MAYA+, le Netflix islamique qui diffuse le documentaire sur l’école Averroès

Un documentaire en faveur d'Averroès, diffusé par une plate-forme islamique, part en tournée dans plusieurs villes.
Capture d'écran.
Capture d'écran.

Quand une école est épinglée pour ses dérives idéologiques, elle peut toujours se refaire une virginité... au cinéma. C’est ce que semblent avoir compris les défenseurs de l’établissement Averroès, cette école privée musulmane de Lille dont le contrat d’association avec l’État a été rompu en décembre 2023. En cause, selon la préfecture du Nord : des enseignements « contraires aux valeurs de la République ». Pour lui redorer son blason, certains ont décidé de lui accorder un documentaire.

Une opération de réhabilitation, façon docu-fiction

Le 8 avril, le député Sébastien Chenu et le sénateur Joshua Hochart, tous deux élus du Rassemblement national dans le Nord, dénonçaient la projection, dans un cinéma de Denain, du film documentaire intitulé Averroès, au-delà des préjugés. Objectif affiché : « déconstruire » les « stéréotypes » sur cette école privée, anciennement sous contrat...

La bande-annonce donne le ton : on y découvre une adolescente voilée, studieuse et bien sous tous rapports, sommée par sa professeur de retirer son voile. L’élève, en larmes, est contrainte de quitter l’établissement. C’est alors qu’apparaît, comme un phare dans la nuit, l’école Averroès. Regard déterminé, musique inspirante : le message est clair, la jeune fille vient de trouver sa place. La République l’a rejetée, Averroès la recueille. À chacun ses symboles.

Une plate-forme jeune, mais déjà productive

Derrière ce film se trouve MAYA+, une plate-forme encore discrète dans le paysage cinématographique, mais déjà bien structurée. À la fois productrice et diffuseuse du documentaire, elle appartient à la société d’audiovisuel Studio Raneem, également basée dans le Nord. Contactée, celle-ci assure qu'« Averroès, au-delà des préjugés, a été produit de manière entièrement indépendante », sans subventions publiques ni soutien institutionnel. Cette indépendance revendiquée n’empêche pas une ligne éditoriale très affirmée.

Si la plate-forme se présente comme « une invitation à découvrir un monde de divertissement intelligent et éducatif, à explorer le cinéma indépendant sous un nouvel angle et à partager des moments précieux en famille », sur MAYA+, le décor est planté. Pas de fiction hollywoodienne ni de chronique sociale : ici, c’est le monde islamique dans toute sa diversité qui est à l’honneur. Documentaires, films, séries, dessins animés ou encore émissions de sport : l’ensemble des productions tourne autour de l’islam, de son histoire, de ses figures emblématiques ou de ses pratiques contemporaines.

Religion, culture et spiritualité islamiques

On y trouve, par exemple, Tour du monde en 80 mosquées, Ramadam ou encore Dessinez le prophète. L’univers enfantin baigne aussi dans cette orientation : jeux éducatifs, dessins animées et séries pour les plus jeunes y sont proposés dans un esprit religieux et identitaire assumé, comme Les Hommes du Coran, I am from Palestine ou Les Compagnons du ^prophète.

Seule entorse à la ligne éditoriale : un documentaire sur... Jean-Luc Mélenchon. L’Insoumis y est présenté comme la figure d’un « homme indissociable de sa pensée politique ». On s’étonne à peine du casting.

Certains titres adoptent un ton plus engagé. Don’t Panik, par exemple, suit le parcours de six rappeurs conciliant foi musulmane et culture hip-hop, dont le Français Médine, controversé à cause de ses chansons et propos provocateurs. Un autre documentaire, 2004–2024, les 20 ans d’une loi d’exclusion, revient sur l’interdiction du port de vêtement religieux à l’école publique en dénonçant une marginalisation des élèves musulmanes qui portent le voile. Enfin, Gazastrophe, Somos musulmanes ou encore Trouver Alaa viennent compléter un catalogue tourné vers les enjeux communautaires et les représentations identitaires, tandis que le film Le Monde d’hier imagine une France où le pouvoir serait passé à l’extrême droite.

Un documentaire, des projections, un récit à imposer

Les deux élus RN ont appelé le maire de Denain à « s’opposer fermement à [la] projection » de Averroès, au-delà des préjugés, estimant « inacceptable que des infrastructures financées par les Denaisiens servent de relais à une opération de communication idéologique ».

Après Roubaix, le documentaire poursuit sa tournée dans plusieurs villes, notamment Épinay-sur-Seine, Strasbourg, Dijon, Denain… Et MAYA+, en toile de fond, orchestre ce récit avec méthode, en affirmant un peu plus sa place dans le paysage culturel… et identitaire.

Vos commentaires

10 commentaires

  1. J’adore ces bien pensants qui détruisent les écoles privés religieuses chrétiennes qui affichent de bon résultats mais a qui on leur reproche des cours confessionnelles mais ces mêmes bien pensants défendent d’autre a confessions islamiques. souhaitons leur à ces bien pensants de se plaire dans les fêtes musulmanes.

  2. Averoes était juif, d’une famille juive depuis des générations. Ce n’est que par opportunisme (et pour sauver sa tête et celles de toute sa famille) qu’il s’est « converti » à l’Islam. Il n’a PAS eu de disciple au Magreb. Ce sont des lettrés chrétiens qui ont preserver son oeuvre de commentateur d’Aristote, dont une grande partie est un « copier-coller » d’un moine franciscain Bernard de Verdun.

  3. Le progrès selon eux, c’est probablement Marine Tondelier et Sandrine Rousseau enfin voilées, pour ne pas les entendre et sans préjugés aucun, elles verront ainsi le bout de leur chemin de croix si cette expression a encore un sens pour elles…

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