Mathilde Panot, géopolitologue, nous explique le Proche-Orient

Capture d'écran X
Capture d'écran X

« Vous allez nous résumer ça en deux coups de cuiller à pot » : ainsi commence un excellent sketch des Inconnus dans lequel Bernard Campan, imitant Guillaume Durand, interroge un journaliste qui explique (d’une manière hilarante) la « simplicité » du conflit à Beyrouth. Ce passage n’a malheureusement pas vieilli en plus de trente ans. Israël a été attaqué par le Hamas, puis a bombardé la bande de Gaza et s’attaque, désormais, au Hezbollah, présent au Sud-Liban ainsi que dans la banlieue sud de la capitale - Beyrouth, donc.

Mathilde Panot, députée insoumise, vient au secours de l’homme de la rue pour nous décortiquer tout ça en deux minutes (soyons honnête : en trois minutes cinquante-sept). Dans une vidéo publiée sur X, la parlementaire mélenchoniste se découvre des talents de géopolitologue. « Pas touche au Liban » : ainsi commence ce petit film remarquable. C’est d’ailleurs ainsi qu’il se termine, puisque la conclusion doit toujours rappeler l’introduction. Entre les deux, eh bien, entre les deux, il y a un peu de tout. Mathilde Panot critique l’action israélienne sur les bipeurs et les talkies-walkies du Hezbollah, oubliant que ces explosions, qui n’ont certes pas été sans dommages collatéraux, ont tout de même sévèrement clairsemé les rangs de cette organisation (que Manuel Bompard, autre insoumis, se refuse à qualifier de terroriste) et ont notamment ôté la vie à l’un des cerveaux de l’attentat du Drakkar.

Ensuite, la géopolitologue se fait experte en guidage aérien, dénonçant le fait que les frappes israéliennes n’étaient pas ciblées. Et qui est derrière tout ça ? Vous ne devinerez jamais. C’est l’extrême droite. Si si. « L’extrême droite de Netanyahou », bien sûr, mais tout de même. La députée oublie évidemment que le gouvernement de Benyamin Netanyahou est un bric-à-brac de droite (en effet) dans lequel il y a un peu de tout pour former une coalition. Un peu comme le Nouveau Front populaire, mais dans le camp d’en face, en quelque sorte. Mais bon, « extrême droite », c’est simple et clair, ça parle à tout le monde ; enfin à son public, c’est certain.

Rendez-vous est pris : « Nous ne laisserons pas ça faire » (sic), puisqu’une manif est prévue le 5 octobre. Son objectif est de mettre Netanyahou « hors d’état de nuire ». Plutôt courageux, plutôt ambitieux aussi.

Allez, assez rigolé. Il est temps que notre classe politique, et pas seulement à l’extrême gauche, prenne la pleine mesure de son ineptie et de son inculture, s’aperçoive que les schémas idéalistes et les grandes déclarations d’intention n’ont jamais permis à aucun pays d’occuper une place quelconque sur la scène internationale. Ça ira peut-être mieux après. Sans quoi, nous sommes condamnés à ces petits numéros d’indignation, à ces trépignements absurdes qui, vus par nos grands adversaires (et même par nos prétendus alliés), doivent sembler vraiment minables.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

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