Les médecins réanimateurs doivent-ils obéir à un tatouage ?
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Le New England Journal of Medicine, relayé par Le Monde, vient d'évoquer un épisode peu courant survenu dans un hôpital de Floride. Un homme de 70 ans, sans papiers d’identité sur lui et visiblement alcoolisé, y est amené inconscient. Seul signe distinctif, un tatouage "Ne pas réanimer" (NPR) avec le mot "pas" souligné, accompagné de sa signature. En France, et surtout devant une urgence vitale, une telle constatation ne serait jamais prise en considération et les réanimateurs se mettraient immédiatement au travail. C'est d'ailleurs ce qu'ont fait les urgentistes américains, tout en ayant la malencontreuse idée de faire appel à un comité d’éthique. Ce dernier leur a alors conseillé de respecter la directive cutanée comme s’il s’agissait d’un véritable "NPR" ! Ils ont suivi cet avis, l’état du patient s’est donc rapidement dégradé et il est mort peu de temps après.[ref]NDLR : entre temps, le dossier médical du patient avait été retrouvé, dans lequel il était bien stipulé qu'il ne souhaitait pas être ranimé.[/ref]
Ce type de comité, de plus en plus fréquent dans bien des domaines, est en fait une machine de dilution de la responsabilité, corollaire du principe de précaution, mais appliqué d'abord à soi-même. Autour du sujet, on réunit un scientifique, un fonctionnaire, un jésuite, un rabbin et le vénérable de la loge locale sur l'air de Maurice Chevalier "Et tout ça ça fait d'excellents Français", et si ça tourne mal, personne n'est vraiment fautif, c'est super pratique !
A posteriori, le souhait officiel du patient de ne pas être réanimé a bien été retrouvé dans son dossier au département de la santé. Ce qui est heureux pour l'hôpital parce que, dans le cas contraire, il est vraisemblable que les ayants droit du de cujus auraient eu là l'occasion d'un contentieux qui, aux États-Unis, les aurait mis à l'abri du besoin pour plusieurs générations…
En matière de vie ou de mort, peut-on raisonnablement se fier à un graffiti cutané, peut-être gravé il y a des lustres et à l'occasion d'une bamboula trop arrosée ? Évidemment non. Il en est de même de l'affichage par les rallymen du dimanche de leur groupe sanguin sur leur casque ou sur l'aile de leur bolide, à côté de leur nom. Un casque, ça se prête, et une place en voiture, ça s'échange.
Les SS avaient pour usage de tatouer leur groupe sanguin sur l'intérieur du bras au niveau de l'aisselle, ce pourquoi les soldats américains obligeaient les prisonniers allemands à défiler torse nu et bras levés pour les identifier. Paradoxalement, c'est ce qui sauva mon douteux confrère Joseph Mengele, le médecin d'Auschwitz que les Américains tenaient pourtant entre leurs mains. Le tatouage n'étant pas obligatoire, le sinistre tortionnaire n'avait pas jugé utile de le faire…
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