« MeToo » dans les armées : un phénomène souterrain traité sans complaisance
Les armées osent regarder les problèmes en face, et les traitent.
Il n’y a pas que le milieu du cinéma qui ait sa part d’ombre. La ligne de partage entre le Bien et le Mal traverse le monde entier et le cœur de chaque homme, on le sait. Toutes les catégories socioprofessionnelles sont touchées par cette libération de la parole, avec ce qu’elle comporte de soulagement et, parfois, d’excès de puritanisme contrebalançant ce qui était jusque-là une culture de l’impunité. Ainsi des armées.
La fonction guerrière est féminisée depuis toujours, dans de nombreuses sociétés. En Occident, cependant, ce que l’on pourrait appeler le système patriarcal a longtemps protégé les femmes du choc des combats. Protéger n’est pas invisibiliser : pensons à Jeanne d’Arc, Catherine de Médicis, Anne d’Autriche, Blanche de Castille, entre mille autres « femmes puissantes ». Toutefois, la cohabitation des hommes et des femmes au sein des unités ou des bâtiments de combat, assez récente, ne s’est pas déroulée sans heurts. Les armées ont créé la cellule Thémis, pour venir en aide aux victimes et prendre en compte plus facilement leurs signalements. Cela ne suffisait pas au ministre de tutelle, Sébastien Lecornu, qui, en avril dernier, a commandé à trois inspecteurs, issus des armées, un rapport dont les conclusions sans complaisance ont été présentées, cette semaine, à 700 hauts gradés de l’armée française.
Selon le site France Info, le ministre a commencé par poser le cadre de ce compte rendu : « Un certain nombre de faits graves nous sont remontés, par voie de presse et voie hiérarchique. Nous n'avons rien à cacher, nous devons une transparence totale. » Selon une source que BV a pu contacter, un haut gradé de l’armée de terre a été encore plus clair : « Nous avons dans nos rangs des gros cons et nous devons leur couper la tête. » Voilà qui est on ne peut plus clair. On sera choqué de certains témoignages, en effet odieux (des jours d’arrêt pour punir un viol !), mais on ne peut que constater une chose assez rassurante : les armées osent regarder les problèmes en face, et les traitent, puisque ce rapport se termine par cinquante recommandations concrètes.
L’armée française, comme toutes les armées du monde, est un monde majoritairement masculin (avec une féminisation de 15 %, en moyenne, l’armée la plus féminisée étant celle de l’air et de l’espace), où prévalent peut-être, dans certaines unités, un esprit de compétition et une rudesse qui favorisent les « mâles alpha » (et encore, n’est-ce pas un cliché ringard ?) ; il y a probablement des pervers et des violeurs, un peu comme partout… mais l’armée n’a pas, à la différence d’autres milieux, une « culture du viol ». C’est, d’ailleurs, ce qu’elle vient de prouver avec ce rapport.
L’avocat Elodie Maumont regrette, sur France Info toujours, que ce soient des militaires qui aient écrit ce rapport - qu’elle juge pourtant « courageux », comme quoi... Prenons le problème à l’envers : quand l’Éducation nationale mute les pédophiles ou les harceleurs au nom du « pas de vagues », quand des juges ne mettent pas en prison un autre juge qui proposait à des inconnus de violer sa fille adolescente, quand le monde du cinéma attend l’affaire Weinstein pour faire semblant de constater les problèmes, on peut se dire que l’armée est plutôt plus courageuse que d’autres corporations, et balaie devant sa porte.
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV
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22 commentaires
Même » dilemne » qu’en médecine . Et quand on cumule les deux …!
Je confirme la teneur de cet article et confirme les dires de ce haut gradé qui parlent de « gros cons ». Ces gros cons existent à tous les niveaux de la hiérarchie du caporal aux généraux. Mais c’est vrai, lorsque j’étais d’active, nous traitions toujours ce type de problème sans complaisance. La seule chose que l’on peut nous reprocher c’est de les traiter dans le « feutré », pour une raison simple ne pas être montré du doigt comme des pestiférés (l’église doit faire la même chose, avec « peut-être » plus de tolérance).
J’ai eu à traiter, comme président des sous-officiers, des affaires de ce type et à chaque fois, les sanctions qui sont tombées ont été lourdes, mais dans le silence.
Cela dit nos filles sont d’aussi bon soldat que les gars, peut-être même plus teigneuses. même si, c’est vrai, les sous-officiers de mon niveau et surtout de mon âge ont beaucoup de mal a envoyer nos filles au combat c’est parce que nous savons très bien ce qui est réservé aux filles lorsqu’elles sont faites prisonnières. Les gars de génération plus jeunes n’ont pas ce type de retenu parcequ’ils ont totalement intégré le fait qu’un sergent féminin est un sergent comme les autres. D’ailleurs, il n’y a pas de différence de solde en un gars et une fille de même grade, même ancienneté et même niveau de formation.
« La ligne de partage entre le bien le mal », décidément les commentateurs de BV sot eux aussi complètement intoxiqués. Monsieur Florac, je ne sais pas si vous êtes marié et avez des enfants, mais si c’est le cas, vous aussi un jour ou l’autre, ou bien une nuit, avez-vous, vous aussi, traversé cette ligne rouge et eu votre part de zone d’ombre. Et nous sommes des centaines de millions dans votre cas sans que cela ne nous pose problème de déontologie. Alors, …..!
… D’où leur probable désertion et donc trahison en cas de lutte contre ceux qu’ils appellent leurs »frères ».
Toutes les anormalités sociétales doivent être exclues d’une armée de métier. L’armée c’est tous en ligne et au pas. De même que les musulmans doivent être exclus de notre armée nationale puisque pour eux l’islam est au-dessus des lois de la République , et que s’ils se permettent de contester ce diktat religieux illégal ils sont bannis voire pire de leur communauté.
Comment ça se passe dans l’armée israëlienne ? Les femmes montent au front, se font tuer ; commandent des unités composées d’hommes ; peuvent piloter des chars etc … Il y aurait peut-être de la graine à prendre . Je n’ai pas l’impression qu’il y ait de la place pour une » culture du viol « . Il est vrai que le pays est en permanence en état de guerre .
Quelle que soit la profession, à emploi équivalent doit correspondre une sélection équivalente. Ce ne sera qu’à cette condition que la question de genre sera mise de côté.
Dans une conscription éventuelle , les féministes revendiqueront-elles l’égalité de traitement , notamment la parité au front ?
Après une fin de 20me siècle très libéré en matière de sexe, on assiste au retour de la pudibonderie et de la chasteté. On essaierait de nous dégouter du sexe et de se splaisirs qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Je parie que dans quelques années, avoir des enfants de manière naturelle sera interdit. Comme chez les bovins (mammifères également), tout passera par la seringue !
Le triomphe du puritanisme, inhérent au totalitarisme que tous nos gouvernements bâtissent inlassablement depuis des années. Un signe qui ne trompe pas : le viol devient le crime absolu alors que le meurtre est banalisé, méritant tout juste une marche blanche. Quant à la démocratie, on l’encadre et on la suspend, comme un portrait d’ancêtre.
Excellente conclusion.
Les armées ne sont que le reflet de la société.
Tout à fait de l’avis de Boxer moi aussi, j’ai passé 14 ans de ma jeunesse dans les grandes unités TAP, je ne suis pas sûr qu’aujourd’hui je recommencerai ce parcours tellement je suis dégoûté par l’état d’esprit de cette armée actuelle !
Si le cerveau de l’homme se trouvait à la bonne place il y aurait moins de problèmes .A chacun de savoir se tenir et de respecter l’autre et cela vaut pour les femmes et les hommes .
A force de tout vouloir féminiser,on va dans le mur,quand l’armée était réservée pratiquement qu’aux hommes ça se passait bien mieux, d’ailleurs est-ce qu’on féminise les équipes de France masculines de rugby ou de football ? Non, parce que la différence physique est là.Mais dans cette société abominable où l’on promeut des drags Queens dans les maternelles,où on glorifie les hommes en jupes et qu’on veut faire croire au travers du cinéma ou des séries policières bidons que ce que fait un homme et bien une femme peut en faire autant, mais c’est du mensonge, la preuve par les faits,lors des derniers championnats du monde d’athlétisme, le meilleur temps féminin du cent mètres arrivait derrière le 80 ieme temps masculin.La messe est dite et arrêtons avec tout ça et la société ne s’en portera que mieux et tant pis si je passe pour un réactionnaire
Je suis d’accord avec vous. Et ce sont les mêmes qui prônaient en 68, « il est interdit d’interdire », la libération sexuelle, on en voit les fruits et ils ne sont pas beaux à voir ! Maintenant, dans tous les corps de métier masculin, la présence des femmes est excessive et pas forcément les plus compétentes mais au nom du quota !
Excellent commentaire !
Entendu d’accord avec vous. Les femmes n’ont rien à faire dans l’armée. Et tant pis si je passe pour réactionnaire.
Vous êtes dans le vrai.
Cette féminisation à outrance des armées a nécessairement provoqué cette situation qui en d’autres temps était exceptionnelle.
L’ancien « vieux soldat » partage ce point de vue clairvoyant.
Le mélange des genres pose toujours problème.