Médine au Bataclan : nos intellectuels se réveillent enfin ! Et Emmanuel Macron ?
La tribune est exemplaire. Pas un mot à ajouter. Aucun à biffer. Les signataires sont divers : un macroniste de gauche, Brice Couturier, un souverainiste gaulliste, Henri Guaino, un romancier algérien, Boualem Sansal, qui nous a maintes fois mis en garde contre l'irrésistible ascension de l'islamisme chez nous, après l'avoir vue chez lui. Mais aussi, entre autres, Pascal Bruckner, Alexandre del Valle, que les lecteurs de Boulevard Voltaire connaissent bien, Jean-Robert Pitte, Philippe Raynaud, Pierre-André Taguieff et Michèle Tribalat. Des intellectuels de plusieurs rives. Et c'est heureux.
Mais ce nouvel épisode de la guerre culturelle que mène l'islamisme chez nous, démasquant à chaque fois de nouveaux complices, et qui se terminera – espérons-le – par l'annulation de ces spectacles, a aussi révélé, comme le soulignait Gabrielle Cluzel, d'étranges phénomènes : la vérité et l'alerte sont parties des réseaux sociaux et de la mouvance identitaire - celle-là même à qui le pouvoir a déjà coupé certains comptes Twitter ou Facebook. Les premiers hommes politiques à avoir dénoncé l'inacceptable furent Robert Ménard, Marine Le Pen et Laurent Wauquiez. Les autres, et ces intellectuels aussi, n'ont fait que suivre. Ces derniers expliquent - sans doute de bonne foi – la lenteur de leur réaction par le caractère « impur » de ces sources.
Comme nombre de Français, les auteurs de ce texte ont commencé par douter de cette information qui paraissait trop extravagante pour être vraie. Le télescopage des symboles était si violent, la provocation si manifeste que cette programmation ressemblait fort à une « fausse nouvelle » forgée par quelques officines identitaires pour dresser les Français les uns contre les autres.
Si l'épisode pouvait servir de leçon et éviter, à l'avenir, de disqualifier a priori toute information ou toute parole venant de ces milieux, le débat politique et intellectuel en sortirait grandi.
Les arguments de cette tribune coulent de source, limpides comme le bon sens cartésien : certains textes de Médine sont haineux, et sa phraséologie islamiste, à quelque degré qu'on l'interprète, est inacceptable. Et, a fortiori, au Bataclan. Sa défense, ou celles de ses thuriféraires, est irrecevable.
Leur analyse de l'état de la société française et de sa colère contenue contre les provocations de l'islamisme militant après les carnages de l'islamisme terroriste mérite aussi le détour : nous sommes nombreux ici à l'avoir inlassablement répétée, presque mot pour mot, depuis la création de Boulevard Voltaire, il y a cinq ans.
Nos dirigeants seraient bien inspirés de ne pas interpréter le calme des Français après les différentes vagues d'attentats comme des marques de lâcheté ou d'indifférence. Cette retenue, signe admirable de civilisation, ne signifie pas du tout qu'une immense colère, d'autant plus redoutable qu'elle est sourde, n'existe pas au sein de la population. Si les Français se sont jusqu'ici, fort heureusement, gardés de s'en prendre aux complices de la barbarie qui les avait frappés, c'est parce qu'ils font crédit à l'État de protéger l'ordre public mais aussi l'ordre symbolique.
Et, enfin, ils placent le problème au bon niveau : celui du symbolique et du sacré.
Le laisser se produire au Bataclan relève de la profanation.
Il manquait donc simplement une phrase à cette tribune : un appel solennel au président de la République - puisque le Premier ministre, sur cette affaire, s'est déconsidéré. On ne peut pas avoir prononcé solennellement, dans la cour des Invalides, il y a trois mois, devant le cercueil du colonel Beltrame et toute la nation "L'absolu, il est là !" et rester silencieux ou "relativiste" devant ce « spectacle » de Médine au Bataclan.
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