Mayotte : Bayrou en appelle aux services de Musk !

Capture écran Le Figaro TV
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Lundi 30 décembre, François Bayrou était donc à Mayotte, flanqué de deux anciens Premiers ministres, Manuel Valls et Élisabeth Borne, pour présenter son plan « Mayotte debout ». Parmi la série de mesures annoncées, l’une d’elles fait déjà polémique : le déploiement de 200 antennes Starlink afin d’accélérer le retour des télécommunications sur l’archipel ravagé par le cyclone Chido. Polémique, donc, car la France fait appel à un prestataire étranger. Comment, en effet, ne pas penser aux propos d’Emmanuel Macron, lors de son passage à Mayotte : « Vous êtes contents d’être en France ! Si c’était pas la France, vous seriez dix mille fois plus dans la merde ! » Et aujourd’hui, la France fait appel à l’étranger pour sortir de « la merde » les télécommunications de Mayotte. Et quel prestataire !

Starlink appartient à SpaceX, qui appartient à... Elon Musk

Starlink est un fournisseur d’accès à Internet par satellite qui appartient à SpaceX. Et la société SpaceX, comme chacun sait (à moins de vivre au fond d’une grotte et de communiquer avec le monde par signaux de fumée), appartient à Elon Musk… Décidément, encore lui ! Un personnage désormais diabolisé mais incontournable. La preuve par Le Monde qui, en mai 2023, à l’occasion d’un passage à Paris du milliardaire, se demandait : « Elon Musk à l’Élysée : peut-on encore recevoir le patron de Twitter comme n’importe quel patron ? » Musk n’est ni ange ni démon, il fait seulement des affaires. On ne devrait jamais oublier cela.

On ne va pas faire, ici, la réclame de Starlink mais, en gros, disons que ce système déploie une myriade de petits satellites en orbite terrestre basse (moins de 1.000 kilomètres d’altitude). Ces satellites (plus de 6.000, à ce jour, sont opérationnels, soit environ les deux tiers de ceux qui tournent autour de la Terre) sont reliés entre eux et permettent, ainsi, une couverture maximale jusque dans les endroits les plus reculés de la Terre où sont installées les antennes, comme celles qui vont l’être à Mayotte. Après le passage de l’ouragan Hélène, en Floride, Musk a d’ailleurs offert un accès Internet gratuit aux victimes. Mais avant d’être un philanthrope, disons-le encore, Musk est un homme d’affaires ! Cet accès gratuit était évidemment soumis à l’achat du kit de démarrage (autour de 400 dollars) et, après 30 jours, les clients éligibles à un accès gratuit passaient automatiquement à un abonnement de 120 dollars par mois. Pas donné, quand même.

 

Souveraineté numérique

Polémique, donc. Alimentée, du reste, par Laurentino Lavezzi, directeur des affaires publiques du groupe Orange, qui, sur X, a posté un long message regrettant ce choix gouvernemental. « Nous sommes heurtés par une communication du gouvernement qui axe ses annonces sur du Wi-Fi provisoire by starlink, pourtant bien moins couvrant et performant qu'un réseau mobile. » C’est technique, direz-vous, et nous passe peut-être largement au-dessus de nos petites antennes. Mais lorsque Lavezzi ajoute que ces décisions gouvernementales « laissent pantois sur le terrain de la souveraineté numérique », cela nous parle un peu plus. Car là est sans doute la question centrale. Et l'on a la cruelle sensation que la France et l’Union européenne, une fois encore, sont en retard d’une guerre. Cela fait des années qu’est dénoncé le retard de l’UE par rapport aux États-Unis dans de nombreux domaines, comme par exemple le numérique. Les mêmes, d'ailleurs, qui dénoncent, à juste titre, ces retards sont ceux, en général, qui demandent toujours plus d’Union européenne. Et l’on a, ainsi, le sentiment de courir en permanence après un train parti sans nous. C’est ainsi qu’à la mi-décembre, l’Union européenne a annoncé qu’elle lançait les travaux industriels pour se doter de sa première constellation souveraine de communication appelée « IRIS » (Infrastructure de résilience et d’interconnexion sécurisée par satellite). Objectif : doter, à l'horizon 2030, l’Union européenne de son propre réseau Internet par satellite face au mastodonte Musk et à son bébé Starlink. En attendant, le très européiste François Bayrou, comme une sorte de constat d'échec qui ne dit pas son nom, en appelle à Musk.

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

34 commentaires

  1. Bayrou, s’expliquant sur l’utilisation de Starlink, indique : « pour pallier aux difficultés »…
    En tant qu’ancien ministre de l’éducation, il devrait savoir que l’on dit: pour pallier les difficultés… (le verbe pallier est suivi d’un complément d’objet direct, pas indirect)
    Son action commence bien!

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