[MEDIAS] Arrêtez d’engendrer ! L’injonction suicidaire s’étend dans les médias

@National Cancer Institute/unsplash
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« Faut-il arrêter de faire des enfants pour sauver la planète ? » Voilà la question que posent, de manière très insistante, de nombreux médias de premier plan : Radio France en juin 2022, 20 Minutes en octobre 2022, Ouest France en novembre 2022, Le Monde en décembre 2022, France Bleu en avril 2023, Le Point en mai 2023 ou encore Les Echos au mois de mai dernier.

Tous soulignent la catastrophe qui nous pend au nez, la « crise climatique sans précédent », l’urgence vitale à émettre moins de gaz à effet de serre. « Faire moins d’enfants est souvent présenté comme une solution très efficace », suggère Le Monde. On pourrait rétorquer à ces médias anxiogènes que ce n’est pas en arrêtant de nous reproduire que l’on va assurer la survie de l’espèce humaine, que la natalité explosive d’autres continents pose problème davantage que la nôtre, que ce sont précisément les enfants de demain qui donnent son sens au combat écologique des adultes d’aujourd’hui. Mais ces considérations ne semblent pas effleurer les militants et les médias qui les relaient…

La culpabilisation des parents

Rien n’y fait. Dans ce contexte de réchauffement climatique et de surpopulation galopante, la parentalité n’a pas bonne presse. Elle est devenue suspecte, dangereuse, voire criminelle. Les familles nombreuses, en particulier, sont mal vues. « Je suis mère de quatre enfants et dès que j’annonce que je suis enceinte, les questions surgissent. Je suis sommée de me justifier », expliquait le 12 septembre la philosophe Marianne Durano dans Le Figaro.

 

Les raisons de cette culpabilisation sont multiples. Quand l’enfant n’est pas vu comme une menace pour l’environnement, il est considéré comme une charge, une surcharge, une entrave à l’accomplissement de soi et à la jouissance permanente. La mention « Adults only » qui s’affiche désormais aux abords des certaines plages ou de certains restaurants en est une illustration frappante. Ras-le-bol des mioches ! Les clients veulent du calme, des ambiances feutrées, débarrassées de tout cri d’enfant trop strident.

La promotion incessante des « no-kids »

Cette tendance s'inscrit dans un mouvement plus large de baisse de la fertilité en Occident, encouragée par certains militants qui, pour diverses mauvaises raisons, invitent les occidentaux à ne plus se reproduire. Jamais la stérilisation n’avait été si tendance. Les articles se multiplient dans la presse pour faire la promotion de la génération « no kids », vanter les bénéfices de la vasectomie et pour applaudir l’indépendance de ces femmes qui ne veulent surtout pas tomber enceintes.

C’est ce dernier angle, celui du féminisme, qui est le plus mis en avant afin de mieux promouvoir le mouvement « childfree ». Il est exploité à l’envi dans les médias féminins, les plateformes progressistes, mais aussi sur le service public. Mi-juillet, Arte y consacrait un documentaire de 30 minutes, présentant la maternité comme un asservissement dont la femme devrait d’urgence se libérer. La chaine avait déjà mis en ligne un autre film sur le même sujet cinq mois plus tôt (« Des enfants ? Non merci ! »), mais le message mérite visiblement d’être martelé à intervalle régulier. A chaque fois, la femme est décrite comme la cible d’une féroce pression patriarcale l’incitant à tout moment de son existence à s’accoupler et à mettre bas. Celles qui clament leur non-désir de maternité font alors figure dans la presse d’« héroïnes modernes », de résistantes éprises d’un « impérieux désir de liberté ».

Sauf que cette démission maternelle n’a rien de rebelle, ni de courageux. Elle est mainstream. Comme l’indique l’Insee, la natalité est déjà au plus bas en France. Les femmes françaises ne font plus d’enfants. Autant dire que, s’il existe une quelconque pression à l’enfantement dans notre pays, elle n’est pas couronnée d'une grande réussite…
Aujourd’hui, l’injonction pèse en réalité davantage sur celles qui souhaiteraient fonder une famille malgré tout. Malgré la crise économique, malgré les prédictions environnementales, malgré l’insécurité endémique. Ces mères doivent être défendues aussi pour cela : elles nous rappellent que l’enfantement est un magnifique signe d’espérance et de foi en l'avenir.

Jean Kast
Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

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