La médecine scolaire, une médecine à la dérive
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Un rapport de l'Académie de médecine publié le 24 octobre dénonce un manque de médecins scolaires. La France compte mille médecins scolaires pour douze millions d'élèves et leur nombre ne cesse de diminuer.
Il n'en fallait pas davantage pour que les syndicats montent au créneau et dénoncent "le scandale que constitue la disparition de la médecine scolaire", allant jusqu’à parler de véritable scandale sanitaire. Certains estimant même que les droits des élèves n'étaient pas respectés !
On eût aimé un peu plus de modération dans les propos, car même si la médecine scolaire peut avoir un côté utile, son intérêt en matière de santé publique est maintenant très limité.
Créée dans l'après-guerre pour répondre à des impératifs de santé publique (profiter du passage des enfants dans les établissements scolaires pour les faire bénéficier d'une consultation médicale), il s'agit surtout d'une médecine de prévention, qui pouvait avoir une certaine importance dans les années 50 ou 60 où l'on avait recours au médecin seulement en cas de maladie grave, mais ce n'est actuellement plus le cas. On peut affirmer que, sur le territoire français, les enfants sont médicalement bien suivis, et le fait de voir ou de ne pas voir un médecin dans les établissements scolaires ne modifie en rien l'état de santé de nos chères têtes blondes.
On peut parfaitement admettre le rôle du médecin scolaire comme conseiller des responsables de l’éducation pour tout ce qui touche à la santé dans l'enseignement, et pour participer avec d’autres professionnels de santé et les enseignants à des programmes d'éducation sanitaire, mais leur rôle en tant que médecin de prévention s’est amenuisé au fil du temps et la médecine scolaire peine maintenant à justifier son existence, tout au moins dans sa forme historique ; tout comme, d'ailleurs, la médecine du travail, qui aura de plus en plus de mal à justifier son utilité en ce qui concerne les employés dont le travail ne présente aucun risque spécifique.
La surveillance et le dépistage de certaines pathologies peuvent très facilement être pris en charge par les généralistes sans qu’il y ait besoin d’avoir recours à des médecins spécifiques.
Mais il est probable que les responsables syndicaux profitent de cette situation et de ce rapport de l'Académie de médecine pour attirer l'attention sur un statut qu’ils aimeraient revaloriser et sur les rémunérations qu'ils aimeraient voir augmenter.
Cependant, le malaise actuel des médecins scolaires semble davantage relever de l’incapacité d’avoir su faire évoluer leur spécialité, pour affirmer sa spécificité au sein de la profession médicale et chez les enseignants, que d’un réel problème de santé publique.
Alors ne nous étonnons pas si les jeunes médecins ne se bousculent pas au portillon pour postuler à ces emplois, certes beaucoup moins stressants que les gardes au SAMU, mais aussi beaucoup moins passionnants.
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