[MEDIAS] Audiovisuel public : une fusion pour éviter la privatisation voulue par le RN ?

Capture d'écran X
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Une « semaine décisive pour l’avenir de France Télévisions ». Le ton était grave, ce matin, sur France Info. La matinale recevait Quentin Bataillon, député Renaissance de la Loire et rapporteur de la mission d’information sur l’avenir de l’audiovisuel public. Dans un contexte déjà explosif marqué par une grève à Radio France en réaction à la suspension de Guillaume Meurice, c’est une réforme « potentiellement historique » que le gouvernement souhaite aujourd’hui mener, avec dans le viseur la fusion de France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l’INA au 1er janvier 2026. « Pourquoi cette réforme ? Déjà parce que nous avons de l’ambition pour l’audiovisuel public, explique Quentin Bataillon. Nous sommes conscients de son importance pour la démocratie. Ensuite, parce que nous sommes convaincus que le statu quo n’est pas possible. » Pour l’exécutif, il s’agirait ainsi de « mutualiser les forces entre les différentes maisons » afin de créer un pôle plus fort et plus résistant face à la concurrence des réseaux sociaux et des plates-formes de streaming.

Cela fait déjà quelques semaines que cette réforme est annoncée avec plus ou moins de clarté par le gouvernement. Après avoir été évoqué par Rachida Dati dès le mois de mars, le projet de fusion des sociétés de l'audiovisuel public est désormais inscrit noir sur blanc dans un amendement qui sera soumis aux députés en commission à partir de mardi. Le « rapprochement en deux étapes » y est détaillé : tout d’abord la création, au 1er janvier 2025, d’une société holding à la tête d’un groupe réunissant toutes les antennes publiques, puis la fusion, au 1er janvier 2026, des filiales au sein de la société France Médias.

Une réforme anti-RN ?

S’il est indiqué par l’exécutif que cette réforme a pour but de « permettre de proposer une offre plus riche, mieux mise en avant sur tous les canaux de diffusion pour qu’elle puisse s’adresser à tous les Français », le timing interroge. Difficile de ne pas remarquer, en effet, que cet empressement soudain à vouloir réformer l’audiovisuel public coïncide avec l’intensification des critiques à son égard. Des critiques qui ont moins à voir avec les « canaux de distribution » du service public qu’avec son militantisme et son manque criant de pluralisme… En quoi la fusion des antennes permettra-t-elle de lutter contre leur politisation ? En rien. En revanche, une telle opération pourrait couper l’herbe sous le pied de Marine Le Pen, qui milite depuis plusieurs années pour la privatisation de l’audiovisuel public.

La restitution de l’audiovisuel public au secteur privé figurait dans le programme porté par Marine Le Pen lors de la campagne présidentielle de 2022. La candidate avait néanmoins précisé que l'audiovisuel d'outre-mer, la radio RFI et la chaîne d'information internationale France 24 seraient maintenus dans la sphère publique. La chaîne franco-allemande Arte devait aussi être préservée et l'Institut national de l'audiovisuel transféré au ministère de la Culture pour intégrer les archives nationales.

Présentée comme une mesure en faveur du pouvoir d'achat, cette privatisation devait supprimer la contribution à l'audiovisuel public (CAP), soit l'ex-redevance, et rendre 138 euros par an aux Français. Il s’agissait aussi, bien évidemment, de mettre fin au financement de médias partiaux et militants, ne remplissant plus depuis longtemps leur fonction de service public.

Mais le RN sera-t-il réellement prêt à se lancer dans ce périlleux chantier en cas d’accès au pouvoir en 2027 si le secteur a déjà subi une mutation profonde et douloureuse l’année précédente ? C’est une des clés de lecture du pari de la Macronie...

Jean Kast
Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

18 commentaires

  1. L’audiovisuel « public » (sic) est devenu une farce. Il n’a plus aucune légitimité ni raison d’être. Sa disparition devrait être au programme de tout parti prétendant succéder à la macronie.

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