d’amélioration ? Loin de là ! Évidemment, « Marseille en grand » ne se construira pas en un jour, mais peut-être faudrait-il commencer par construire des prisons et appliquer réellement les peines prévues par loi. Il faudrait surtout en finir avec la culture de l’excuse, en finir avec les « excusés de naissance » qui peuvent massacrer les populations à l’arme de guerre et qu’on retrouve libres, le lendemain dans la rue. Il faut donner les moyens à la justice et que la justice rompt avec son idéologie qui transforme le citoyen en gibier pour les racailles. M. Macron saura-t-il le faire ? On l’espère, mais on peut en douter.

  12. Si le trafic de drogue gangrène la société française, la lâcheté gangrène depuis plusieurs décennies la caste politique.

    • Tout à fait d’accord avec vous, mais il ne faut pas oublier, que cette caste politique a été ÉLUE, voire réélue, aussi par des lâches. Hélas! (lâcheté: mélange de peur et de bêtise).

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