[MEDIAS] Le Monde présente ses excuses pour un article « publié par erreur »…

Banque de France

C’est un fait assez rare pour être souligné : Le Monde vient de présenter ses excuses pour un article qui, dit-il, n’aurait pas dû être publié. « La réaction de nombreux lecteurs ont incité la direction de la rédaction à réexaminer en détail les éléments d’information qui ont conduit à la réalisation de cet article », a expliqué l’ex-quotidien de référence.

De quoi était-il question, dans ce papier controversé ? Des notes de frais jugées trop élevées du gouverneur de la Banque de France. Entre ses séjours en « hôtels quatre ou cinq étoiles » et ses vols « en classe affaires plutôt qu'en classe économique », François Villeroy de Galhau aurait dépensé, en 2023, plus de 50.000 euros. Une somme qu’un journaliste du Monde juge parfaitement scandaleuse. « [Le gouverneur] semble moins préoccupé par la dégradation des finances publiques au moment de régler ses propres dépenses professionnelles », raille l'auteur, dans les colonnes du quotidien.

Un article malveillant et malhonnête

Ces dépenses étaient-elles réellement somptuaires ? Témoignaient-elles vraiment d’un indécent « goût » du luxe ? Non. Le jour même de la publication de l’article l'accusant d’entretenir un train de vie dispendieux, le gouverneur de la Banque de France a pris la parole pour dénoncer une « attaque purement personnelle » et préciser que toutes les pièces justificatives avaient été dûment transmises au journaliste avant la publication de son papier. « C’est nous qui, en totale transparence, et en réponse aux demandes du journaliste, lui avons passé ces notes ; elles sont toutes justifiées et marquées par un souci constant de maîtrise, explique François Villeroy de Galhau. Le journaliste n’a tenu aucun compte des explications qui lui ont été régulièrement fournies en ce sens. » Il faut croire que l’envie de « se faire » un banquier était trop forte.

La mise au point du gouverneur

Rappelant sa réputation immaculée et ses quarante ans de carrière au cours desquels « personne n’a jamais mis en cause [s]on intégrité », François Villeroy de Galhau a répondu, point par point, aux accusations du Monde et dénoncé des chiffres « systématiquement biaisés ». « L’article aurait dû commencer par préciser que l’ensemble de ces déplacements correspond aux obligations européennes et internationales fortes de la Banque de France », débute-t-il. Car certains semblent l’ignorer, mais il est normal et même souhaitable que les déplacements d’un gouverneur de la Banque de France se fassent en classe affaires. Il s’agit d’une simple mesure de sécurité et de confidentialité pour un haut responsable qui peut être amené à travailler sur des dossiers sensibles durant ses trajets. Tous les dirigeants publics en France et à l’international ont d’ailleurs droit au même égard.

Le gouverneur revient aussi sur ses frais d’hôtel, puisque reproche lui avait été fait de privilégier les « hébergements de prestige ». « C’est faux », balaye-t-il, donnant plusieurs exemples d’établissements aux tarifs tout à fait modestes dans lesquels il est récemment descendu. Et là encore, le journaliste paraît déconnecté du réel. Pour sa gouverne, le prix moyen d'une chambre dans un établissement « de prestige » varie de 1.000 € à 3.000 € la nuit dans une capitale européenne, soit quatre à dix fois le prix moyen des chambres louées par François Villeroy de Galhau. « Qu’est-ce qui justifie une telle attaque personnelle et sans fondement ? se demande Villeroy de Galhau. Est-ce pour céder à une tentation populiste que votre journal dénonce souvent par ailleurs ? »

Face à cette mise au point étayée, Le Monde a consenti à faire machine arrière et présenté ses excuses. « Il est apparu, à la lumière de ces discussions éditoriales, que les dépenses mentionnées ne justifiaient pas, en elles-mêmes, un article construit sous cet angle », reconnaît pudiquement le quotidien, qui admet enfin une de ses erreurs. On reste, néanmoins, circonspect quant à l’argument selon lequel cet article malveillant aurait été « publié par erreur ». Comment peut-on publier et mettre en une un papier aussi incriminant « par erreur » ? N'y a-t-il pas une rédaction pour relire et valider les contenus avant leur mise en ligne ? Comme quoi les plus fins chasseurs de « fake news » sont, eux aussi, vulnérables...

Jean Kast
Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

21 commentaires

  1. Que dirait Le Monde s’il savait que les rigolos qui chantent et dansent pour les Resto-du-Coeur (par ex) ont les mêmes exigences que ce haut responsable quand ils se déplacent ?

  2. Le Monde…Une « référence » gage de sérieux disent certains …Surtout une abjecte hypocrisie pseudo-intellectuelle au service d’une gauche qui nous détruit depuis des décennies !

  3. Déjà suspecté , à raison, d’idéologie gauchiste, par cette gaffe complètement ridicule le journal ‘Le Monde’ se discrédite carrément..

  4. Le Monde, presse écrite du même niveau que dans l’audiovisuel Complément d’Enquête ou Quotidien.
    Ce n’est plus du journalisme

  5. 50000€ pour un an de déplacements? Combien dépensent les gens pour les vacances au cours d’un an car les vacances se succèdent maintenant toute l’année ?
    Hôtels 4-5 étoiles? Combien d’étoiles pour les vacanciers français en Turquie, au Sénégal, en Inde ?

  6. Je rappelle ici les règles qui sont quasi internationales pour les trajets en classe affaires dans les grandes entreprises: dès que le trajet dure plus de 6 heures, certains acceptant 4 heures. Franchement, pour ceux qui connaissent un peu, 4 heures dans un wagon à bestiaux quand on est grand et/ou gros, c’est quand même un calvaire. N’oublions pas le décalage horaire qui vous attend et souvent le fait que vous allez faire un aller-retour en 48 ou 72 heures. Dans ces conditions, un voyage entre 3000 et 5000 euros est un prix standard. Dès lors, 50000 € dans l’année est très peu pour le patron de la banque de France! cela lui fait seulement une dizaine de voyages. Pour un poste comme celui-là, c’est, de mon avis, très peu.

  7. Pourquoi « la sécurité et la confidentialité » sont-elles « mieux assurées en classe affaire qu’en classe économique » ?
    Les espions n’ont pas de quoi, eux, se payer un billet en classe affaire ?? Un assaillant est incapable de pousser le petit rideau qui sépare dans un avion la classe affaire de la classe économique pour agresser sa victime, ou les places en classe affaire sont plus sécurisées en cas de crash aérien ???
    Il me semble qu’il y a des arguments plus valables que la sécurité et la confidentialité pour voyager en classe affaire !

  8. Ce directeur de la banque de France se comporte, en fait, exactement comme nos politicards, président et sa cour en tête, dont les frais divers explosent pendant que de plus en plus de Français, occupant souvent un emploi, n’arrivent pas à boucler leurs fins de mois et doivent de plus en plus souvent renoncer à des dépenses pourtant indispensables : chauffage, nourriture, etc. Et dire qu’o a coupé la tête des rois en France et qu’on en est fier ! Nos médias impartiaux oublient trop souvent de rappeler que la famille royale d’Angleterre coûte moins cher au contribuable anglais, que ne coûte l’Elysée au con-tribuable français …

  9. Le. Monde égal à lui même. 40 ans de probité ne valent rien face au désire morbide de ses journalistes de se payer un banquier. Leur credo : le mensonge et la diffamation. Peu importe la vérité, il faut baver… La routine quoi. Dis moi quoi tu lis, je te dirai qui tu es.

  10. Le plus marrant, c’est que toutes les décisions sont prises aujourd’hui à la Banque centrale Européenne, donc le mec ne sert plus à rien, à part choisir la couleur de la moquette dans le hall du siège social, et quelques autres décisions vitales pour l’avenir du pays.

    • Commentaire absurde relevant de l’ignorance la plus totale . La prochaine fois réservez vos commentaires à vos amis !

  11. Pourquoi aucune plainte pour diffamation n’est déposée ? De mièvres excuses ne sont pas suffisantes.

  12. Le monde , en présentant ses excuses est aussi crédible que Adja Traoré qui prétend que sa langue a fouché en disant « sales blancs de merde  » . Les deux mentent comme des arracheurs de dents .

    • Une promotion sans doute puisqu’il a fait parler de son canard. Que ce soit en bien ou en mal n’a pas d’importance, le tout était d’en parler.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois