« Le Massacre des Innocents » de Nicolas Poussin ou le « génie du christianisme »
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Jusqu'au 7 janvier 2018, le domaine de Chantilly présente une cinquantaine d’œuvres rendant hommage au célèbre tableau de Nicolas Poussin : Le Massacre des Innocents.
Légué en 1886 à l’Institut de France par son dernier propriétaire - le duc d’Aumale -, le domaine de Chantilly, dans l’Oise, recèle des trésors inestimables de la peinture européenne, dont Le Massacre des Innocents, peint par Nicolas Poussin en 1627-1628, et qui traite d’un épisode du Nouveau Testament (cf. Évangile de saint Matthieu) : l’assassinat des enfants de moins de deux ans à Bethléem et ses environs, sur ordre du roi Hérode le Grand, à qui les Rois mages avaient annoncé la naissance d’un roi des Juifs, autrement dit Jésus.
Un tel sujet, dont l’intensité dramatique est incontestable, éveille en chaque personne un tant soit peu humaine une répulsion pour cet infanticide collectif.
Mais chez Nicolas Poussin, qui avait déjà traité ce thème dans une version plus édulcorée, le drame revêt une dimension unique, voire inégalée, qui a influencé nombre d’artistes, comme le montre l’exposition qui se tient au Jeu de Paume du domaine de Chantilly, du 11 septembre 2017 au 7 janvier 2018.
"L’opposition entre la violence et la brutalité anonyme du bourreau ainsi que le désespoir et l’épouvante de la mère dont le cri est inoubliable, la tension brûlante, bouleversante du récit, ont de tout temps retenu l’attention par leur actualité, ce qui explique la fortune du tableau qui a été copié par bien des artistes – citons Fragonard – et a inspiré les plus grands (Pablo Picasso, Francis Bacon, Henri Cueco, Ernest Pignon-Ernest)" (Source).
Avec la rigueur et l’excellence qui caractérisent les lieux, cette exposition offre un choix d’œuvres depuis le XVIIe siècle jusqu’à nos jours, qui sont autant de preuves de l’influence majeure qu’exerce le tableau de Nicolas Poussin sur l’art, y compris en Italie, où le maître du classicisme français vécut et mourut (à Rome).
Pour autant qu’elles sont remarquables dans leur exécution - je pense notamment à celle, plus éthérée et plus chargée, de Guido Reni, avec laquelle Nicolas Poussin voulut entrer en concurrence -, il faut se rendre à l’évidence : aucune des versions ne saurait rivaliser avec le minimalisme du peintre français et surtout avec cette violence débridée qui plonge le spectateur dans l’effroi.
Car cette œuvre hante plutôt qu’elle n’attire, ce que Pablo Picasso a bien compris avec Le Charnier, très influencé par la toile de Nicolas Poussin. Notons aussi la vision en noir et blanc, plus dénudée et pleine de mouvement, d’Ernest Pignon-Ernest.
Et, ce qu’il y a de commun à la plupart des œuvres présentées, c’est la détresse maternelle, exprimée dans toute son horreur face au crime le plus insoutenable : le meurtre d’un enfant.
Voir la version de Cornelis Schut, où une mère effarée recouvre le corps de sa progéniture pour recevoir le coup d’épée à sa place. Pulsion de vie contre pulsion de mort.
Cette exposition, à la fois courte et dense, démontre une fois de plus le génie du christianisme – pour paraphraser Chateaubriand – dans l’art.
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