McKinsey a aussi conseillé Blanquer en 2020 pour 500.000 €… pour rien
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Le rapport sénatorial sur le recours par le gouvernement aux services de McKinsey s'apparente à un catalogue à la Prévert ou à une série de Martine : McKinsey chez Macron, McKinsey chez Véran, McKinsey à La Poste (ah, non, là, c'est pas McKinsey, c'est Sémaphore), et donc, aussi, McKinsey (et là, c'est bien lui) à l'École : oui, le ministère de l'Éducation nationale a, lui aussi, eu recours, en 2020, à ses services. Officiellement pour une mission « sur l’évolution du métier d’enseignant », facturée 496.800 euros (payée pour moitié par la Direction interministérielle de la transformation publique).
Concrètement, comme l'a révélé, le mercredi 19 janvier, le directeur associé de McKinsey France, Karim Tadjeddine, lors de son audition au Sénat par la sénatrice communiste Éliane Assassi, ce contrat de 496.800 euros facturé à l'Éducation nationale était destiné à l'organisation d'un « séminaire » pour « réfléchir aux grandes tendances des évolutions du secteur de l'enseignement ».
6 - Karim Tadjeddine : "Il s’agissait d’accompagner la Direction Interministérielle de la Transformation Publique dans l’organisation d’un séminaire, pour réfléchir à l'évolution du secteur de l'enseignement." pic.twitter.com/nE0zfacxUK
— Sénat (@Senat) January 19, 2022
Ce qui ajoute du scandale au scandale, dans ce cas précis, c'est que cette prestation n'aura servi à rien car le séminaire en question n'a jamais eu lieu, à cause du Covid. Les enseignants et les contribuables apprécieront. Certes, une source proche du dossier a révélé à France Info que « ces honoraires ont couvert trois mois de mobilisation, avec une équipe-projet de six personnes et la mobilisation de collaborateurs dans une quinzaine de pays », avec à la clef « un document de référence de 200 pages organisé en plusieurs thématiques (conditions d'enseignement, intérêt de l'innovation dans les systèmes éducatifs, nouveaux modes de gestion…) ». Mais le ministre Amélie de Montchalin, dans son audition, a affirmé que le document de McKinsey avait été réutilisé à la fin de l'année, pour « la préparation et la rédaction » d'un rapport du Conseil scientifique de l'Éducation nationale (CSEN), « Quels professeurs au XXIe siècle ? » Or, l'auteur principal de ce rapport, Yann Algan, professeur d'économie et doyen de l'École d'affaires publiques de Sciences Po, a expliqué à France Info qu'il n'avait repris que « quelques graphiques produits par McKinsey dans son document, mais cela représente un pourcentage tout à fait négligeable du rapport ». Enfin, toujours selon la chaîne publique, « la contribution du cabinet a reçu la note de 3/5 lors de son évaluation par la DIPT ». Cela fait beaucoup. Ou bien peu, pour 500.000 €.
En outre, dans le cas de l'Éducation nationale, une telle pratique est d'autant plus scandaleuse que l'argument de l'absence de compétences internes paraît difficilement recevable. Comme le rappelle Libération : « L’Éducation nationale est en effet une grosse machine, avec ses 892.000 agents dont une panoplie de hauts fonctionnaires qualifiés. Liste non exhaustive : les inspecteurs généraux, les recteurs, les agents de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) qui connaissent ces sujets sur le bout des doigts. »
Ce scandale arrive à un moment où le malaise enseignant devient de plus en plus spectaculaire. Plusieurs enquêtes réalisées par leurs syndicats révèlent une situation inédite : près de 75 % des enseignants du primaire sont insatisfaits, selon un sondage réalisé par Harris Interactive pour le SNUIipp-FSU, publié mercredi, 23 % se disent même « pas du tout satisfaits » de leur situation. De même, le Baromètre des métiers 2022 du SE-UNSA a mesuré que 86 % des professeurs agrégés « ne sont pas satisfaits de leurs perspectives de carrière ». Signe des temps, le congrès annuel du SNALC Bordeaux le mois dernier avait pour thème : « Comment rester ? Comment partir ? »
On peut imaginer l'effet que peut produire cette prestation McKinsey sur le corps enseignant. Il est en tout cas fort probable qu'Emmanuel Macron n'y retrouvera pas son niveau d'il y a cinq ans (38 %, contre 23 % à Mélenchon).
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63 commentaires
Mais si ! de ces îles que tangenta la flotte française en 1830, et peu après l’occupation d’Alger, une foule de « ‘sans dents », à l’appel même du général Clauzel (ex maréchal de Napoléon) y alla qui contribua à l’assèchement des marais de la Mititja! Un Blanquer y fut sans doute et quoi de curieux qu’un descendant y aille voir sa famille!
Et si on demandait simplement l’avis des profs sur ce sujet, au lieu de demander à des jeunes ingénieurs commerciaux qui fonctionnent sur des données statistiques fournies par leurs programmes informatiques. L’éducation des enfants est un sujet humain, à traiter par des humains. On voit le résultat catastrophique que ces nouvelles méthodes ont donné.
Le problème est qu’une majorité de prof sont des bobogocho qui ont renoncé à enseigner et souvent ont un niveau faible ayant abandonné les modalité stricte de l’enseignement, de la discipline, de la sélection et diversité des capacités des élèves. Aujourd’hui il faut être populaire et ne pas traumatiser les petits choux. Or la vie c’est s’affronter aux difficultés etc comprendre que qui ne travaille pas ne progresse pas
« pour rien » d’après le titre de l’article ? non pas pour rien, pour continuer et persister dans la dégradation de l’enseignement
Et se remplir les poches!
et allez 1/2 million de plus dépensé pour …rien !
596 000 euros pour 6 personnes pendant trois mois = 27 555 euros par personne et par mois. Joli salaire surtout vu le résultat.
Rappelons aussi que si Mr Tadjeddine est directeur associé, c’est qu’il existe un autre directeur qui n’est autre que Victor Fabius, fils de qui vous savez. Entre copains, on se serre les coudes.
Mais ils ne se serreront pas la ceinture comme nous, les pauvres gueux!
Eh bien, on saisit mieux l’une des causes de la faillite de notre Education Nationale ! ! !
Pas besoin d’un audit réalisé par un cabinet indépendant de la fonction publique pour définir le mal qui ronge l’éducation nationale. Revenons à l’école d’avant, à une politique de l’excellence et de l’efficience, et tout ira mieux. Pour cela, seul Zemmour semble vouloir faire bouger cette administration…
Une seule solution: que les enseignants, tous les enseignants, votent pour Eric Zemmour, ils retrouveront ainsi la fierté de leur enseignement, l’honorabilité du métier d’enseignant, la respectabilité devant leurs élèves et leurs parents, la revalorisation financière justifiée qu’ils attendent et enfin, presque le plus important, la satisfaction personnelle de leur métier. Vive la France, Vive Zemmour.