[MEDIAS] Manifestation contre le racisme : ces violences passées sous silence

Contrairement à ce qui a été répété dans la presse, les défilés du 22 mars ne se sont pas déroulés « dans le calme ».
@BV
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Une manifestation qui s’est tenue « dans le calme ». À lire la presse mainstream, la mobilisation du samedi 22 mars contre le « racisme et le fascisme » s’est déroulée comme sur des roulettes. L’ambiance y était « bon enfant », paraît-il. « Le mot d'ordre dans le cortège, c'est l'humanisme, l'anti-racisme », a ainsi noté France Info. Sans doute la journaliste de service public n’a pas entendu – ou voulu entendre – les nombreux slogans antisémites qui ont été scandés à Paris. Estime-t-elle que « Israël casse-toi, en France on n’en veut pas ! » constitue un mot d’ordre « humaniste » ?

De même, les drapeaux brandis étaient, semble-t-il, parfaitement pacifiques. « Les drapeaux qui s'agitent sont antifascistes, pour la paix, parfois aux couleurs de la communauté LGBT, toujours contre le racisme », ajoute encore France Info. Le média concède la présence de quelques « drapeaux palestiniens et des keffiehs », mais rien de bien inquiétant. Photographe-journaliste et ancien chroniqueur à Radio France, Christophe C. s’est, lui aussi, félicité de tous ces magnifiques fanions multicolores : « L’occasion d’enrichir ma culture en termes de drapeaux (la nuance subtile entre le drapeau palestinien et soudanais, par exemple) », a-t-il commenté, sur Instagram. Pas un mot, en revanche, sur ces individus arborant le slogan haineux et ouvertement remplaciste « Nous sommes la nouvelle France ».

L’invisibilisation de la violence

Silence radio, également, au sujet des menaces de mort portées dans le cortège parisien par une rappeuse à l’encontre de la militante féministe Dora Moutot, et fièrement relayées dans la foulée par LFI. « Délirant et extrêmement grave, venant d’un parti politique », a dénoncé la jeune femme visée, évoquant, sur X, une « attaque probablement antisémite ». « Elle parle de "régler son cas dans la rue (ou nuit ?)", puis joue sur la répétition en disant "click click click" en mimant probablement un pistolet… ça reste "flou" car ils sont malins, qu’ils ont peur du procès, mais dans le fond, on sait très bien. »

Accompagnée de son bras armé soi-disant « antifa », l’extrême gauche s’en est également prise aux représentants de la force publique. Des heurts ont éclaté en divers points du cortège, faisant plusieurs blessés parmi les policiers. Mais, dans la version proposée au grand public, la violence serait moins venue des manifestants que des forces de l’ordre. « L'ambiance s'est tendue au moment du passage à la place de la Bastille. C'est là que les forces de l'ordre ont commencé à freiner un peu le cortège, a-t-il été rapporté, sur France Info. À l'approche de l'arrivée, place de la Nation, sous une pluie soudaine, des gaz lacrymogènes ont été utilisés par les forces de l'ordre sur les manifestants. » À croire que les gentils militants ont soudainement été nassés par une milice hostile qui n’a pas hésité à les gazer sans raison aucune.

Un même procédé en province

L’inversion accusatoire et l’occultation du réel ont également été largement utilisées dans le traitement médiatique des manifestations organisées, samedi, en province. À Lyon, par exemple, le rassemblement se serait « globalement déroulé dans le calme », si l’on en croit nos confrères du Progrès qui trouvent, néanmoins, le moyen de déplorer « une rixe avec des militants d’extrême droite »... Aucune déploration, en revanche, des menaces de mort visant Vincent Bolloré qu’on a pu voir affichées dans l’espace public. Imaginez une manifestation de droite dans laquelle on aurait vu fleurir des menaces de mort envers un patron de presse associé à la gauche : l’ensemble des médias auraient immédiatement embrayé et dénoncé le « dérapage » d’une même voix, les « valeurs de la République » en danger ou le « retour des heures les plus sombres ». Rien de tout cela, dans notre cas.

À Rennes, c’est également dans un « calme » des plus parfaits que quelque 3.000 personnes auraient défilé contre le racisme. Ouest-France s’est fait l’écho de ce grand moment d’humanisme, prenant en exemple un jeune manifestant qui était venu marcher « avec le mot "Amour" inscrit sur le front »… Ce même sentiment animait-il l’homme qui a agressé une militante du collectif Némésis, lui causant une double fracture du doigt ? Il est permis d’en douter. « Hier, une de nos militantes a été agressée aux abords de la manifestation de Rennes », a fait savoir l’organisation féministe.

En plus de sa fracture au doigt, la jeune femme a eu le genou ouvert et a dû être transportée à l’hôpital. Mais pas de quoi émouvoir les médias bien-pensants, pour lesquels la violence est toujours acceptable quand elle vient de leur propre camp.

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Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

7 commentaires

    • Pour qui a déjà manifesté, les slogans sont des raccourcis percutants difficilement attaquables ainsi « tuons Bolloré » peut être la contraction de tuer l’empire de Bolloré, le système Bolloré mais non l’homme, d’autre part, « israël casse toi » n’est pas antisémite mais antisioniste, ne tombons pas dans la caricature inverse. Par contre attaquer des personnes c’est une autre histoire, à elles de porter plainte et quant au gaz, pour en avoir essuyé sur Bellecour, à la fin d’une manif anti arnaque COVID des plus tranquilles, cela ne prouve rien…

  1. Si l’on en croit les résultats des dernières partielles et le nombre de participants à leur manifestation « anti raciste », on ne peut que constater qu’ils perdent pieds, ce qui va les rendre encore plus dangereux.

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