Mauvaise nouvelle pour M. Macron : la croissance ralentit !

M. Macron a eu beaucoup de chance, depuis son élection, et il a bénéficié d’un alignement des planètes : la croissance avait bondi jusqu’aux 2,3 %, un record depuis dix ans. Ce bon chiffre a permis à la France de repasser en dessous des 3 % de déficit du PIB et le gouvernement, surfant sur cette vague, avait annoncé qu’en 2022, le budget serait excédentaire. Un pur miracle qui est en train de se transformer en mirage.

Car patatras ! la croissance donne d’inquiétants signes de faiblesse. Nous n’avons fait que 0,1 % au premier trimestre, nous aurons peut-être 0,2 % au second avant de retrouver un peu plus de punch au second semestre. L’un après l’autre, les organismes qui font des prévisions économiques abaissent les perspectives qu’ils prêtent à notre pays : la Banque de France estime que nous ne ferons que 1,8 % de croissance, tandis que l’INSEE est encore plus pessimiste et annonce 1,7 %. On estime que les grèves ont coûté 0,1 % de croissance, mais la crise de la SNCF n’explique pas l’essentiel du ralentissement.

Celui-ci est une conséquence du choc fiscal (avec l’augmentation de la CSG et des taxes sur les carburants), des incertitudes politiques (avec de nouveaux gouvernements en Espagne et en Italie), de la montée des protectionnismes (notamment aux USA), du cours des changes qui nous est défavorable et, surtout, de la hausse du prix du baril de pétrole, elle-même causée par le retrait des USA de l’accord sur le nucléaire iranien.

Nous traversons un trou d’air qui prendra fin à la rentrée et, comme l’investissement des entreprises va repartir et que la consommation des ménages sera boostée par la baisse de la taxe d’habitation et la suppression des cotisations sociales, nous retrouverons en fin d’année, si tout va bien, un taux de croissance un peu plus soutenu, quoique moins important que les 2,3 % de 2017. Ce chiffre, qui semblait magnifique pour une économie qui n’avait jamais dépassé les 2 % en dix ans, faisait pourtant pâle figure lorsqu’on regardait les autres pays. La France est à la traîne. Sa croissance est médiocre et entravée par de multiples liens. Jusque-là, M. Macron n’a pris que des mesurettes pour libérer les énergies et combler le retard de notre pays. Il lui reste encore quatre ans, mais l’horloge tourne...

Le pouvoir a basé son budget sur 2 %, ce qui le place en porte-à-faux. S’il veut que notre pays n’ait pas un déficit qui dépasse à nouveau les 3 % du PIB, il va devoir effectuer des coupes franches dans les dépenses, mais lesquelles ? Avec une croissance soutenue, les coupes à effectuer étaient lourdes, mais supportables. On avait dix milliards à trouver chaque année. Là, il faudra retrancher quinze milliards, ce qui sera très difficile. En outre, une réduction trop importante des dépenses aura un effet récessif et affectera la croissance : un cercle vicieux, un cauchemar, un véritable test pour les capacités de l’équipe gouvernementale. Il sera de même pour le chômage : ramener son taux 7 % à la fin du quinquennat sera un défi très difficile à tenir.

Christian de Moliner
Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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