Les maths en France seront-elles sauvées par la méthode de Singapour ?
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Avec les États-Unis, la France est un des pays qui comptent le plus de médailles Fields (une récompense considérée souvent comme le prix Nobel de mathématiques). Pourtant, nos résultats au classement PISA dans cette matière sont épouvantables et, selon l’étude T’Imms (Trends in International Mathematics and Science Study), nos élèves de CM1 sont avant-derniers en Europe en mathématiques malgré le volume horaire le plus important de l’Union européenne. Un petit Français sur huit ne maîtrise pas les fondements de cette discipline contre un sur vingt dans l’Union.
Ce naufrage s’explique par nos méthodes éducatives lamentables. D’une part, on reporte toujours le moment où on acquiert les notions : la soustraction est rejetée à la fin du CE2 (et encore...) et la difficile division a quasiment disparu du primaire. Ensuite, l’idée absurde que les enfants doivent retrouver tout seuls les bases des mathématiques imprègne la pédagogie. Les élèves perdent un temps fou à « réinventer » la base décimale (en fait, le maître finit par les guider, car ils sont incapables de la concevoir seuls). Pourtant, l’espèce humaine a mis 10.000 ans pour en faire émerger le concept. (Les Romains et les Grecs l’ignoraient !) Mais il est bien connu qu’un Français de sept ans de 2017 est supérieur à Aristote...
Dans le secondaire, c’est encore pire. Les cours du collège de mathématiques sont tellement vides que s’ils étaient supprimés, le classement du pays à PISA ne changerait pratiquement pas. Il n’y a qu’en TS (et encore...) qu’on commence à faire un peu de sciences. Heureusement, les classes préparatoires post-bac existent (elles expliquent en grande partie la suprématie française en mathématiques) et elles sont appuyées par un enseignement universitaire de qualité.
Le célèbre mathématicien Cédric Villani (il a été médaille Fields), par ailleurs député, a été chargé par M. Blanquer d’une mission de sauvetage de sa discipline. M. Villani va sans doute prôner la méthode dite de « Singapour ». Cette façon concrète d’enseigner les opérations élémentaires et la géométrie dans le primaire a été mise au point dans la ville-État. Elle consiste à faire manipuler des objets avant de glisser, pendant le collège, aux concepts (puisque les mathématiques restent très abstraites) Pour apprendre les fractions (dès le primaire), on part d’une demi-tarte à partager équitablement en deux. On obtient ainsi naturellement la notion de quart et la division d’une fraction. Les quatre opérations sont vues dès le CE1 et d’une manière plus simple qu’actuellement, surtout pour la division qui pose tant de problèmes.
Certes, cette réforme sera salutaire et doit être adoptée, mais elle ne fera pas de miracles. La première place détenue par Singapour dans les classements mondiaux s’explique en partie par sa méthode, mais également (et surtout !) par l’environnement élitiste de cette société. Les parents poussent leurs enfants à travailler sans relâche et les obligent très souvent à passe de longues heures dans des écoles complémentaires à la sortie des cours. Et ceci n’est pas transposable.
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