Me Gilbert Collard : « Il y a une volonté délibérée de gêner l’adversaire par le biais de l’argent »

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Alors que Marine Le Pen a alerté le président de la République sur les difficultés de financement auprès des banques pour « bon nombre de candidats » à l'élection présidentielle, ce dernier vient de lui répondre que « le président de la République, garant des institutions, ne se prononce pas sur une telle initiative ». Selon l'avocat et député européen, qui dénonce la bancocratie, les arguments d'Emmanuel Macron sont « faussement techniques ».

 

 

Une demande de financement du Rassemblement national a été rejetée par Emmanuel Macron. Cela met-il en péril le parti de Marine Le Pen ?

Ce n’est pas une demande de financement de la campagne de Marine Le Pen par Emmanuel Macron. C’est une demande de facilitation, par la voie législative, de l’accès à un financement des partis, qui essuient un refus de cette bancocratie qui devrait être inexistant dans une démocratie électorale. Pour faire une campagne, il faut de l’argent et la bancocratie règne. Elle semble servir des intérêts dominants et certains partis n’ont pas accès à la facilité du crédit. Les arguments d'Emmanuel Macron sont faussement techniques. Lorsqu’il évoque la séparation des pouvoirs, il se moque gentiment du monde. En effet, il suffirait de dire un mot à Christophe Castaner, le président du groupe, pour qu’une proposition de loi utile soit présentée. Il y a une volonté délibérée de gêner l’adversaire par le biais de l’argent. Ce n’est pas étonnant de la part d’un banquier de savoir se servir des banques pour déranger l’adversaire.

Tous les partis sont logés à la même enseigne, au niveau du financement…

Cela ne veut pas dire pour autant que ce soit acceptable et convenable. Si on est tous logés à l’enseigne d’une maison où il n’y a pas de toit alors que les autres sont logés à l’enseigne d’une maison qui a un toit, il y a une injustice du point de vue de la protection de la pluie , du vent et du reste ! Le problème est que les uns ont des financements et des crédits, les autres ne les ont pas.

Il y a une bancocratie que l’on voit également pour les candidats à la députation ou aux départementales. Parfois, les banques refusent d’accorder des prêts, c’est un combat difficile pour obtenir l’ouverture d’un compte de campagne. Nous sommes dans une société où la banque domine tout, par ses ramifications, par sa puissances d’argent, par les relations multiples de crédit qu’elle peut avoir.

On est soumis au bon vouloir des banques pour faire une campagne électorale, c’est inacceptable.

Un sondage récent du site L’Internaute donne favori Éric Zemmour face à Marine Le Pen. Dans ce contexte de difficultés financières, comment reprendre une bonne dynamique ?

Je n’ai aucun crédit vis-à-vis des sondages. À ma modeste échelle, ils m’ont toujours annoncé battu et je ne l'ai jamais été, donc je suis très méfiant à l’égard des sondages. Cette dynamique dont vous parlez n’est pas éteinte, loin de là. Il en est de la dynamique comme de la respiration, c’est une durée qui peut aller doucement, fortement calmement, calmement, mais l’important est qu’il y ait la respiration.

Jean Bexon
Jean Bexon
Journaliste

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