Mathilde Panot (LFI) veut interdire le RN de postes clefs à l’Assemblée

© Jordan Florentin
© Jordan Florentin

Alors que le Nouveau Front populaire peine toujours à proposer un potentiel candidat à Matignon, il y a néanmoins un fait sur lequel tout ce joli petit monde semble se mettre d’accord : renforcer le « cordon sanitaire » autour du Rassemblement national. D’où cette lettre de Mathilde Panot, présidente du groupe insoumis (71 députés) et adressée aux autres groupes parlementaires, exigeant qu’aucun poste de responsabilité ne soit donné au groupe RN, malgré ses 126 députés RN (143 en comptant leurs 17 alliés ciottistes).

 

 

À la lire, tout est clair : « Par leur vote, les électrices et les électeurs ont choisi de faire battre l’extrême droite et empêcher son projet dangereux et haineux de gouverner. Ils nous ont ainsi donné un mandat extrêmement clair : celui de nous opposer fermement à l’extrême droite et à son ascension. » En « clair » : rien pour les pestiférés, manifestement tenus pour ces élus de seconde zone dont le seul tort semble consister à représenter des sous-citoyens.

Il est pourtant tout aussi « clair » que les mêmes « électrices et électeurs » ont aussi « choisi » de conforter le Rassemblement national dans sa position de premier parti politique, que ce soit en France ou au Parlement.

Tordre le cou du règlement de l’Assemblée nationale ?

Par nos soins interrogée, Caroline Parmentier, députée RN du Pas-de-Calais, ne cache pas son indignation : « Le règlement intérieur de l’Assemblée nationale est très clair : les nominations aux postes clefs ont lieu "en s’efforçant de reproduire la configuration politique de l’Assemblée" - article 10. » Et la même de poursuivre : « Lors de la précédente mandature, avec 88 députés, le Rassemblement national a obtenu deux vice-présidences. Il serait incompréhensible qu’avec 143 députés, en comptant nos alliés, le RN soit évacué de toute fonction ! » Bref, conclut-t-elle : « L’appel de Mathilde Panot à nous empêcher d’accéder à ces postes est l’expression de sa haine ordinaire, de la détestation et du mépris de l’extrême gauche vis-à-vis de la démocratie, du pluralisme et de l’expression de près de 40 % de Français. »

« Techniquement faisable, mais politiquement ravageur », selon Marine Le Pen

De manière certes moins frontale, Aurélien Pradié, député ex-LR et de tendance anti-ciottiste, ne dit fondamentalement pas autre chose, ce mercredi 17 juillet, sur France Info : « Il n’est pas possible d’exclure le Rassemblement national de la répartition des postes. […] L’Assemblée nationale, demain, doit être pilotée en représentation des différents groupes politiques. […] Un cordon sanitaire autour du RN, ça ne tient pas. Les Français ont envoyé des députés à l’Assemblée nationale. Comment pourrions-nous dire à dix millions de Français "désolé, ça ne nous intéresse pas" ? »

Comme quoi le malaise institutionnel reflète également celui du pays tout entier, ce que note fort bien Laure Lavalette, députée RN du Var auprès de BV : « Mathilde Panot se comporte comme si elle dirigeait le premier groupe de l’Assemblée, alors qu’il ne compte que 71 députés. Mais le plus inquiétant, c’est la dichotomie entre des Français de plus en plus à droite, inquiétés par l’immigration, l’insécurité et le pouvoir d’achat, et ces gens qui, même minoritaires, entendent leur imposer un gouvernement de plus en plus à gauche. »

Une situation d’autant plus délétère qu’à l’en croire, « cette dissolution censée clarifier la situation n’aura fait que la brouiller, suscitant les frustrations de l’ensemble des Français, qu’ils soient de droite ou de gauche. Ce cocktail est des plus inquiétants. »

Après, une telle opération est-elle techniquement faisable et, surtout, politiquement jouable ? Le lepéniste Sébastien Chenu, ancien vice-président de l’Assemblée nationale, juge pour le moment prématuré de réagir. De son côté, Marine Le Pen nous confie en exclusivité : « Techniquement, c’est faisable. Mais, à mon avis, ce sera politiquement ravageur pour eux… » Il y a fort à parier que cela doit chauffer dans les coulisses du palais Bourbon.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

43 commentaires

  1. Cette inculte devrait retourner à l’école pour comprendre qu’avec 126 députés RN contre 71 LFI, son parti ne fait pas le poids, les Français n’ont pas donné de mandat au NFP, ce ramassis de loosers qui individuellement ne représentent RIEN et qui ont dû se coaliser pour exister !! Faire main basse sur tous les postes clé de l’AN est un holdup antidémocratique … s’il y a une justice, il y aura un retour de karma pour ces voleurs de pouvoir qui soit dit en passant donnent un aperçu qui fait froid dans le dos, de ce que serait la France s’ils étaient majoritaires … les laogais de Mao et les goulags de Staline ne seraient pas loin pour rééduquer le bon peuple à bien penser !

  2. Le Nouveau Front Populaire n’est pas un Parti Politique. C’est un ramassis sans existence légale. Lorsqu’on compte le nombre de députés élus, il faut compter séparément ceux des différents partis : ceux de LFI, ceux des Verts, ceux des Communistes….etc….chacun de ces partis ayant finalement bien peu de députés. Il est anticonstitutionnel de les additionner.

  3. Pourquoi ne pas lancer une pétition deamandant au nom des contribuables qui votent RN, soit 35% environ, que les salaires des Députés qui veut ignorer leurs droits à représentation soit amputé de 35 %….Et encore c’est ce que représente le RN en voix, si on le fait en poids financer réel c’est plus puisque que ce sont les productifs et les utiles qui votent RN, alors que tous les contribuables électeurs titulaires de job de complaisance dans la fonction publique, ou d’emplois subentionnés directement ou indirectement ou les entreprises vivant de commandes publiques de certaines collectivités bien ciblées, ont un tropisme de gauche ou macroniste assez prononcé

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