Mediator : l’Agence du médicament et le laboratoire Servier condamnés
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Lundi 29 mars, après plus de neuf mois d'audiences (et presque autant de délibérés), le tribunal correctionnel de Paris a condamné le fabricant de ce produit pharmaceutique dangereux à 2,7 millions d'euros d'amende. Jean-Philippe Seta, bras droit du président du laboratoire, est condamné à 4 ans de prison avec sursis.
Une condamnation qui déçoit cependant les parties civiles (6.793 personnes), car 10.228.000 euros d'amendes avaient été requis par le parquet à l'encontre de la maison mère et de cinq sociétés du groupe pharmaceutique, qui emploie plus de 22.000 personnes dans le monde et a réalisé, en 2019, un chiffre d'affaires de près de 4,7 milliards d'euros en 2019.
La pneumologue Irène Frachon, qui a révélé le scandale il y a plus de dix ans, rappelle, par ailleurs, que le Mediator a rapporté au groupe près d'un milliard d'euros sur trois décennies.
« C'est un vrai crime industriel »
Mis au point à la fin des années 1960, le Mediator, aussi appelé Benfluorex, a été vendu pendant 33 ans et même remboursé par la Sécurité sociale avant d'être interdit en novembre 2009. « C'est un vrai crime industriel », dénonce le docteur Irène Frachon. Selon elle, le Mediator a rapporté au groupe près d'un milliard d'euros en trente ans..
Le Mediator est resté en vente « grâce à l'étonnante indulgence de l'Agence du médicament »
Trois faits sont reprochés : « tromperie aggravée », « blessures et homicides involontaires » et « escroquerie ». Selon les experts, le Mediator aurait dû être retiré des pharmacies dès 1999, mais il est resté en vente « grâce à l'étonnante indulgence de l'Agence du médicament au sein de laquelle le groupe Servier avait su développer un réseau influent », analyse Le Point. Celle-ci a été condamnée à 303.000 euros.
Alors qu'il était progressivement interdit dans la plupart des autres pays, le produit a conservé en France son autorisation de mise sur le marché (AMM), faisant fi de la dangerosité de la molécule intervenant dans sa composition. Ce qui a entraîné plusieurs centaines de morts.
Durant le procès, le groupe Servier a reconnu sa responsabilité : « Il est indéniable que des patients ont souffert des effets de la prise du Mediator. Cela a été un drame pour certains patients et leurs proches. » L’entreprise a déjà versé plus de 177 millions d'euros d'indemnités (sur les 200 provisionnés à cet effet) à près de 3.884 patients.
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