[MÉDIAS] Un documentaire orienté sur les banlieues efface les ouvriers français

Mohamed Bouhafsi. © Capture d'écran France 5
Mohamed Bouhafsi. © Capture d'écran France 5

« La banlieue, c’est le paradis ». Le titre du documentaire de Mohamed Bouhafsi à découvrir - ou pas - mardi 18 février, à 21h10, sur France 2 se veut un brin provocateur. « Mon but, c'est qu'il interpelle », explique le jeune homme, bien connu des téléspectateurs depuis qu’il officie dans l’émission C à vous, sur France 5. L’idée est de tordre le cou aux clichés sur les quartiers dits « populaires ». « Quand on regarde la télévision, on a l'impression que la banlieue, ce sont des scènes de combat, des fusillades et des émeutes. En réalité, dans 99 % des cas, ce ne sont pas des zones de non-droit. On n'est pas à Tijuana », insiste la natif d'Oran qui a grandi dans le 93.

En s’appuyant sur des témoignages variés, de Franck Gastambide à Xavier Niel en passant par Jean-Louis Borloo et trois anciens présidents de la République, celui qui a dernièrement reçu l'insigne de chevalier de l'ordre national du Mérite entend contribuer à un changement de regard sur ces territoires. « Nous n'avons pas à rougir, nous faisons partie de la France », veut-il croire.

Énième opération de victimisation

« Pas de leçon à donner. Pas d’utopie à vendre. Pas de misérabilisme à exhiber », se défend Mohamed Bouhafsi, anticipant les critiques. Le jeune homme n’évite pourtant pas l’écueil de la victimisation. Dans la presse, il aime ainsi répéter cette phrase que lui aurait dite son grand-père et qui continue de le hanter : « On m’avait dit qu’en France, les rues seraient pavées d’or ! Mais, très vite, j’ai compris que non seulement les rues n’étaient pas pavées du tout, mais qu’en plus, c’est nous, les Algériens, qui allions devoir les construire. » Pauvres petits immigrés, traînés de force en France pour y bâtir un pays qui, avant leur arrivée, n’était qu’un terrain vague… Un sort d’autant plus cruel que ces valeureux forçats auraient été traités de la pire des manières par l’État français. « On a tout fait pour enclaver les immigrés. On évitait qu’ils apprennent le français pour ne pas qu’ils se syndicalisent, pleurait encore M. Bouhafsi, vendredi 14 février, sur le plateau de C à vous. On a construit des quartiers tout équipés pour les empêcher de rejoindre la ville. »

Comme le dit lui-même le chroniqueur, il s’agissait là de logements flambant neufs, « tout équipés », avec salle de bains, toilettes privatives et chauffage au sol. Ce qu’il ne dit pas, en revanche, c’est l’état d’insalubrité dans lequel vivaient les prolétaires français dans ces mêmes zones, avant le surgissement des grands ensembles, au début des années 1970. Paris était alors bordé de taudis où s’entassaient, dans des constructions de tôle et de carton, des familles pauvres qui ne parvenaient pas à trouver de logement. « Ma famille paternelle est arrivée à Drancy en 1903, quand on y a loti des anciens marécages, se remémore, sur X, un ancien habitant du 93, lui-même né à La Courneuve. 300 mètres carrés de terrain, 3 bicoques, 3 familles, WC dans le jardin pour 10 personnes, pas de salle de bains, on se lave à l’évier de la cuisine. […] Cette réalité-là de la banlieue, ce substrat de petits Blancs ouvriers qui en ont bavé, pas un seul mot dans votre documentaire sur la banlieue. Cet effacement des miens, de mes racines, de mon histoire, je vous le dis, je l’ai vécu comme un affront. »

Culpabilisation à sens unique

Dans son documentaire très partial, Mohamed Bouhafsi fait, en effet, l’impasse sur ceux qui habitaient en périphérie des grandes villes avant l’arrivée des Africains. Le sort des Français de souche, des pieds-noirs et des immigrés européens ne semble guère le préoccuper. Le jeune homme ne se demande pas pourquoi ces populations ont progressivement quitté des quartiers qui étaient, jusqu’alors, véritablement « populaires ». Il est trop occupé à évoquer le rejet dont lui et les siens auraient été victimes. « Zidane est comme un père de substitution. C’est mon héros. Après la demi-finale France-Croatie, pour la première fois, on pouvait s’identifier à quelqu’un qui réussit », avouait encore Mohamed Bouhafsi, sur le plateau de C à vous.

Sans s’en apercevoir, il donne là l’une des raisons de l’échec du « vivre ensemble » : la logique clanique d’une partie de l'immigration extra-européenne, sa difficulté à se reconnaître et à se fondre dans le peuple historique. Une disposition mentale qui explique, aujourd’hui, bon nombre de nos problèmes sécuritaires et identitaires. À tout prendre, c’est peut-être à ce sujet que France 2 aurait dû consacrer un documentaire.

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Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

52 commentaires

  1. Je ne regarde plus cette émission honteuse dont les présentateurs ont un rictus de mépris dès qu’ils évoquent ou interviewent une personne considérée comme de droite! une émission dans laquelle on présente une « story » chaque soir – une story! en english!- et ils se plaignent qu’on n’apprend pas le français aux arrivants! quelle bêtise! – et un « édito »…trop difficile de dire « éditorial »? et où un imbécile vient faire le clown en se moquant des autres d’une façon drôle une fois sur 10!

    • Bravo pour vos remarques concernant le sabir anglo-saxon et le massacre de la langue française. Où l’on voit que BV n’est pas en reste qui censure sans hésiter mes propos dénonçant ces travers chez des gens qui se disent de droite. C’est là que l’on voit les faux-culs de cette droite versaillaise en loden !

  2. c est vrai la banlieue et sa diversité est un endroit tout a fait agréable…. malheureusement députés , ministres hauts fonctionnaires patrons du cac 40 vedettes de cinéma ou de télé n y résident que rarement il faut absolument faire en sorte que ces gens habitant paris 4ème,5ème,6ème,7,ème,8 ème versailles , la celle saint cloud etcetc puisse venir habiter épinay, viry chatillon , saint ouen , aubervilliers etc etc . de plus leurs enfants seront impérativement scolarisés dans les établissements publics des villes en questions afin qu ils puissent dès leur plus jeune age s enrichir de leur diversité

  3. France télévision existe grâce aux impôts des français et l’émission C à vous dont je ne ferai aucun commentaire intéressant, a diffusé ce documentaire sans intérêt. Je me demande si la rédaction de France 5 réfléchisse de temps en temps. L’Arcom de ne dira rien puisque les cows boys de cette organisation sont de la même mouvance.

  4. Pourquoi ne pas avoir parler des milliards d’euro versés dans les banlieues qui sont des puits sans fonds, des bâtiments publics ( écoles, bibliothèques, médiathèques, centres sociaux ) , systématiquement détruits , des immeubles vandalisés après les remises aux normes etc…. Borloo, Tapis , éphémères ministres des banlieues, pourquoi faire ???

  5. L’approche victimaire est bien connue et récurrente. Ce qui me choque c’est l’orientation politique à sens unique de cette emission grand publique. Jamais de contradicteurs sur le plateau. Et surtout, jamais de rappel à l’ordre de l’ARCOM si prompt à fermer ou à punir des medias n’allant pas dans ce « sens unique ».

  6. Pour y avoir vécu, les hlm des années 60 n’étaient pas destinés aux étrangers mais aux français qui y ont vécu dans des conditions enviables pour l’époque. Je cite un de mes amis : »tu arrivais de Bretagne ou on allait puiser l’eau, les toilettes, tu t’y endormais pas l’hiver, une cabane avec une planche percée, la salle de bain, une bassine en galva au printemps. Tu arrives aux Gerbaux, c’est propre, y a du chauffage, une vraie salle de bain rien que pour nous ». À Melun, voyez les dégradations des hlm à comparer avec les hlm de la gendarmerie, au départ, ce sont les mêmes, les budgets d’entretien ne sont pas comparables. Voyez la différence.

  7. j ai connu ce soit disant journaliste sur RMC ou il oeuvrait en tant que journaliste Foot, il disait déjà beaucoup d’idiotie tres dirigé comme sur l’histoire des arbitre roumains accusés d’être des méchants racistes , bon maintenant il le fait payé par mes impots

  8. Après guerre l’Abbé Pierre a Villiers-sur-Marne qui a fondé Emmaüs, passé député avait sensibilisé la population en dénonçant la pauvre SDF morte de froid, aujourd’hui, d’après l’INSEE, 143 000 personnes sont sans domicile fixe en France, alors évidement avoir un logement dans ces citées HLM relève d’un privilège mais pas pour tout le monde.

  9. Probablement que ce jeune immigré issu tout droit de ces bidons villes des années d’après guerre remplis du baby boom, lui il peut entrer dans une citée sans se faire contrôler pars les jeunes gardiens. Jeune homme j’ai bien connus celui de Choisy-le-Roi/ Orly dans les années 50 que je voyais du train de Banlieue longeant ces bidons villes dépourvus du fameux mur rapidement remplacés par des maisonnettes préfabriqués.

  10. Étant jeune rapatrié français d’Algérie en 1962, et ayant vécu quelques années au Blanc-Mesnil et à Garges les Gonesses jusqu’en 1968, je me rappelle y avoir vécu en parfaite sécurité dans ces cités, pour les curieux et les gens en mal d’exotisme, allez-y aujourd’hui,vous ne serez pas déçus du voyage.Ensuite je suis allé dans le Tarn où j’ai été en brigade de roulement de 1991 à 2023 dans la police municipale d’une ville de 45 milles habitants et j’y ai vu des quartiers bien tranquilles devenir toutes proportions gardées ce que l’ont connait de nos jours, alors les donneurs de leçons comme ce monsieur ou cette Elisabeth-Lemoine, ils peuvent bien se les garder. Aux lecteurs de ce commentaire,si toutefois il est publié, de réfléchir et de se faire une idée.wSue ce monsieur arrête donc de pleurnicher car nous avons vécu dans les mêmes conditions sans rien dégrader.

  11. Et oui, que voulez vous, ma bonne dame, c’est la pure vérité ; Ce sont bien les Algériens ayant quitté leur pays nouvellement indépendant qui sont venus en masse construire la France, ce pays en friche !!
    Sauf que c’est, au contraire, la France, qui en 130 ans, a construit un état ultra moderne dans une région de maquis, de syphilis et autres maladies tropicales et qui ne s’appelait pas l’Algérie. Voilà pour la « réflexion du grand père de cet énergumène qui veut nous faire croire que l’immigration est « une chance » pour ce sacré pays, la France, que nous avons bâti, non pas en 130 ans mais en 2000 ans et sans l’apport « des pauvres esclaves » algériens.

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