Me Gilbert Collard : « Les Français ont bien compris qu’avec Marine Le Pen, nous sommes victimes d’une persécution judiciaire »
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Marine Le Pen et Gilbert Collard comparaissaient devant la Justice, le mercredi 10 février, pour avoir diffusé, en 2015, des photos d’exactions de l’État islamique. 5.000 euros d’amendes ont été réclamés par le procureur.
Au micro de Boulevard Voltaire, Maître Gilbert Collard revient sur cette audience et sur l'historique de la procédure.
Hier, vous avez passé la journée au tribunal avec Marine Le Pen pour répondre d’un délit très grave. Vous avez partagé des photos montrant les exactions de l’État islamique.
Comment s’est passée cette audience ?
D’abord, cela m’a fait plaisir de retrouver le tribunal et Marine que je n’avais pas vus depuis un certain temps. Comme quoi, le malheur judiciaire est bon. C’était une drôle d’audience inadaptée dans la mesure où l’infraction reprochée ne cadre pas avec la réalité. On avait à faire à des personnages judiciaires en quête d’une infraction quasiment insaisissable. Le débat était très bien mené, cordial et démocratique. On n’a d’ailleurs aucun grief à articuler, bien au contraire.
En ce qui concerne l’accusation, il faut rappeler que c’est monsieur Cazeneuve, alors ministre de l’Intérieur toujours très droit qui avait crié dans l’Hémicycle son indignation à la vue de ces tweets. Il avait indiquait qu’il saisissait "sa" police comme s’il était propriétaire. Le mercredi même, le parquet ouvre une enquête. À Nanterre, la justice tire plus vite que l’ombre d’un doute. L’enquête a été déclenchée, sur la base d’une infraction qui nous a valu à Marine et moi même d’être menacés d’une expertise psychiatrique. Nous ne nous y sommes pas rendus. Marine devait se rendre chez un spécialiste de la pédophilie et moi chez un spécialiste du transsexualisme. Ce qui montre à quel point, l’infraction est obsolète. Si on avait encore des revues juridiques de grande qualité, on aurait des analyses terrifiantes sur l’usage dévoyé de la loi pénale. Ce qui est très grave, c’est qu’un parquet puisse ouvrir une instruction sur la base d’une infraction qui n’est pas applicable. Cela en dit long sur l’état de la démocratie judiciaire.
Ne craignez-vous pas que de telles affaires puissent à terme porter préjudice à Marine Le Pen dans sa campagne présidentielle ?
La justice n’est pas un sentiment de politique, mais existentiel, il est au fond de nous. Les gens ont le sentiment que c’est injuste. Ils voient des photos terribles qui circulent partout et ils comprennent très bien que cette poursuite a été faite pour nous nuire, indépendamment de toute idée de justice pénale. Les gens sont parfaitement conscients qu’on vit depuis des années, une persécution judiciaire principalement des parquets. Il faut faire la différence entre le parquet et le tribunal.
Si Marine Le Pen avait supprimé la photo incriminée, vous vous ne l’avez pas fait. Le fait que Marine Le Pen l’ait supprimée, cela a-t-il joué en sa faveur pendant l’audience ?
Non. L’argument, c’est que si elle l’a retirée c’est qu’elle avait bien conscience qu’il ne fallait pas la mettre. La photo que j’ai publiée, je l’ai prise sur Twitter. Elle circulait et tout le monde l’avait vue. L’accusation reconnaît que la photo est sur Twitter. J’ai donc demandé au procureur pourquoi il n’avait pas poursuivi les multiples diffuseurs. Là, on n’a pas de réponse...
De la même manière, il y a eu huit signalements concernant mes tweets, dont cinq signalements qui ont été faits à la police, avant que je ne tweete !
C’était a priori sur des tweets antérieurs…
Non, pas du tout. On a signalé le tweet en question cinq fois avant que je le fasse. Allez comprendre ! Il paraît qu’il y a un horodatage et que c’est une erreur de l’horodatage. Nous ne sommes quand même pas dans la question du stationnement interdit ou abusif.
C’est une manipulation. Je n’ai pas eu d’explication sur ces cinq signalements antérieurs.
Ce dont une société a le plus besoin, c’est de la confiance dans la régularité de sa justice. Quand on voit des parquets, ici le parquet de Nanterre, qui dans les heures qui suivent l’intervention d’un ministre, ouvre une enquête et s’acharne à poursuivre pendant plusieurs années sur une infraction inadaptée, on peut craindre que l’arsenal pénal devienne un arsenal de règlement de comptes.
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